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Quand un syndicat de police revendique la répression au Brésil et l’apartheid palestinien
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Suite à la mort d’un policier, tué lors d’une opération « anti-drogue » à Avignon, les syndicats de police sous pression de leur base appellent à manifester pour interpeller le gouvernement, jugé trop laxiste. Dans une lettre ouverte à Macron, France Police va même jusqu’à réclamer des « checkpoints » comme en Palestine et une « carte blanche à la police » sur le modèle « brésilien ». Si la police surenchérit de manière décomplexée, c’est bien que le gouvernement lui a ouvert la voie en faisant de la « sécurité » son cheval de bataille dans la course aux présidentielles.
Crédits photo : Ludovic MARIN / AFP
Alors que le gouvernement a choisi de tout miser sur une campagne sécuritaire à même de séduire l’électorat LR en vue des présidentielles, il se retrouve avec une brèche ouverte sur sa droite par la police qui se sent pousser des ailes. Alors que l’ensemble des organisations policières appelle à une grande manifestation à Paris le 19 mai pour exprimer « l’émotion et la colère » suscitées par le meurtre d’Eric Masson à Avignon et interpeller le gouvernement, le syndicat France Police - Policiers en colère adresse une « lettre ouverte à Macron » dans laquelle on peut trouver des propositions des plus réactionnaires - telles que le « bouclage des 600 territoires perdus de la République, y compris avec le renfort de l’Armée, en contrôlant et en limitant les entrées et sorties de ces zones par des checkpoints sur le modèle israélien de séparation mis en place avec les territoires palestiniens ». Comment analyser cette intervention ?
En temps de crise, la police veut toujours plus de moyens pour réprimer
En s’appuyant sur la mort d’Eric Masson, le policier tué mercredi dernier à Avignon dans le cadre d’une « opération anti-drogue », les organisations de la police exigent du gouvernement davantage de moyens matériels et judiciaires pour réprimer. À leur initiative, un rassemblement de plus de 5000 personnes s’est tenu à Avignon pour célébrer la mémoire du policier : l’occasion d’une démonstration de force adressée à un gouvernement fustigé pour son « laxisme » en matière de répression dans les quartiers. « Le gouvernement actuel n’a pas pris les dispositions nécessaires », affirme le Secrétaire général d’Alliance-Police nationale Fabien Vanhemelryck dans les colonnes du Monde, avant d’appeler le législateur à « prendre ses responsabilités ». L’ensemble des syndicats de police ont annoncé suspendre leur participation au Beauvau de la sécurité, prévue ce 17 mai, en signe de contestation. Ils seront entendus ce lundi soir par Castex.
La revendication de plus de moyens pour la police est une constante de la part des syndicats de cette institution, d’autant plus dans un climat de polarisation sociale croissante, comme on l’observe depuis au moins 2016 avec le retour d’une forte conflictualité de rue contre les attaques faites au monde du travail et à la jeunesse. Face à une défiance des institutions grandissante au sein de la population, dans un contexte de crise économique exacerbé par la pandémie, la pression augmente du côté de l’institution policière, qui n’a qu’à lever le petit doigt pour obtenir gain de cause au moment où les services publics n’ont même pas les moyens de faire face à la crise sanitaire.
On peut se rappeler les manifestations de policiers réclamant le droit d’étrangler lorsque Castaner avait annoncé interdire la « technique » de clé d’étranglement, sous la pression du mouvement contre le racisme d’État et les violences policières de l’été 2020. En « échange » de cette mesure cosmétique, le gouvernement avait immédiatement octroyé aux policiers la généralisation de l’utilisation du taser lors des interpellations. Plus récemment, la Loi Sécurité Globale répond notamment à la demande des syndicats policiers d’augmenter le pouvoir et de renforcer la protection des forces de répression. Enfin, dans le cadre du lancement de la « guerre contre la drogue » dirigée par Darmanin, le gouvernement a annoncé l’embauche de 10 000 policiers supplémentaires d’ici 2022, ce qui a d’ores et déjà été consacré à Toulouse et à Montpellier, où Macron s’est rendu pour annoncer de surcroit la création d’une « école de guerre » (avant de se faire huer par la foule du quartier de La Paillade).
Suite à l’affaire Eric Masson qui survient deux semaines après le meurtre de Rambouillet, Castex a encore annoncé ce vendredi le déblocage de 10 millions d’euros supplémentaires pour la police dans le cadre de la « lutte contre a drogue ».
Tribune des militaires, lettre ouverte de France Police : la voie ouverte par Macron
Mais, dans le climat politique actuel, la multiplication des cadeaux aux forces de répression ne semble pas calmer la gronde. Dans la continuité de la tribune des militaires publiée dans Valeurs Actuelles, un secteur de la police intervient à son tour dans le champ politique par le biais d’une « lettre ouverte au président Macron », publiée par le syndicat France Police - Policiers en colère.
Dans ce document, suite à la mort du policier d’Avignon, le syndicat appelle Macron à « passer des bougies à l’action politique ». Fustigeant « les médias » et leur « police-bashing » puis dénonçant « l’inefficacité de l’appareil judiciaire », l’organisation constate un manque de confiance de la population dans la police et fait alors des propositions pour remédier à ce problème : « Dans le cadre de l’état d’urgence, il faut procéder au bouclage des 600 territoires perdus de la République, y compris avec le renfort de l’Armée, en contrôlant et en limitant les entrées et sorties de ces zones par des checkpoints sur le modèle israélien de séparation mis en place avec les territoires palestiniens. Parallèlement, en recourant au 49-3, il faut adopter en urgence une réforme de la légitime défense pour les policiers et les gendarmes leur permettant d’ouvrir le feu dès lors qu’un fuyard n’obtempère pas ou qu’ils sont l’objet de tirs de mortiers et d’artifices ou de jets de cocktails Molotov. »
Outre l’occupation coloniale de la Palestine par Israël, les policiers vont même jusqu’à revendiquer « le modèle brésilien et Philippin en matière de lutte contre le narco-terrorisme », précisant que « les présidents Bolsonaro et Duterte obtiennent d’excellents résultats en ayant donné carte blanche à la police pour reprendre le contrôle des zones de non droit. ». Les régimes auxquels France Police fait référence sont ceux qui se démarquent par un modèle de répression d’Etat des plus violents au monde, au moment même où la police brésilienne vient de tuer 27 personnes dans un raid visant une favela de Rio et où l’armée israélienne bombarde les Palestiniens.
Bien que cette lettre soit l’expression d’une minorité au sein de la police, elle est le signe d’une aspiration des secteurs les plus réactionnaires de la société à intervenir de manière toute à fait décomplexée dans le débat politique pour maintenir et pousser le gouvernement dans l’orientation qu’il a lui-même initiée : celle d’une offensive réactionnaire, liberticide raciste et islamophobe, menée au nom de la « sécurité » intérieure du pays. Pour le gouvernement, qui a vu la "génération Adama" se soulever contre la police et le système qu’elle protège, il s’agit de contenir les explosions sociales à venir tout en chassant sur le terrain de l’extrême droite. De la loi séparatisme à l’offensive menée contre l’UNEF en passant par la "lutte contre la drogue" visant à contrôler les quartiers en première ligne de la crise, le gouvernement est en effet à l’initiative du climat qui permet à de telles propositions d’émerger en toute impunité.
Face à cette situation, comme nous l’écrivions à propos de la tribune des militaires : « Pour notre camp social et la classe ouvrière la menace doit être entendue, mais à l’heure où une nouvelle brèche s’ouvre au sein des classes dominantes, et quand la bourgeoisie veut nous faire à tout prix payer la crise, l’enjeu central est de travailler à l’unité de notre classe pour préparer les affrontements à venir. Celle-ci suppose d’opposer une critique sans concession au discours pointant un ennemi intérieur, mais également de rompre avec la stratégie de conciliation qui prévaut dans le mouvement ouvrier et la majeure partie de la gauche pour construire un plan de bataille à la hauteur de la période à venir. »