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Répression sanglante en Colombie: la responsabilité criminelle des Etats-Unis et de Biden
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Depuis des décennies, les États-Unis financent et forment la police et l’armée colombienne qui, depuis le 28 avril, répriment brutalement les mobilisations qui ont éclaté contre le gouvernement de Duque. Joe Biden, en particulier a joué un rôle clé dans la mise en place du plan de militarisation du pays appelé « Plan Colombie ».
Les mobilisations contre le gouvernement du président Ivan Duque se poursuivent en Colombie. La mobilisation nationale a gagné les principales villes du pays ainsi que de nombreux secteurs, à l’instar de la jeunesse qui, précarisée et endettée, s’est exprimée par sa radicalité, des travailleurs notamment de la santé et de l’éducation et des communautés indigènes. En face, la réponse du gouvernement continue d’être la répression sanglante.
Depuis le 28 avril, on dénombre plus d’une trentaine de morts et plusieurs centaines de disparition, plusieurs cas de violences sexuelles commises par les forces de répression, au premier rang desquelles les escadrons de l’ESMAD (forces anti-émeutes colombiennes) mais aussi l’armée. En effet, dès le samedi 1er mai, le président Ivan Duque a fait appel à l’intervention des forces armées pour réprimer les manifestations. Dernièrement à Cali, troisième ville du pays et centre de la révolte et de la résistance populaire, des partisans de la droite et de l’extrême-droite main dans la main avec la police ont attaqué à coup de fusil d’assaut et armes à feu les communautés indigènes qui sont venues converger avec les étudiants de l’Université del Valle (Cali).
Le silence coupable de Joe Biden
Depuis plusieurs jours, les manifestants, ainsi que de nombreuses ONG internationales et de nombreuses personnalités politiques alertent la communauté internationale sur le massacre d’État que constitue la répression des mobilisations en cours en Colombie. Le hashtag #SosColombia a été largement diffusé sur les réseaux sociaux. Les États-Unis ont été particulièrement interpelés. Et pour cause… L’État colombien représente un allier historique de l’impérialisme nord-américain dans la région, ainsi qu’une véritable arrière cours militaire pour les États-Unis.
En ce sens, Joe Biden s’est montré particulièrement silencieux sur la question. Le département américain des affaires étrangères s’en est tenu à une déclaration peu convaincante défendant le "droit incontestable de la population à manifester pacifiquement" tout en soutenant « les efforts du gouvernement colombien pour faire face à la situation actuelle par le dialogue politique ».
Derrière cette déclaration hypocrite, le chef d’État omet consciemment de préciser le rôle central qu’ont joué les Etats-Unis dans la création des conditions mêmes par lesquelles l’État colombien réprime dans le sang la jeunesse, les travailleurs et les communautés indigènes mobilisées. Alors que l’administration Biden s’indigne faussement des scènes de répression inouïe qui se déroulent dans des villes comme Bogota ou comme Cali, elle oublie hypocritement le fait que Joe Biden lui-même a été à l’origine des politiques qui ont formé et financé les forces armées colombiennes qui répriment aujourd’hui la jeunesse et les travailleurs colombiens.
Le « Plan Colombie » : symbole de l’impérialisme américain en Amérique latine
La Colombie est un des pays les plus militarisés au monde. Les forces armées, la police et des groupes paramilitaires d’extrême-droite sont mandatés pour réprimer tous les militants associatifs, syndicalistes et indigènes, qui s’opposent à l’exploitation des terres colombiennes riches en ressources minières. En 2019, la Colombie était le premier pays au monde pour le nombre d’assassinats de militants pour la défenses des terres et de l’environnement. L’armée colombienne a ainsi été reconnue coupable de nombreuses exactions comme le scandale des « faux positifs », dans le cadre du conflit armé du gouvernement contre les guérillas des FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, aujourd’hui démobilisées) et de l’ELN (Armée de libération nationale, toujours en activité).
Cette politique ultra-violente de répression systématique a notamment été menée par l’ancien président d’extrême-droite et actuel sénateur Alvaro Uribe, mentor de l’actuel président Ivan Duque. Dans sa lutte contre les guérillas, Uribe durant près de 10 ans a lancé une politique ultra-sécuritaire de militarisation du pays qui a fait des milliers de victimes et des millions de déplacés. Uribe est notamment connu pour avoir participer activement à la création de groupes paramilitaires d’extrême-droite, coupables de la majorité des crimes et assassinats envers des civils dans le cadre du conflit armé.
Main dans la main avec Uribe et la classe politique colombienne, les États-Unis, ont été les acteurs principaux de cette militarisation qui s’abat aujourd’hui sur la jeunesse et les travailleurs colombiens en lutte contre le gouvernement Duque. Joe Biden lui-même a participé à mettre en place, le « Plan Colombie » alors qu’il était membre de la commission des relations étrangères du Sénat américain en 2000. « C’est moi qui ai suggéré, dans la première stratégie nationale de lutte contre la drogue, d’impliquer l’armée », s’est vanté Biden à la télévision nationale en 1996.
Ce plan qui prenait comme prétexte la fameuse « guerre contre la drogue » et a consisté en une aide financière au budget militaire de la Colombie. Au total, plus de 10 milliards de dollars ont été alloués au budget de la défense du pays. Ces milliards vont participer à la création de l’ESMAD, ces forces de répression coupables de centaines de violences policières et d’assassinats contre les colombiens qui manifestent aujourd’hui. Des hélicoptères « Black Hawk » vont également être transférés aux forces de sécurité colombiennes et d’énormes primes seront versées aux responsables militaires.
Ces milliards investis par les Etats-Unis pour militariser la zone et instaurer un pouvoir central fort, débarrassé de toute opposition, vont également servir à former des soldats et à construire des bases militaires qui servent aujourd’hui à la protection des pipelines des multinationales américaines. Il est ainsi frappant de voir que les zones les plus militarisées de Colombie correspondent aux zones riches en ressources minières et énergétiques dont dépendent les intérêts économiques des multinationales occidentales.
Vingt-et-un an après l’instauration du plan et malgré une paix précaire signée en 2016 entre les représentants des FARC et du gouvernement, il est clair que le « plan Colombie » est un des facteurs de la violence structurelle qui touche les classes populaires colombiennes, au premier rang desquelles les paysans, les communautés indigènes et les travailleurs précaires des villes.
Avec Biden, l’assurance de la poursuite de la politique impérialiste dans la région
L’inaction et les prises de positions de Biden en faveur du gouvernement colombien face aux mobilisations populaires montrent clairement que l’orientation de l’administration américaine en ce qui concerne la Colombie reste inchangée. En effet, Biden a tout intérêt à ce que les forces armées répriment le plus durement possible les manifestants et les travailleurs en grève afin que la mobilisation cesse. Complice du régime de Duque, les États-Unis souhaite un retour à l’ordre aussi vite que possible dans le pays et que l’économie reprenne, en promouvant les investissements étrangers et en ouvrant la Colombie à de nouvelles privatisations et attaques contre des services publics déjà en ruine.
Une politique extérieure qui vient rappeler le vrai visage de Joe Biden malgré sa tentative de coopter les secteurs de la classe ouvrière américaine à travers un plan de relance acclamé par la gauche institutionnelle de différents pays, notamment en France.
Pour toutes ces raisons, il est central de devoir dénoncer avec force la responsabilité de l’impérialisme nord-américain dans la répression des colombiens qui aujourd’hui se révolte contre la misère que cherche à imposer le gouvernement de Duque avec la bénédiction du FMI et de l’OCDE. Il convient ainsi de revendiquer haut et fort le démantèlement de toutes les bases militaires américaines de Colombie et l’arrêt immédiat du « Plan Colombie ».
Impérialistes américains et occidentaux hors de Colombie et d’Amérique latine !