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Pass sanitaire : un autoritarisme made in Macron pour masquer l’échec de sa stratégie vaccinale

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Lien publiée le 15 juillet 2021

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Pass sanitaire : un autoritarisme made in Macron pour masquer l'échec de sa stratégie vaccinale (revolutionpermanente.fr)

Lundi 12 juillet, Emmanuel Macron a annoncé l’extension du pass sanitaire à l’ensemble des bars, restaurants, centres commerciaux et trains. A travers cette mesure, Macron cherche à faire peser le poids des restrictions sur les non-vaccinés, créant ainsi des citoyens de seconde zone. Si la généralisation de la vaccination est une nécessité, cette mesure est intrinsèquement autoritaire et liberticide. Pire, loin de créer de la confiance envers la vaccination, elle va accentuer la défiance.

A partir du 21 juillet le pass sanitaire sera obligatoire à partir de 18 ans pour accéder aux lieux de loisirs et de culture accueillant plus de cinquante personnes. Début août, celui-ci sera étendu aux restaurants, cafés, salles de sport, trains et autocars longue distance, hôpitaux et Ehpad. En parallèle la vaccination va s’accélérer dans les établissements scolaires et le personnel soignant aura jusqu’au 15 septembre, 0 style="box-sizing: border-box; background-color: transparent; color: rgb(195, 36, 39); text-decoration: none; font-weight: 700;" target="_blank">sous peine de ne plus pouvoir travailler et être payé, pour se faire vacciner. L’annonce du pass sanitaire par Emmanuel Macron a condensé la plupart des débats au lendemain de l’allocution présidentielle. A raison. Ce que vient entériner sa promulgation c’est la constitution de citoyens de seconde zone, de nouvelles attaques contre le code du travail et un nouveau bond en avant dans la gestion autoritaire de la pandémie.

Une mesure discriminatoire et inégalitaire

L’adoption du pass sanitaire en mai dernier par l’Assemblée nationale avait déjà suscité débats et inquiétudes alors que le texte était alors limité aux grands événements et loisirs et excluait les activités du quotidien ou essentielles. Le discours d’Emmanuel Macron, ce lundi, rebat à nouveau les cartes et affiche un énième mensonge et retournement de veste. Concernant le pass sanitaire, alors que Macron affirmait le 28 avril dernier que « ce ne sera jamais un droit d’accès qui différencie les Français » et qu’il « ne saurait être obligatoire » dans les restaurants ou les cinémas. Pourtant, c’est donc son extension vers l’ensemble des lieux publics (cafés, restaurants, centres commerciaux, transports sur les longs trajets) qui est imposé. En modifiant les conditions d’application le gouvernement rend l’accès aux espaces essentiels discriminants, selon que l’on soit vacciné ou non, moyennant la coercition et la répression.

De ce point de vue la discrimination vaccinale se charge rapidement de discrimination sociale. En Seine-Saint-Denis, par exemple, l’un des départements les plus touchés par le virus, seulement 37,4% des habitants y ont reçu une première injection. Ainsi à l’échelle nationale on observe une correspondance entre le faible niveau de vie et la vaccination en raison d’une combinaison de plusieurs facteurs et notamment la question structurelle de l’accès au soin et à l’information. Ce seront donc les classes populaires qui pâtiront de l’intronisation du pass sanitaire, et ce d’autant plus quand dans le même temps a été annoncé le déremboursement des tests PCR.

L’autoritarisme sanitaire à l’œuvre pour masquer sa responsabilité dans l’échec vaccinale

Si depuis le début de la pandémie, Emmanuel Macron répétait à l’envi vouloir « convaincre » plutôt que « contraindre » la rhétorique gouvernementale, déjà sérieusement ébréchée par des mois de gestion policière et répressive, a pris cette fois un coup fatal. Entre imposition vaccinale pour les soignants sous peine de licenciement…, extension du pass sanitaire et fin de la gratuité des tests PCR à l’automne, l’allocution d’Emmanuel Macron, ce lundi 12 juillet, constitue un nouveau bond en avant dans la méthode autoritaire qui est opposée depuis des mois aux vagues de flux et reflux de Covid-19. Si ces mesures n’offrent aucune réponse sérieuse à la réalité épidémique elles masquent mal que c’est l’incurie gouvernementale qui est responsable de la situation dans laquelle nous sommes. Pour les travailleurs, le temps des applaudissements est décidément révolu, et c’est toujours plus la matraque et la sanction qui guettent à l’horizon.

Ainsi le pass sanitaire va concrétiser de nouvelles attaques contre les travailleurs. Elisabeth Borne, interrogée sur LCI le mardi 13 juillet, déroulait ainsi les nouvelles sanctions pour viser les salariés soumis à l’obligation vaccinale : On va prévoir une disposition particulière pour permettre une sorte de suspension du contrat de travail, puisque la personne n’est pas en situation d’exercer son métier si elle n’a pas été vaccinée. ». Si le salarié refuse toujours de se faire vacciner après cette période de suspension, pendant laquelle il ne sera pas payé, alors « vous rentrez dans la procédure normale de sanction qui est prévue quand on ne répond pas à son obligation de vaccination, c’est-à-dire une mise à pied qui est de quelques jours, puis, ça peut aller jusqu’au licenciement ».

Sur le terrain de nos libertés également le pass sanitaire constitue une offensive d’ampleur. Le juriste de l’association La Quadrature du Net Bastien le Querrec avance en ce sens que le pass sanitaire revient à « banaliser »le contrôle d’identité :« Le passe sanitaire va arriver dans tous les moments de la vie d’une société . On a tous les ingrédients pour une catastrophe en termes de vie privée ». Les inquiétudes concernent également le long terme selon Alexandre Archambault qui pointe le risque que « petit à petit, les mesures temporaires ou exceptionnelles deviennent banales. On étend par petites touches, pour que ce soit indolore, mais au final avec des effets totalement délétères » dès lors que ces mesures constituent de nouveaux moyens de « fliquer » la population.

A nouveau la police constitue le sujet central de la méthode macronienne. Si l’institution a été exemptée de la vaccination obligatoire-et de la réforme annoncée des retraites- c’est bien que le gouvernement compte tout faire pour éviter l’ouverture d’une crise au sein de l’appareil exécutif qui sera la clé pour faire appliquer la nouvelle concrétisation de l’autoritarisme sanitaire chez Macron. Alors que Macron vient d’ouvrir une nouvelle séquence autoritaire qu’il va devoir faire appliquer sur fond de forte défiance, c’est la police qui sera en première ligne. Dans la foulée de l’intervention macronienne, Elisabeth Borne ne manquait pas de souligner que ce serait à la police d’organiser des contrôles et des descentes dans les établissements accueillant du public pour veiller au respect du pass sanitaire.

Contre ceux qui veulent diviser les travailleurs : convaincre de la vaccination et imposer un plan d’urgence pour la santé

La généralisation de la vaccination est assurément l’une des clefs de résolution de la situation épidémique et le fait que près de la moitié de la population ne soit toujours pas vacciné constitue un élément légitime de préoccupation. On peut en ce sens déplorer que la confiance en la parole scientifique et la vaccination ait été altérée. Mais dans ces mesures, qui cherchent à diviser les travailleurs en faisant porter la responsabilité des futurs rebonds épidémiques et des restrictions qui les accompagnent sur les non-vaccinés et qui par là-même occultent la responsabilité gouvernementale dans l’échec de la stratégie sanitaire, il n’y a aucune porte de sortie.

A contrario s’il y a des colères à faire entendre pour la gestion catastrophique de la pandémie et les ratés de la vaccination, c’est bien à ceux qui ont menti pendant des mois sur les masques, sur les contaminations au travail, ceux qui après avoir fermé des milliers de lits refusent toujours d’en ouvrir que nous devons demander des comptes. Si la méfiance de certains à l’égard de la vaccination est discutable, la défiance vis-à-vis de ceux qui font des gros sous sur nos peines et misères est légitime. Les scandales sanitaires, dont celui du Mediator, ont montré que les laboratoires pharmaceutiques étaient prêts à tout pour toujours plus amasser de billets, quitte à nous rendre malades. Le Covid n’aura pas fait déroger à la règle et les patrons sous le regard bienveillant de l’Etat ont pu continuer à privilégier leurs profits à nos vies.

Les mesures autoritaires décidées par la macronie ne font que renforcer la défiance légitime vis-à-vis du gouvernement et celle par transvasement plus contestable vis-à-vis de la vaccination. Face à la crise du Covid, le logiciel reste inchangé : contraindre, plutôt que convaincre. Comme un aveu de faiblesse, en opposant vaccinés et non vaccinés Macron cherche à nous diviser pour nous faire payer la crise en précisant sur le terrain social sa volonté d’attaquer nos retraites. A nous de lui opposer notre unité, et des revendications sur le terrain sanitaire à même de résoudre réellement la crise. En ce sens, alors que la circulation du variant Delta est exponentiel, il s’agit d’opposer une véritable stratégie vaccinale qui soit basée sur la nécessité de convaincre la population, plutôt que de la contraindre. Une généralisation de la vaccination ne peut être imposée par la coercition, mais seulement par un travail patient de conviction que seule une alliance entre les soignants et la population peut mettre en œuvre, sur les lieux de travail et d’études, dans les quartiers populaires.

Dans le même temps, contre toute mesure policière et coercitive, il s’agirait d’œuvrer, à la base, à mettre en œuvre une véritable stratégie de prévention à même de briser les chaines de contamination. Nous devons aussi revendiquer de façon urgente la création de 100.000 lits d’hospitalisation, des embauches massives dans les hôpitaux et les Ehpad et des augmentations de salaire substantielles pour tout le personnel hospitalier, mais aussi la levée immédiate des brevets pour les vaccins contre la Covid-19 et l’expropriation immédiate des grandes sociétés pharmaceutiques sous le contrôle de leurs salariés et de la population.