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Cuba: Message pour la gauche silencieuse

Cuba

Lien publiée le 23 juillet 2021

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Message pour la gauche silencieuse | Le blog de Floréal (wordpress.com)

Le toujours stalinien Parti communiste français n’a pu encore une fois réagir que lamentablement aux événements survenus dans nombre de villes cubaines, dimanche 11 juillet. Ce jour-là, le peuple cubain, dont la situation sanitaire et alimentaire demeure catastrophique, s’est levé et a protesté massivement, réclamant le plus souvent la liberté qui lui fait défaut depuis plus de soixante années.
La réponse du régime castro-communiste a consisté à réprimer sauvagement les manifestants et à procéder à des centaines d’arrestations. Mais le Parti communiste n’est pas le seul à n’avoir voulu voir dans ce soulèvement d’un jour que la main de l’étranger, suivant le refrain imbécile maintes fois rabâché. Nombre de gauchistes de toute obédience ont su rester fidèles à cette occasion à leur légendaire bêtise, tandis que la gauche molle demeurait dans le silence complice où elle s’est réfugiée de longue date.
Je reproduis ici le texte de Yunior García Aguilera, un dramaturge cubain vivant à La Havane, qui s’adresse à eux.

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Qu’est-ce qui ne va pas chez ceux qui se disent de gauche dans le monde et qui défendent le pouvoir à Cuba ? Leur œil gauche, leur oreille gauche, leur côté gauche du cerveau et de la poitrine fonctionnent-ils vraiment ?
Le pouvoir à Cuba est sinistre, oui, mais il n’est pas de gauche. Le capitalisme monopoliste d’État à Cuba utilise le mot « socialisme » pour soutenir une dictature de classe qui méprise les pauvres.
Le pouvoir dans le pays où je suis né et où je vis a ordonné la lutte entre frères, dans les rues, ce 11 juillet. Il a mobilisé les militaires et les « chemises noires » pour défendre ses magasins en devises étrangères, ses bureaux climatisés, ses voitures, ses propriétés avec piscine, ses bureaux, ses privilèges. Et il a envoyé un groupe de Cubains pauvres réprimer d’autres Cubains qui n’ont rien, ou presque rien… ce qui n’est pas la même chose, mais peu importe.
Le pouvoir nous a coupé internet, nous a jetés dans des camions, nous a enfermés par centaines (il n’y a pas de chiffres officiels) et est ensuite apparu avec le plus grand cynisme de l’histoire cubaine pour nier face au monde une flambée sociale sans précédent dans cet archipel en presque cent ans… de solitude.
Les prisons cubaines sont aujourd’hui remplies de jeunes gens humbles sortis se rebeller contre la misère et le manque de droits. Ce ne sont pas des marginaux, ils sont marginalisés. Et ils sont là, battus, entassés dans des cellules. Je ne sais pas s’ils ont des masques contre le Covid, ce que je sais c’est qu’ils n’ont aucun espoir.
Il n’y a pas de démocratie à Cuba. Ni socialiste, ni d’aucune autre sorte. Dimanche dernier, nous avons été sauvagement réprimés, même ceux d’entre nous qui condamnent l’embargo/blocus et l’ingérence, ceux d’entre nous qui veulent régler leurs affaires de manière souveraine. Avez-vous vu les vidéos ? Je connais un jeune socialiste qui a été battu et emmené en prison. Et je sais que sa mère socialiste a eu des ampoules aux pieds en le cherchant pendant des jours sans savoir où il se trouvait. Comment est-il possible de rester silencieux face à de tels abus ?
Cuba est plus complexe qu’une Havane coloniale à moitié détruite où vous vous promenez en décapotable avec un cigare, une mulâtre et un T-shirt du Che. Ce n’est pas aussi simpliste que cette légende épique du petit pays affrontant l’Empire. Mûrissons ! Envoyer leurs troupes dans ce pays n’intéresse pas les Etats-Unis – nous n’avons pas de pétrole ! L’absurdité de l’annexion est une affaire du 19e siècle. Les bureaucrates, les bourgeois aux bérets bolcheviques et les têtes pensantes de Cuba vous ont vendu un bobard qui n’a rien à voir avec la réalité de ce pays.
La grande majorité de mes amis a déjà quitté Cuba. Ils ont fui. Et pratiquement tous ont la nausée quand ils entendent le mot « gauche ». Croyez-moi, ce n’est pas un effet secondaire dû à McDonald’s ou à Coca-Cola. Mes amis, quand ils entendent le mot « gauche », se souviennent du système défaillant, de contrôle, inefficace, corrompu, simulateur, machiste, de surveillance… qui les a fait se jeter en radeau dans une mer infestée de requins, qui les a fait traverser les forêts d’Amérique centrale en quête de liberté.
Si ces deux mots (gauche et liberté) ne peuvent pas cohabiter, à quoi bon se casser les cordes vocales en hurlant à la justice sociale ou au progressisme, avec drapeaux et poings levés.
Celui qui, après le 11 juillet 2021, croit encore que Cuba est une « démocratie de gauche », pardonnez-moi, mais celui-là souffre sérieusement de cécité sociale et de dyslexie politique.

Yunior García Aguilera