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André Hébert (dir.), Hommage au Rojava. Les combattants internationalistes témoignent
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://dissidences.hypotheses.org/14565

Un compte rendu de Jean-Guillaume Lanuque
Le passionnant et puissant témoignage du militant André Hébert [pseudonyme], Jusqu’à Raqqa, publié par Les Belles Lettres en 20191, avait permis de découvrir l’engagement de certains occidentaux aux côtés des combattants kurdes face à Daech. Les éditions Libertalia élargissent encore la focale, puisqu’à partir d’un ouvrage déjà publié en Italie, elles livrent une vingtaine de témoignages, parmi lesquels ceux de trois femmes. L’appareil critique a également été étoffé, composé de lexiques, d’une carte et d’une chronologie couvrant la décennie 2010. Les bénéfices des ventes du livre sont pour leur part reversés au profit de l’association humanitaire Soleil rougeRoja sor, oeuvrant pour les Kurdes. Tous ces textes permettent d’esquisser une analyse de cet engagement, qui a concerné plusieurs centaines d’individus.
Parmi eux, la répartition semble avoir été d’un tiers d’anciens militaires, un autre tiers de militants d’extrême gauche, et un profil plus composite pour les autres. Sous la plume des plus politisés, on trouve souvent la référence à la filiation antifasciste, celle des Brigades internationales de la guerre d’Espagne, en particulier. Il y a également la volonté de se « réchauffer » au feu d’une révolution en actes, celle du Rojava, inspirée par les écrits d’Abdullah Öcalan (Libertalia a d’ailleurs publié un recueil de ses textes sous le titre de La Révolution communaliste). A l’opposée de nos « sociétés endormies », de leur absence de sens, tous ces combattants insistent sur l’authenticité des relations qu’ils ont pu nouer, la richesse supérieure des rapports humains. La brutalisation induite par la situation guerrière n’est pas évacuée, bien sûr, mais l’idéal immanent fait ici toute la différence avec les adversaires de l’État islamique. C’est le caractère milicien des troupes kurdes, la vie collective, les séances régulières de critiques / autocritiques, la place essentielle des femmes et de leur combat contre le patriarcat (théorisé dans la « gynéologie »), l’importance de la mémoire également, tant les « martyrs » (c’est le terme qui est utilisé) font l’objet d’un culte. Face à des envies de vengeance, d’ailleurs, plusieurs occidentaux relèvent que les Kurdes s’efforçaient toujours de privilégier un traitement respectueux de leurs prisonniers, jugés susceptibles de s’amender. Un ancien militaire français oppose même son action en Afghanistan, perçue a posteriori comme une guerre d’occupation, au Rojava, prototype de la guerre de libération. Autre élément crucial, l’analyse géopolitique de ces frères d’armes des Kurdes de Syrie, qui évoque le fascisme, aussi bien pour Daech que pour la Turquie d’Erdogan.
La confrontation de ces témoignages, riches en anecdotes et en détails du quotidien (la nourriture à base de légumes, sans beaucoup de protéines), permet également de relever des désaccords, bien compréhensibles, ainsi de « La révolution pourrait survivre à une défaite militaire mais elle ne pourrait pas survivre à une contamination par le compromis » qui s’oppose à l’acceptation d’accords avec l’impérialisme étatsunien, rejouant les débats entre Lénine et les communistes de gauche au début de la guerre civile russe. Des traumatismes, également, séquelles des pertes, des dégâts terribles provoqués par les mines, et du risque de dépression qui attend au retour. Quelques témoignages insistent d’ailleurs sur l’importance du rire, pour mieux surmonter ces épreuves. Un recueil qui, parmi ses mérites, permet de rappeler que « la révolution, c’est la guerre ».
1André Hébert, Jusqu’à Raqqa. Avec les Kurdes contre Daech, Paris, Les Belles Lettres, collection « Mémoires de guerre », 2019 ; lire le compte rendu sur notre blog, https://dissidences.hypotheses.org/12350




