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5 octobre: exprimer la colère des 1ères et 2èmes lignes, imposer un plan de bataille
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le 5 octobre prochain l’intersyndicale appelle à une date de mobilisation nationale. Une échéance qui arrive tard et en pleine offensive du gouvernement, mais dans laquelle il faudra que la colère des travailleurs de la deuxième ligne et du monde du travail qui luttent ces dernières semaines s’exprime pour commencer à imposer un véritable plan de bataille.
5 octobre : une mobilisation nationale tardive après une rentrée d’offensives gouvernementales
Discours de Marseille, Beauvau de la sécurité, prolongement du pass sanitaire et déremboursement des tests, mise en œuvre de la contre-réforme de l’assurance-chômage, restriction des visas pour les ressortissants de pays du Maghreb… Depuis la rentrée, le gouvernement profite d’une situation sanitaire maîtrisée pour imposer son agenda et dicter le calendrier. Les dernières semaines ont ainsi été marquées par une succession de mesures sécuritaires, xénophobes et d’attaques anti-sociales qui n’ont été troublées que par les discussions autour de la Présidentielle 2022 et la candidature d’extrême-droite de Eric Zemmour.
Dans ce paysage réactionnaire, l’intersyndicale CGT – FO – FSU – Solidaires ainsi que les syndicats étudiants (FIDL, MNL, UNEF, UNL) appellent le 5 octobre à la grève et à des manifestations. Parmi les revendications mentionnées dans l’appel « l’augmentation des salaires », « l’abandon définitif des contre-réformes des retraites et de l’assurance chômage » ou encore « l’arrêt des licenciements. » Après une succession de mobilisations sectorielles en septembre, de l’aide à domicile à l’éducation nationale en passant par la santé, la date fera office de rentrée sociale nationale.
Évidemment, il faudra être massivement mobilisés dans la rue et en grève mardi prochain. Alors que les prix ne cessent d’augmenter et que le gouvernement réfléchit à comment faire payer ses cadeaux au patronat aux travailleurs et aux classes populaires à coup de « réformes structurelles », il est essentiel de reprendre la mobilisation pour s’y opposer.
Pourtant, sur ce terrain, force est de constater le retard pris par les directions du mouvement ouvrier. Alors que le gouvernement repasse à l’offensive avant 2022, celles-ci ont choisi d’attendre plus d’un mois pour appeler nationalement, sous couvert de prendre le temps de mobiliser. Dans l’interstice, différents secteurs ont montré que la colère existait à la base, et ce sont eux qui doivent donner le ton de la journée du 5 octobre.
Transdev, éboueurs, sous-traitants : des signes de colère dans la 2ème ligne
Ces dernières semaines, plusieurs phénomènes ont exprimé l’existence d’une colère au sein du mouvement ouvrier, et notamment de la « deuxième ligne ». La semaine dernière, les grévistes du nettoyage de Jussieu faisaient plier leur patron qui attaquaient leurs conditions de travail. En Normandie, les raffineurs de Total se sont quant à eux mis en grève contre la politique de l’entreprise et ses conséquences sur la sécurité du site et des travailleurs. A Transdev, une grève historique est en cours contre les conséquences de l’ouverture à la concurrence et de la renégociation à la baisse des contrats qui impacte directement les conditions de travail des conductrices et conducteurs. Un mouvement débuté il y a trois semaines mais qui continue de s’étendre à de nouveaux dépôts.
Ces mouvements dans le privé sont venus s’ajouter à ceux des agents territoriaux qu’on a vu se mobiliser ces derniers mois contre les effets de l’application de la réforme de la fonction publique de Macron. En juin dernier les éboueurs, mais aussi les égoutiers, les assistantes maternelles, les animateurs ou les jardiniers de la Ville de Paris se mobilisaient contre l’allongement de leur temps de travail. De même, cette semaine à Marseille, les éboueurs ont entamé un mouvement contre la dégradation de leurs conditions de travail.
La question des salaires est également au centre de plusieurs phénomènes de lutte. En juin dernier, les travailleurs des Ateliers de Haute-Garonne partaient en grève face aux augmentations indignes proposées par leur direction. Même scénario en ce moment sur quatre sites du boulanger industriel Neuhauser ou encore chez le sous-traitant aéronautique Derichebourg dans le cadre des négociations annuelles obligatoires.
Pour que le 5 octobre ne soit pas une journée sans lendemain, l’urgence de se coordonner pour imposer un plan de bataille
Ces phénomènes de lutte de classe épars montrent l’existence d’une colère à la base. Celle-ci devra s’exprimer dans la manifestation du 5 octobre, à l’image du cortège des transports prévue dans la manifestation parisienne en présence des grévistes de Transdev. Pourtant, l’enjeu décisif doit être de construire des perspectives pour ces luttes et de refuser leur isolement dans la même logique que la rencontre des transports appelée par les grévistes de Transdev.
Au lieu de mener ce travail, les directions syndicales continuent de se tenir sur le terrain du dialogue social. Dans un communiqué du 2 septembre, la CGT n’hésite en ce sens pas à expliquer que ce « premier rendez-vous sera un point d’appui pour préparer les prochaines négociations annuelles obligatoires ». En clair, une grève de pression pour faciliter les négociations locales. Une logique qui conduit à avaliser les négociations boîtes par boîtes qui participe à affaiblir notre classe.
Symbole de la déconnexion, deux jours avant l’entrée en vigueur de la première partie de la réforme de l’assurance-chômage, Philippe Martinez était aux côtés de Laurent Berger pour visiter une « entreprise à but d’emploi », expérimentation visant à embaucher des chômeurs temporairement sur des emplois d’utilité sociale, dans la lignée des dispositifs du même type qui se succèdent depuis 40 ans. « [Ce sont des] expériences qui nous intéressent quand on est syndicaliste » a déclaré le patron de la CGT à propos de cette expérimentation appuyée par le gouvernement…
A rebours de cette logique de journée isolée de pression, il faudrait s’appuyer sur les mobilisations en cours en mettant toutes l’énergie de nos organisations syndicales dans leur soutien, mais surtout en cherchant à étendre ces combats. Pour cela, il faut un plan de bataille et des revendications qui donnent envie d’entrer en lutte. En réclamant par exemple, alors que cette question ne cesse de faire discuter, une hausse de 300€ de l’ensemble des salaires, un relèvement des minimas sociaux ainsi qu’un relèvement du SMIC à 1800€ net. Face à l’augmentation des prix et à l’arnaque du « blocage » proposé par le gouvernement, il faudrait revendiquer l’indexation des salaires sur les prix pour ne plus voir répercutées sur les travailleurs, directement et indirectement, les hausses de prix que les capitalistes doivent payer !