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Le Resto U n’est pas rentable alors on le ferme
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
affordance.info: Le Resto U n'est pas rentable. Alors on le ferme.
Ailleurs.
Ce matin j'écoutais France Inter dans ma voiture en allant embaucher. Le journal de 7h30. Comme tous les matins. Ce matin j'ai entendu un court reportage qui m'a fait monter une grosse boule de colère sourde, ce qui n'est jamais bon avec le café. Le reportage parlait du Restaurant Universitaire de la fac de Paris 8, en Seine Saint-Denis, plus précisément celui de l'IUT de Montreuil, fermé lors de la crise sanitaire, fermé depuis plus d'un an et ... qui ne réouvrirait pas. Parce que pour le CROUS, gestionnaire du Resto U, ce n'était plus "rentable". 600 étudiant.e.s sont concerné.e.s. Six cent. En fouillant un peu ce soir je tombe sur cet article de France Bleu qui en parle aussi : "Les 600 étudiants de l'IUT privés de Resto U depuis plus d'un an". Parce que c'est pas rentable.
Des étudiants de l'IUT de Montreuil en Seine-Saint-Denis © Radio France - Hajera Mohammad
Ici.
Ce jeudi sur le campus de La Roche-sur-Yon, on a, comme désormais sur presque tous les campus de France, une nouvelle distribution alimentaire. Qui ne désemplit pas. Qui augmente même. A chaque fois il y a davantage d'étudiants. Autour de 150 en moyenne l'année dernière à chaque distribution, autour de 210 cette année. On n'est pas rentable mais on est là.
Depuis la rentrée sur le campus de l'université de Nantes à La Roche-sur-Yon, le Resto U est ouvert, et il y a même une cafétéria, plus petite, implantée au coeur d'un autre bâtiment, et qui fait juste du "snacking" mais ça dépanne, ça fluidifie les files d'attente, c'est chouette quoi. Depuis la rentrée cette cafétéria et le Resto U de La Roche-sur-Yon ont diminué leur amplitude horaire. On n'ouvre plus à 9h le matin mais à 10h, et puis on ferme plus tôt aussi. Pourquoi ? Parce que quand on discute avec les personnels, ils vous racontent ce qu'on leur a raconté à elles et eux aussi : ce n'était pas "rentable". C'est vrai que nous n'étions pas nombreux et nombreuses le matin à aller y cherche un café ou une chocolatine, ou même à en profiter pour prendre notre sandwich de midi histoire de ne pas faire la queue pendant des heures. Alors on s'adapte hein. Mais c'est le bordel. Ça reste ouvert hein. Mais moins qu'avant. Donc les avantages d'avant deviennent des inconvénients : des files interminables, plus le temps de manger ou de discuter ou de se poser tellement il y a de monde en même temps. Comme prof on s'arrange quand on peut pour lâcher les étudiant.e.s un peu plus tôt, histoire qu'ils ne poireautent pas 40 minutes et qu'il ne leur reste pas que 10 minutes pour manger. Autant vous dire que du côté des personnels, rien n'a changé : on n'a pas aménagé leurs horaires. Ils sont toujours là aussi tôt mais il faut qu'ils aillent plus vite pour la mise en place. Il faut qu'ils soient rentables quoi. C'est important la rentabilité.
Ailleurs.
Ce matin sur France Inter, alors que la réalité de la situation dans les universités c'est que désormais chaque campus est devenue une succursale des restos du coeur (merci à eux d'ailleurs puisqu'eux, ils filent à bouffer à nos étudiant.e.s), ce matin sur France Inter j'ai appris que le resto U de l'université Paris 8 en Seine Saint-Denis, plus précisément celui de l'IUT de Montreuil, n'avait pas ouvert depuis un an et ne réouvrirait probablement pas. Parce que ce n'était pas "rentable. La présidente de l'université y était rapidement interviewée et elle avait l'air presque aussi résignée que désabusée.
"On ne trouve pas de prestataire proposant des tarifs abordables, même le CROUS ne veut pas s'en charger" disait le reportage.
La rentabilité à l'université je vous en ai souvent parlé sur ce blog, dans la rubrique "métier". Moi-même j'ai été un agent plutôt consciencieux de cette rentabilité, parce qu'il fallait bien, parce que tout le monde le fait, parce que que voulez-vous faut bien avancer. Moi aussi je me suis trouvé des excuses et des prétextes pour continuer d'être un connard oublieux des valeurs pour lesquelles il avait pourtant choisi ce métier et pouvoir continuer de me regarder dans une glace avec autre chose que l'envie de me gifler tous les matins. J'ai agi en adulte quoi :-)
Mais ce matin je vous avoue que ce café n'est pas passé. Université Paris 8. Seine Saint-Denis. IUT de Montreuil. J'ai des collègues là-bas. Quelques anciens étudiants aussi qui y sont allés ou y sont passés. Ou pas loin.
Partout.
Qu'un CROUS puisse maintenir fermé, parce que ce n'est pas "rentable", un service de restauration collective destiné à des étudiant.e.s dont beaucoup n'ont que cette possibilité là pour pouvoir faire un repas vaguement équilibré par jour à 3 euros et quelques, alors même que ces étudiant.e.s continuent de faire la queue dans des distributions alimentaires ... Et que cela ne semble même plus choquer personne parce que finalement bah ... c'est un petit IUT, à Montreuil, juste 600 étudiants, pas loin de Paris 8, la fac des gauchistes, c'est la Seine Saint-Denis, la misère attire la misère.
Toute la journée (entre 2 cours) j'ai guetté les dépêches AFP pour la déclaration de Frédérique Vidal ou d'Anne-Sophie Barthez, dénonçant cette situation indigne et enjoignant le CROUS de réouvrir ces Resto U séance tenante en indiquant que le ministère abonderait à l'équilibre financier car en république, dans la 6ème puissance mondiale, on ne laisse pas des étudiant.e.s crever de faim parce que les nourrir n'est pas rentable pour le Centre Régional des Oeuvres Universitaires et Scolaires ... les "bonnes oeuvres" vous savez, c'est plus ce que c'était.
Non parce que franchement, il y en aurait des choses à dire comme ministre de l'enseignement supérieur non ? Tiens par exemple, les repas à 1 euros dans les Resto U pour les boursiers uniquement. Et ben à l'IUT de Montreuil parmi les 600 étudiant.e.s il y a des boursiers. Depuis un an ils ne peuvent pas "profiter" de ces repas à un euros. Ils ne le pourront donc plus jamais pendant leurs études à l'IUT puisque le Resto U n'ouvrira plus. Voilà. Frédérique Vidal elle s'en fout. Elle continue de raconter de la merde à des niveaux rarement atteints à tel point que même les journalistes se foutent ouvertement d'elle en plein direct.
Tout le temps.
Le fond de l'affaire, soyons précis, c'est que le CROUS a délégué à un prestataire privé la gestion de ce "petit" Resto U dans un "petit IUT" qui ne touche "que 600 étudiant.e.s". La vie est bien faite hein, l'honneur du CROUS est (presque) sauf, celui de la ministre aussi, vous me direz pour ce dernier, il n'en est plus à une souillure près. Mais là encore, si des CROUS délèguent à des prestataires privés la gestion de "petits marchés", il se passe assez rapidement ce qui était au journal de ce matin : il y a toujours un moment où le partenaire privé vous explique que ce n'est plus rentable pour lui, donc il se casse, et 600 étudiant.e.s n'ont plus aucun service de restauration universitaire depuis un an. En pleine pandémie. Et même quand cette putain de pandémie est finie. Et tout le monde s'en fout. Sauf le journal de France Inter ce matin. Et France Bleu Île de France.
Voilà pour la situation de l'IUT de Montreuil de ses 600 étudiant.e.s, des 150 repas qui pourraient, qui devraient être servis normalement tous les jours à ces jeunes gens et à ces jeunes filles. Voilà pour cette situation documentée. Mais l'article de France Bleu le rappelle :
"le cas de l'IUT de Montreuil n'est pas isolé selon [la présidente de Paris 8]. Une quinzaine d'établissements seraient dans la même situation dans l'académie de Créteil. "Ils ne peuvent pas avoir accès aux services de restauration du Crous et souvent c'est parce qu'ils sont considérés comme trop petits pour être rentables".
Bien sûr Frédérique Vidal n'a rien dit. Pourtant depuis un an que ça dure, on ne peut même pas supposer qu'elle n'ait pas été au courant. Mais Frédérique Vidal s'en fout. Frédérique Vidal s'en fout parce qu'elle a la capacité d'empathie d'une chaise, et une chaise peut au moins se targuer d'avoir l'utilité sociale de te permettre d'y poser ton cul de temps en temps.
La présidente de Paris 8 est navrée, le directeur ou la directrice de l'IUT de Montreuil font ce qu'ils peuvent : ils mettent des tables sous un préau pour éviter aux étudiants de manger sous la pluie. Ça paraît tellement surréaliste et pourtant c'est vrai. Des putains de tables sous un préau.
Le directeur ou la directrice du CROUS de Seine Saint-Denis sont probablement en train de se torcher avec un lambeau de dignité récupéré sur le corps d'un étudiant faisant la queue devant une distribution alimentaire. Comme solution ils ne proposent pas de réouvrir le Resto U. Non. Puisque ce n'est pas rentable, ils ne le réouvriront pas. Ils sont "catégoriques", c'est même à ça qu'on les reconnaît hein :
"Le Crous est catégorique. Il n'envisage pas de rouvrir un resto U à Montreuil. Néanmoins, "sensible aux difficultés que peuvent rencontrer les étudiants sur le site de Montreuil, il étudie actuellement la possibilité d’y implanter des distributeurs de restauration par automates permettant d’acheter des plats complets individuels sous forme de barquettes "micro-ondables"". Des espaces pourraient être aménagés également avec une "large plage horaire de déjeuner" pour éviter que des étudiants se retrouvent à manger dehors en plein hiver."
Ha ha ha. Fallait y penser hein. Des barquettes micro-ondables. Bande de connards pathétiques. Bande de connards pathétiques. Bande. De. Connards. Pathétiques. Des putains de barquettes micro-ondables. Un vrai projet républicain de premiers de cordée : l'égalité en barquette, la fraternité micro-ondable, et la liberté de continuer de crever de faim.
Moi mon café ce matin il n'est pas passé. Probablement un problème de rentabilité.
<Mise à jour de 5 minutes plus tard> Après publication de cet article on me signale sur Twitter que le CROUS ne se prive pas d'autres prestations certainement bien plus rentables ... "Prestation traiteur ? Nos équipes étudient toutes vos demandes". Mais les étudiant.e.s peuvent continuer de bien aller se faire foutre. </Mise à jour>