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Face à l’inflation: mobilisation
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Révolution : Tendance marxiste internationale
Pour garantir sa réélection en avril 2022, Macron table sur les éléments suivants : une forte reprise économique, une stabilisation de la situation sanitaire, la faiblesse de la gauche et, cerise sur le gâteau, l’extrême droite au deuxième tour. Il y a encore quelques semaines, les journalistes proches du pouvoir affichaient une solide confiance dans la réalisation de ce scénario. Mais désormais, le doute s’installe. Plusieurs nuages s’accumulent au-dessus de l’Elysée.
La situation dans les hôpitaux publics est infernale : les fermetures de lits se poursuivent ; les personnels sont à bout de force ; écœurés, un nombre croissant d’entre eux jettent l’éponge – ce qui, faute d’embauches, provoque de nouvelles fermetures de lits. Aux fermetures définitives s’ajoutent les fermetures « provisoires », faute de personnel. Selon une enquête récente menée par le Conseil scientifique, près de 20 % des lits disponibles sont actuellement fermés, dans les hôpitaux publics. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a immédiatement réagi en annonçant le lancement… d’une « enquête auprès de l’ensemble des établissements de santé pour objectiver la situation ». Autrement dit, le gouvernement ne fera rien. Il joue avec le feu. Toute augmentation significative du nombre de cas de Covid graves risque de submerger le système hospitalier.
Une reprise chaotique
Cependant, le problème politique central de Macron, dans les mois qui viennent, sera sans doute l’inflation. Les prix du gaz, de l’électricité, de l’essence et de la nourriture ont nettement augmenté ; d’autres marchandises vont suivre cette tendance. L’inflation s’infiltre dans un nombre croissant de secteurs. Elle se manifeste et se répercute mécaniquement tout le long de la chaine productive, depuis les matières premières jusqu’aux produits finis.
Plusieurs facteurs concourent à inscrire cette tendance inflationniste dans la durée : la reprise économique (marquée par un rebond de la demande), la pénurie de composants et de matières premières, le chaos qui règne dans les circuits d’approvisionnement internationaux, mais aussi les gigantesques quantités de liquidités dont les Etats et les Banques Centrales ont inondé l’économie mondiale depuis la crise de 2008. Cette politique monétaire extrêmement souple, qui a franchi de nouveaux seuils en réponse à la crise sanitaire, ne pouvait manquer d’exercer une pression inflationniste.
Dans l’espoir de contrôler cette situation, plusieurs Banques Centrales ont annoncé qu’elles allaient augmenter leurs taux d’intérêt et réduire leurs politiques de rachats massifs de dettes (l’équivalent moderne de la « planche à billets »). Mais le risque est de provoquer une panique et un effondrement des marchés, qui sont drogués aux liquidités gratuites.
En bref, la « reprise » actuelle est minée par des contradictions qui n’ont cessé de s’aggraver depuis 2008. Les éléments d’une nouvelle récession mondiale sont en train de mûrir. S’il est impossible de dire quand cette crise éclatera, il n’est pas exclu que ce soit avant le premier tour de l’élection présidentielle. Pour Macron, ce serait sans doute fatal. Mais même si la reprise économique se prolonge au-delà du mois d’avril prochain, l’inflation pèsera lourdement sur le pouvoir d’achat de millions de jeunes, de travailleurs, de retraités, de chômeurs – et donc sur leur comportement électoral, le moment venu. Quant à Zemmour, Le Pen et compagnie, ils auront le plus grand mal à faire porter le chapeau de l’inflation aux immigrés et aux musulmans (bien que Zemmour y réfléchisse sans doute).
Grèves
Le gouvernement a tenté de répondre à cette situation en annonçant qu’il allait verser 100 euros à 38 millions de personnes. Bien sûr, le financement de cette mesure ne coûtera pas un centime au grand patronat. Donnés de la main gauche, les 3,8 milliards d’euros seront repris de la main droite sous diverses formes : impôts, coupes budgétaires, etc. Mais surtout, ces 100 euros sont dérisoires face à la baisse réelle et durable du pouvoir d’achat de l’écrasante majorité de la population. Ils sont d’autant plus dérisoires que, depuis 2008, le grand patronat a reçu des centaines de milliards d’euros sous forme d’allègements fiscaux et de subventions en tout genre. Ce contraste ne peut qu’accentuer la colère des masses.
Une chose est sûre : ce ne sont pas les 100 euros jetés au bon peuple qui empêcheront l’inflation de stimuler la lutte gréviste pour des augmentations de salaire. Même les travailleurs qui sont les plus passifs, habituellement, seront prêts à se mobiliser pour défendre leur pouvoir d’achat. L’inflation ayant un caractère mondial, on peut déjà constater dans d’autres pays – par exemple aux Etats-Unis – le rôle qu’elle joue dans le développement des grèves. Il serait étonnant que la France fasse exception, dans ce domaine.
La situation économique est d’autant plus favorable aux luttes grévistes que, du fait de la reprise, le chômage retombe vers son niveau de janvier 2020, avant la crise sanitaire. Dans quelques secteurs, il y a même une pénurie de main d’œuvre. Ceci renforce la position des travailleurs face au patronat, objectivement. A cela s’ajoute l’effet psychologique d’une baisse du pouvoir d’achat en pleine gabegie de profits. Les salariés exigeront leur part du gâteau. Ils refuseront d’être les grands perdants de la reprise économique.
Quel programme ?
Tout en soutenant chaque grève locale, les organisations du mouvement ouvrier doivent s’efforcer de mobiliser la masse de la population – y compris les jeunes, les chômeurs et les retraités – sur un programme général contre la baisse du pouvoir d’achat. On ne doit pas se contenter de réclamer une augmentation générale des salaires ou, comme le fait Mélenchon, le blocage de certains prix. Bien sûr, ces mots d’ordre vont dans la bonne direction. Le blocage des loyers, en particulier, serait une avancée importante. Mais il faut aller plus loin.
Premièrement, pour éviter que des augmentations de salaire ne soient minées par de nouvelles augmentations des prix, la gauche et le mouvement syndical doivent lutter pour l’indexation des salaires sur l’inflation. Les retraites et l’ensemble des prestations sociales doivent être intégrés à ce système. Par ailleurs, l’inflation doit être calculée non par des savants bourgeois soucieux de ménager les profits du Capital, mais par les organisations de la classe ouvrière.
Deuxièmement, les grandes entreprises qui produisent et distribuent l’essence, le gaz et l’électricité doivent être nationalisées, sous le contrôle des salariés et sans indemnisation des grands actionnaires. Ce serait le moyen le plus sûr de contrôler le prix de ces biens de consommation courante. En même temps, cela fermerait le sinistre chapitre de la privatisation de ces secteurs, qui a permis à leurs actionnaires d’engranger de faramineux profits sur les dos de leurs salariés et des consommateurs. Par exemple, la direction de TotalEnergies a annoncé que, grâce à l’augmentation des cours des hydrocarbures, elle avait réalisé un bénéfice net de 4,6 milliards de dollars au troisième trimestre 2021, ce qui porte à plus de 10 milliards de dollars son bénéfice net cumulé depuis le début de l’année.
Notons, au passage, qu’avec une rémunération annuelle qui avoisine les 4 millions d’euros, sans compter les « actions de performance », l’actuel PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, n’est pas trop affecté par l’augmentation du prix des fruits et des légumes (+ 34 % au cours des 12 derniers mois, en France).
Sur la base de ces chiffres, la gauche et le mouvement syndical pourraient facilement convaincre des millions de jeunes et de salariés de la nécessité d’exproprier les grands capitalistes du pétrole et de l’énergie. De même, la crise de l’hôpital public est un argument de poids pour défendre la nationalisation de l’ensemble des cliniques et hôpitaux privés, qui profitent de cette situation. De manière générale, un nombre croissant de jeunes et de travailleurs comprennent la nécessité d’en finir avec le chaos du capitalisme en crise. C’est d’ailleurs ce qui explique la croissance de la Tendance Marxiste Internationale, dont Révolution est la section française. Et c’est la base de ses succès futurs. Pour y contribuer, rejoignez-nous !