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Masques FFP2. Pénurie et gros profits : ce que Castex tente de cacher en niant leur efficacité
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Jean Castex expliquait ce jeudi sur BFM être opposé à la généralisation du port de masques FFP2, celui-ci étant « réservé aux personnels soignants et certains patients ». Incontestablement plus protecteurs, la réticence vis-à-vis du FFP2 relève surtout d’un mensonge d’État : la pénurie n’est pas bien loin et la grande distribution y voit un juteux marché.
Crédit Photo : INA FASSBENDER / AFP
Ce jeudi sur BFMTV, le Premier ministre était interrogé sur la situation sanitaire extrêmement dégradée alors que les écoles ont rouvert leurs portes lundi 3 janvier sans aucun protocole sanitaire sérieux. « Il y a un conseil de santé publique, nous suivons scrupuleusement les avis et ce qu’ils disent c’est que le masque FFP2 est réservé aux personnels soignants et à certains patients », s’est défendu Jean Castex alors que le débat autour des masques FFP2 prend de plus en plus d’ampleur avec les records de contamination des derniers jours.
En effet, la contagiosité d’Omicron remet sur le devant de la scène l’urgence d’outils sanitaires pour davantage protéger la population. Notamment, la question des enseignants qui depuis la rentrée doivent faire face à l’absence totale de moyens pour réduire les risques de contamination, est au cœur de l’actualité. Mais pour Jean Castex, qui fait référence aux masques en tissus distribués au personnel de l’Education nationale, « le FFP1 est déjà très protecteur ». Dans le même sens, Jean Michel Blanquer expliquait que « il est très difficile de faire cours avec » tout en en arborant un lui-même à l’Assemblée Nationale.
L’efficacité niée des masques FFP2 vis-à-vis du variant Omicron
En réalité, si Jean Castex indique s’en remettre à l’avis des scientifiques s’agissant de l’utilité des masques FFP2, cette dernière n’est plus à démontrer. Deux études des universités Göttingen et Cornelle indiquent en effet que si deux individus portent un masque FFP2 de façon régulière, le risque maximum de contamination est de 0,4%. Une efficacité près de 100 fois supérieure à celle d’un masque chirurgical classique dès lors que celui-ci présente un risque maximum de 30% de contamination dans la même hypothèse.
Dans le même sens, plusieurs spécialistes en France encouragent l’exécutif à prendre des mesures afin de généraliser le port de ce type de masques. Karine Lacombe, cheffe de service hospitalier des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine de Paris, indiquait ainsi sur LCI que « le FFP2 a le meilleur pouvoir filtrant, il protège mieux dans les environnements où le virus circule beaucoup. C’est par exemple le cas en intérieur, dans les transports en commun. C’est le meilleur moyen de protection dans les zones denses de population, dans une période où le virus circule de manière extrêmement intense ».
Une position qui n’est pas circonscrite aux médecins et spécialistes puisque plusieurs pays généralisent leur usage avec la 5e vague. En effet, l’Italie les a rendus obligatoires depuis le 25 décembre, tandis qu’en Autriche il doit être porté dans les lieux publics fermés. Dans certains Länder allemands, le masque FFP2 est obligatoire dans certains commerces.
Derrière les discours rassuristes, le spectre de la pénurie de masques et la soif de profits des grandes entreprises
La réticence du gouvernement français à assumer l’efficacité du masque FFP2 et son utilité en pleine 5e vague ne fait donc pas l’unanimité, bien au contraire. Finalement, ce discours rassuriste rappelle étrangement celui du gouvernement au printemps 2020 à propos des masques chirurgicaux. « C’est une denrée rare, une ressource précieuse pour les patients », indiquait le directeur général de la santé Jérôme Salomon le 17 mars pour sermonner ceux qui le portaient dans la rue, avant d’être encore plus explicite le lendemain : « Ne portez pas des masques » . Sibeth Ndyiae, porte-parole du gouvernement, expliquait quant à elle que « les Français ne pourront pas acheter de masque dans les pharmacies, car ce n’est pas nécessaire si l’on n’est pas malade ». Ce n’est qu’au moment du déconfinement qu’Olivier Véran commence à admettre son efficacité dans « certaines circonstances », avant de le rendre finalement obligatoire sous peine d’une amende de 135 euros dans les transports puis sur la voie publique.
En réalité, l’exécutif cherche à masquer une situation très critique qu’il a lui-même provoqué du fait de son impréparation. D’une part, la production de masques FFP2 a été réduite de 90% ces derniers mois.
D’autre part, les masques FFP2 sont plus chers que les masques chirurgicaux, « entre 40 centimes et 80 centimes par masque » estime Philippe Besset, président de la FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France). Cela est dû au fait que « les prix des masques FFP2 sont libres. Ils dépendent beaucoup des prix que les pharmaciens arrivent à négocier à l’achat ». Et dans la grande distribution, les enseignes s’y donnent à cœur joie pour se lancer sur un marché plutôt juteux alors que la courbe épidémique atteint des seuils records : Carrefour, Auchan, Leclerc proposent ainsi des masques FFP2 avec des prix très variables, allant jusqu’à 14,90 euros la boite chez Franprix.
Pour Antoine Flahault dans L’Express, « comme le masque FFP2 est plus cher que les autres, si le gouvernement le recommandait, il risquerait d’avoir à le proposer gratuitement dans les cas où il serait exigé et cela pourrait ne pas l’enthousiasmer, et en tout cas ne pas hâter sa décision ». Autrement dit, le gouvernement permet consciemment à la grande distribution de faire un maximum de profit sur un équipement de protection sanitaire en refusant de le recommander officiellement pour éviter non seulement d’avoir à le fournir gratuitement à la population mais aussi de faire face à une pénurie. Une politique qui rappelle celle du printemps 2020, où le discours du gouvernement sur la non-utilité des masques chirurgicaux cachait en réalité un problème de stocks et la volonté de laisser le champ libre aux grandes entreprises.
Face à cette politique, il est urgent de revendiquer l’accès pour tous et la gratuité des masques FFP2 afin de réduire les risques de contamination, ainsi que de tous les équipements sanitaires de première nécessité comme le gel hydro-alcoolique et les tests. Dans les écoles et les hôpitaux, la colère gronde face à ce qui s’apparente à une politique qui place les profits des multinationales avant les vies des soignants et des enseignants. Il s’agit de prendre exemple sur les phénomènes d’auto-organisation comme dans les établissements scolaires du 93 ou les grèves dans les services du CHU de Rouen et les hôpitaux des Bouche du Rhône pour imposer des moyens pour faire face à la 5e vague.