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Kazakhstan : contre l’intervention, pour la réapparition en vie des syndicalistes disparus, un communiqué du secteur eurasien de la FSM

Kazakhstan

Lien publiée le 9 janvier 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Kazakhstan : contre l’intervention, pour la réapparition en vie des syndicalistes disparus, un communiqué du secteur eurasien de la FSM. – Arguments pour la lutte sociale (aplutsoc.org)

Aplutsoc rend ici public en français, traduit du russe, une déclaration des syndicats de la FSM (Fédération Syndicale Mondiale) de l’ex-URSS.

Nous avons, notamment en défense des ouvriers bélarusses, âprement polémiqué contre les positions de la FSM de défense du régime capitaliste du travail précaire instauré en Bélarus, dont les syndicats officiels liés au patronat étatique sont affiliés à la FSM. Et c’est sans aucune réserve que nous taperons autant que faire se peut sur les positions « campistes » criminelles de soutien aux assassins des travailleurs de la FSM de Minsk à Damas.

Mais c’est tout autant sans aucune réserve que nous publions ce communiqué, non diffusé à cette heure en France par les affiliés à la FSM. En effet, au moment de l’intervention militaire de l’impérialisme russe, il veut affirmer la défense du peuple kazakh, s’élève contre les calomnies à l’encontre des manifestants, et exige la réapparition des syndicalistes disparus.

Ces syndicalistes, du secteur du pétrole et de l’énergie, sont Kuspan Koshygulov, Tahir Erdanov , Amina Eleusinova et les membres de sa famille, Kuspan Kosha (photos illustrant cet article). Le noyau du soulèvement kazakh s’appuie sur une tradition de luttes ouvrières qui culmina à Zhanaosen, sauvagement réprimée en 2011. C’est de Zhanaosen, puis des régions pétrolières et gazières des parages de la Caspienne, que le mouvement est parti. Les responsables syndicaux disparus viennent de ces secteurs.

Le communiqué du secteur « eurasiatique » de la FSM s’oppose à l’intervention dans les derniers paragraphes du texte, en des termes parfois contournés (« Nous nous opposons à l’utilisation des forces de l’OTSC dans le rôle de gendarme », comme si un autre rôle était possible !). Il s’inquiète du « sentiment antirusse » que cette intervention pourrait en effet favoriser, mais il doit être clair que les kazakhs, russophones compris, qui affrontent et vont affronter les forces russes, ne sont pas antirusses : ils sont anti-répression, anti-impérialistes, anti-colonialistes, anti-oligarchiques, anti-bureaucratiques, anti-capitalistes !

Est donc ici condamnée une intervention dont le premier responsable après Poutine, et l’odieux Andreî Serdioukov, chien de guerre colonial, chef opérationnel au Kazakhstan après l’avoir été en Tchétchénie, en Crimée et en Syrie, s’appelle Alexandre Loukatchenko, titulaire de la carte n° 1 des membres du Syndicat bélarusse des travailleurs de l’Etat, affilié à la FSM !

L’intervention impérialiste russe au Kazakhstan produit une cassure dans des secteurs politiques russes significatifs. Le très conservateur KPRF (le Parti « communiste » russe), qui, certes, n’appelle pas au retrait des troupes, y va de ses communiqués filandreux déplorant cette situation, allant jusqu’à dire que des oligarques il y en a à Moscou comme à Almaty, tout en précisant que le Kazakhstan ce n’est pas l’Ukraine ou la Bélarus, car ce n’est pas là une « révolution orange ».

La cause du Kazakhstan est pourtant celle-là même de l’Ukraine et de la Bélarus : une cause anti-impérialiste, et cela de manière directe et concrète. En effet, la mise à sac d’Almaty par les forces d’intervention ne règle en fait aucun problème. Un pouvoir ouvrier de facto existe à Zhanaosen, Aktau, Atyrau, Astana, Aktiube, Almaty, Ouralsk, et aussi plus à l’Est sans doute Karaganda, l’ancien Goulag. Ces bastions sont immédiatement à l’Est de la Volga et de l’Oural. Ils protègent de fait l’Ukraine d’une intervention et réciproquement. Pour les écraser, venir d’Almaty est absurde, mais faire avancer les chars depuis la Russie est politiquement dangereux, car la porosité géographique et culturelle entre ces régions et la Russie est profonde.

De fait, des militants se voulant attachés au monde russe ou ex-soviétique se trouvent maintenant en opposition frontale avec Poutine. Sa base se rétrécit. Les contradictions s’affutent, des clarifications se font, d’autres vont arriver, la vieille taupe creuse.

Vive l’insurrection kazakhe ! Dehors les troupes russes !

Le communiqué du secteur eurasiatique de la FSM :

Les syndicats libres de Russie et d’États d’Asie centrale membres de la Fédération syndicale mondiale (FSM), indépendants des employeurs et des autorités, expriment leur protestation catégorique contre les violentes représailles contre les travailleurs du Kazakhstan et les tentatives de présentation des gens indignés comme des hooligans et des forces extrémistes.

La raison de l’indignation du peuple est le long et odieux règne du clan Nazarbayev et de ses sbires, qui a conduit à une gigantesque stratification sociale et à la situation désastreuse des masses laborieuses. Dans le même temps, les autorités ont brutalement réprimé toute manifestation, il suffit de rappeler la fusillade d’ouvriers à Zhanaozen en 2011. Dans le même temps, toutes les possibilités d’expression de protestation et de points de vue différents de ceux du régime étaient réprimées dans le cadre des possibilités légitimes. La majorité des syndicats indépendants ont été liquidés, l’affiliation à des syndicats non enregistrés, contrairement à la convention n°87 de l’OIT, équivaut à un délit administratif ! Le tribunal a fermé le Parti communiste du Kazakhstan, refuse d’enregistrer le Mouvement socialiste du Kazakhstan. Le nombre de prisonniers politiques, principalement des militants syndicaux, est en augmentation.

La raison de l’indignation est donc claire, ce ne sont pas des forces terroristes extérieures, mais sa propre politique antipopulaire. Et la hausse choc des prix du gaz (d’un coup, à deux reprises) n’a servi que de détonateur à une explosion de colère populaire. Cela a été indirectement reconnu par l’actuel président du Kazakhstan Tokayev, qui a compromis le gouvernement, a promis de restituer les prix et a assumé les fonctions de président du Conseil de sécurité de Nazarbayev.

Nous exprimons notre solidarité avec la juste protestation des travailleurs du Kazakhstan, et nous jugeons inadmissible de mêler leur lutte aux actions débridées de diverses forces provocatrices, islamistes et nationalistes.

Cette méthode d’organisation des pogroms et des attentats est utilisée par la bourgeoisie pour discréditer le mouvement des travailleurs dans de nombreux pays du monde.

Sur l’utilisation des forces de l’OTSC. Les responsables de la sécurité russes ne feront qu’augmenter les sentiments antirusses dans la république, qui seront certainement utilisés par les forces nationalistes.

Les syndicats de la FSM exigent la prévention des représailles par rapport aux actions justes de la classe ouvrière du Kazakhstan.

Nous exigeons le rétablissement de la liberté d’activité syndicale dans la république.

Nous nous opposons à l’utilisation des forces de l’OTSC en fait dans le rôle de gendarmes.

Nous exprimons notre solidarité avec la lutte des travailleurs du Kazakhstan !

E.A. Koulikov

Directeur du Bureau eurasien de la Fédération syndicale mondiale

Source : http://socialismkz.info/?p=26830 

Quelques militants syndicaux kazakhs portés disparus.