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Les AGs de profs appellent à la poursuite de la mobilisation
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Ce matin, à Toulouse, Aubervilliers, Saint-Denis, Sarcelles et ailleurs, plusieurs assemblées générales se sont tenues pour réfléchir à la suite à donner à la mobilisation. Des embryons de dynamique d’auto-organisation par en bas qu’il s’agit de consolider et d’étendre, dans le sens des appels à une nouvelle journée de mobilisation lancés par certaines assemblées.
Photo de l’AG toulousaine ce jeudi 13 janvier
Ce jeudi, le personnel de l’Éducation nationale et les lycéens se mobilisent contre la situation catastrophique à l’école et en pleine vague Omicron. Une journée de grève qui apparaît d’ores et déjà inédite au regard de son ampleur. Selon le Snes-FSU il faut même remonter à 2003 pour retrouver une mobilisation de cette ampleur dans le secteur et dans plusieurs départements comme en Seine Saint Denis ou en Haute-Garonne où le nombre de grévistes a largement dépassé les 80%.
Ce matin, dès 10h, des grévistes se sont retrouvés dans des assemblées générales pour décider par en bas quelles revendications et quelles suites donner au mouvement. A Toulouse, plus d’une centaine de professeurs et personnels de l’éducation se sont rassemblés pour organiser la suite de la contestation. A Aubervilliers, ils étaient plus d’une trentaine et près de quarante à l’assemblée générale de Saint-Denis. Mais aussi 80 à Cergy, ou encore 30 à Sarcelles, etc.
Dans le 95 où les syndicats ont dénombré plus de 75% de grévistes, une assemblée générale a rassemblé des travailleurs de l’éducation, mais aussi plusieurs parents d’élèves ainsi que des chauffeurs de bus et chauffeurs de train. Tous ont dénoncé une situation intenable.
Un parent d’élève s’émeut : « il y a des familles entières touchées par la covid, on en peut plus. Nos enfants se contaminent à l’école. Nous sommes conscients de la maltraitance des enseignants, et nous sommes solidaires avec eux ! ils n’en peuvent plus et ça se répercute sur les apprentissages des enfants. » Un professeur de collège surenchérit : « On ne pouvait pas prévoir la pandémie mais on pouvait prévoir qu’avec des moyens de merde on allait pas réussir à la gérer. On est en grève et organisés. On doit continuer à s’organiser en assemblées générales pour décider de la suite. Il faut parler aux collègues pour être encore plus nombreux. ». Et au conducteur de train de conclure : « Je félicite les enseignants d’avoir gagné la bataille de l’opinion publique. Vous êtes souvent traités de fainéants alors que vous avez des conditions de travail terribles. On est tous concernés, il faut un appel à vous rejoindre ! ».
Point commun de toutes ces assemblées générales : une détermination importante à construire le rapport de force et poursuivre le combat. Interrogé au micro de Révolution Permanente, Thomas professeur des écoles dans le 93 raconte : « C’est en train de craquer partout, il faut continuer à mettre la pression sur le gouvernement le 20 et le 27 ». Même état d’esprit chez Marion depuis l’assemblée générale d’Aubervilliers : « on ne veut pas fermer la parenthèse de la grève dès ce soir ! C’est une grève historique, il faut battre le fer tant qu’il est chaud tous les autres secteurs de la société ont les yeux rivés sur notre mobilisation ».
A Toulouse les grévistes ont voté la reconduction à partir de mardi prochain et une adresse pour un plan d’action de la part des directions syndicales. A Saint-Denis on pense faire des « jeudi de la colère » pour préparer « pourquoi pas » la reconductible. A Aubervilliers on appelle à la grève dès jeudi prochain et à nouveau le 27 pour une mobilisation intersectorielle. A l’assemblée générale du Valo d’Oise on demande par voie de communiqué à ce qu’une « nouvelle date de mobilisation nationale unitaire et nationale soit posée rapidement la semaine prochaine » et on encourage « les équipes pédagogiques à multiplier les actions locales en lien avec les parents d’élèves (reconduction des grèves là où c’est possible, tractages dans les établissements, affichages, opérations écoles mortes, etc.) afin d’amplifier le mouvement. Bref, la colère est vive et l’envie que cette première journée de mobilisation ne soit pas sans lendemain dans toutes les têtes.
Plus généralement, les différentes assemblées générales ont revendiqué pêle-mêle la titularisation des contractuels, une campagne de vaccination dans les établissements scolaires, la rénovation des bâtiments et l’allègement des effectifs de classe permettant de limiter les contaminations et d’améliorer les conditions d’étude ainsi que des masques FFP2 pour ceux qui le souhaitent. Enfin, face à la dévalorisation de leurs salaires devant la hausse des prix, le personnel revendique l’indexation des salaires sur l’inflation.
Ces AG inter-établissement illustrent la colère des enseignants devant la dégradation accélérée des conditions de travail au cours de la crise du Covid. Elles montrent également la capacité de ces travailleurs à tisser des alliances avec les parents d’élèves et entre établissements pour construire un véritable rapport de force.
La tension doit être à encourager les travailleurs de l’éducation nationale à multiplier ce genre d’échéances qui restent pour l’heure minimales et à s’en saisir le plus largement possible. C’est à cette condition que face à la gestion criminelle du gouvernement, il sera possible de mettre en œuvre nos propres protocoles sanitaires et d’organiser le suivi pédagogique au service de la santé des travailleurs et des élèves et de construire une riposte de tous les travailleurs de la première ligne, de l’hôpital à l’éducation nationale comme l’exprimait Marion, enseignante dans le 93, mardi dans nos colonnes « Pour opposer un plan de bataille à même d’opposer notre propre issue à la crise, il est indispensable de multiplier les AG et de donner une continuité à cette grève ».
Dans les jours qui viendront, pour que cette colère importante ne soit pas un coup d’épée dans l’eau, il s’agit donc de poursuivre la dynamique entretenue par ces premières assemblées générales qu’il faut massifier et renforcer pour que partout celles-ci servent par en bas à organiser la poursuite de la lutte.