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Pourquoi la grève du 1er février chez Pôle emploi est historique
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Pourquoi la grève du 1er février chez Pôle emploi est historique - Rapports de Force
Ce 1er février, les agents de Pôle emploi sont en grève à l’appel de la totalité de leurs organisations syndicales. Une configuration de lutte historique qui met au cœur de ses revendications la question des salaires, mais aussi celle des conditions de travail. Entretien avec Franck Rohou, délégué syndical au SNU (FSU Pôle emploi) Occitanie.
Quelles sont les raisons de la grève à Pôle emploi ce 1er février ?
La grève porte sur deux aspects principaux : l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions de travail. Les agents de Pôle emploi n’ont pas eu d’augmentation depuis 4 ans, car le point de convention collective est gelé. Or pendant cette période, le SNU estime qu’ils et elles ont perdu 10% de leur pouvoir d’achat. Nous demandons donc 8% d’augmentation de salaire, pour tenter de combler cette perte.
Il faut savoir que sur les 50 000 salariés de Pôle emploi, 80% occupent la fonction de conseiller à l’emploi. Réservés en général à des bacs + 2, les salaires octroyés pour ces postes débutent à 1400€ mensuels net environ, payés sur 14,5 mois. Enfin, il faut savoir que 4000 de nos agents sont encore employés avec des contrats de droit public, comme à l’époque de l’ANPE et de l’ASSEDIC. Pour ces salariés, les augmentations de salaire dépendent directement du point d’indice, gelé depuis 2017.
À quelle mobilisation vous attendez-vous ?
Une grève à moins de deux chiffres serait pour nous un échec et nous visons 50% de grévistes pour établir un rapport de force conséquent avec la direction. La mobilisation d’aujourd’hui est historique. C’est la première fois qu’un appel à la grève est posé par la totalité des organisations syndicales de Pôle emploi. Il faut savoir qu’à Pôle emploi, il y a deux gros blocs syndicaux. Le premier est constitué plutôt par les syndicats dits de transformation sociale, comme le SNU (2e syndicat après la CFDT chez Pôle Emploi), la CGT, SUD et FO. Le deuxième bloc, c’est celui du syndicalisme d’accompagnement. Il comprend la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC, l’UNSA, et le SNAP (proche de la CFTC).
Il faut rappeler que l’annonce de cette grève a été faite début janvier et que depuis, deux séquences de négociation ont eu lieu avec notre direction le 24 et le 26 janvier. A l’issue de celle-ci on nous a proposé trois choses : augmenter les salaires de 1%, augmenter la prime d’intéressement et étendre les primes de performance aux directeurs d’agence et aux responsables d’équipe, qui n’y ont pour l’heure pas droit. Ces propositions sont très faibles, ce qui explique que la totalité des syndicats demande davantage.
Votre syndicat pointe aussi des conditions de travail dégradées.
Avec la fin du mandat et les élections présidentielles qui arrivent, on a des chantiers internes et des directives gouvernementales dans tous les sens. Il faut par exemple mettre en place un plan pour les demandeurs d’emploi longue durée et le CEJ (contrat engagement jeune). Cette hausse de la charge de travail met les agents sous pression. Ajoutez à cela l’entrée en œuvre de la réforme de l’assurance chômage qui nécessite tout un travail d’explication auprès d’un public qui voit souvent ses allocations se réduire. On a par conséquent de plus souvent à faire à des personnes angoissées. On observe une hausse de l’agressivité du public dans les agences. Face à cela nos directions ne nous proposent pour l’instant que des vigiles. Nous avons donc beaucoup de collègues en dépression, en burn out, voire qui ont des pensées suicidaires.
Le problème de fond c’est aussi qu’il y a toujours trop de demandeurs d’emplois. Le gouvernement ne s’intéresse qu’aux chômeurs de catégorie A et présente des chiffres soi-disant extrêmement encourageants. Or si on regarde les chiffres de près, les résultats ne sont pas si bons (voir ci-dessous notre article à ce sujet).