[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Newsletter

Ailleurs sur le Web [RSS]

Lire plus...

Twitter

L’Ukraine, Macron et l’élection présidentielle

Lien publiée le 28 février 2022

Tweeter Facebook

Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Révolution : Tendance marxiste internationale

L’invasion et le bombardement de l’Ukraine ont suscité la stupéfaction et la désapprobation des peuples du monde entier. Sur tous les continents, des citoyens ordinaires expriment une solidarité sincère et spontanée à l’égard du peuple ukrainien, qui est victime d’une épreuve de force entre la Russie et les puissances impérialistes occidentales, Etats-Unis en tête.

Cette sincérité et cette spontanéité tranchent avec l’écœurante hypocrisie des « condamnations » que formulent Biden, Johnson, Macron et compagnie. Ces derniers n’ont absolument aucune autorité morale pour condamner l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, car ils dirigent des puissances impérialistes qui ne cessent, elles aussi, de « violer la souveraineté » de nations – y compris au moyen de la guerre, comme en Irak, en Libye, en Syrie, etc.

Intermittents de la paix

Depuis le déclenchement de l’offensive russe, les grands médias à la solde du pouvoir relayent, jour et nuit, la propagande du gouvernement Macron. Sur les plateaux de télévision, les journalistes et politiciens bourgeois sécrètent des larmes de crocodile en quantités industrielles. Confortablement installés à 2000 kilomètres des combats, ils appellent courageusement les Ukrainiens à la « résistance » contre la puissante armée russe.

Que faisaient tous ces champions de la démocratie et de la paix lorsque l’Arabie Saoudite a commencé à bombarder le Yémen, en 2015, avec le soutien actif des impérialistes occidentaux ? Ils se taisaient et regardaient ailleurs, parce que l’Arabie Saoudite est une alliée de l’impérialisme français. Elle est aussi une excellente cliente de son industrie militaire, de sorte que la guerre au Yémen est une opération extrêmement juteuse pour les producteurs et marchands d’armes français. Selon l’ONU, les bombes qui frappent le Yémen, depuis 2015, y ont fait près de 400 000 victimes directes ou indirectes (manque d’eau potable, famine, maladies, etc.). En 2021, un document officiel de l’ONU affirmait qu’« un enfant yéménite de moins de cinq ans meurt toutes les neuf minutes en raison du conflit ». Cependant, l’émotion qui bouleverse les « résistants » des salons parisiens, face à l’invasion de l’Ukraine, se volatilise instantanément face au calvaire du peuple yéménite.

Il est clair que la guerre en Ukraine n’a pas un atome de contenu progressiste. Nos camarades, en Russie, s’y opposent fermement et activement. Quant au mouvement ouvrier français, son premier devoir est de dénoncer l’hypocrisie du gouvernement Macron et de ses relais médiatiques. La politique de l’OTAN est complètement réactionnaire – et doit être dénoncée comme telle.

Militarisme électoral

Depuis le début de la guerre, Macron multiplie les poses et les déclarations martiales. On nous le montre arrivant d’un pas ferme, le visage grave, aux réunions du Conseil de Défense. L’objectif est de suggérer que Macron joue un rôle central dans la riposte occidentale à l’offensive russe. Il n’en est strictement rien, comme l’a souligné l’épisode risible de la « désescalade » arrachée de haute lutte par la diplomatie française… quinze jours avant l’invasion de l’Ukraine. Les deux principaux acteurs de ce conflit sont la Russie et les Etats-Unis. Sur l’essentiel, les Conseils de Défense présidés par Macron « décident » ce qu’a décidé le président Joe Biden. Quant à Poutine, il n’accorde sans doute pas beaucoup d’importance aux bravades qui fusent de l’Elysée.

Bien sûr, les déclarations de Macron ne sont pas dénuées d’arrière-pensées électorales. Elles ont même un caractère essentiellement électoraliste, dans la mesure où elles ne portent pas à conséquence sur les plans militaire et diplomatique. Macron veut faire campagne dans les habits du grand stratège qui œuvre à la Paix mondiale. Autrement dit, il va finir son mandat comme il l’a commencé : par une ridicule opération de bluff visant à convaincre les esprits naïfs que, sous sa direction, la France joue un rôle indépendant et décisif dans les grandes affaires du monde.

Voter Mélenchon – Lutter pour le socialisme !

Ce faisant, Macron espère conforter sa position dominante dans les sondages. Il est possible qu’il y parvienne, mais cela n’effacera pas le catastrophique bilan social de sa politique réactionnaire. Si Macron bénéficie toujours d’une solide base de soutien dans les couches supérieures et intermédiaires de la société, son mandat a nettement stimulé le processus de polarisation politique, sur fond de crise économique et de misère croissante.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, cette polarisation s’exprime surtout sur la droite de l’échiquier politique, à travers le succès relatif des candidatures de Le Pen et Zemmour. Prise en étau par l’extrême droite, d’une part, et la droite macroniste, d’autre part, Valérie Pécresse ne sait plus sur quel pied danser. Les commentateurs pointent ses piètres performances d’oratrice. C’est évident, mais ce n’est pas qu’une question de forme. Si la candidate des Républicains est aussi mauvaise, dans les meetings, c’est aussi parce qu’elle ne sait plus quoi dire pour tenter de faire revenir à elle d’anciens électeurs des Républicains qui partent vers Macron ou vers l’extrême droite (et en particulier vers Zemmour).

A gauche, on voit mal ce qui pourrait modifier le rapport de forces entre Jean-Luc Mélenchon et ses concurrents. Début janvier, nous écrivions : « la polarisation d’un très grand nombre d’électeurs potentiels de la gauche est telle qu’ils ne se mobiliseront pas pour cette espèce d’eau tiède et stagnante que constitue le programme d’une Anne Hidalgo, d’un Yannick Jadot ou de leurs équivalents. Ce seul fait, qui s’enracine dans la profonde crise du capitalisme, prive de toute base politique solide les divers projets de “primaire de la gauche” ». Les suites de la « primaire populaire » ont confirmé cette analyse. La candidature de Mélenchon représente la seule possibilité concrète de battre la droite – y compris Macron – et l’extrême droite. C’est pourquoi Révolution appelle à se mobiliser autour de cette candidature.

Ce faisant, nous ne renonçons pas le moins du monde à défendre nos idées et notre programme révolutionnaires. Régulièrement, des militants d’« extrême gauche » nous accusent de « renforcer les illusions » dans le programme réformiste de la France insoumise (FI). Ils s’imaginent que pour combattre ces illusions (qui existent, en effet, dans la masse de l’électorat de gauche), il suffit de dénoncer Mélenchon comme un « politicien bourgeois » – puis, tournant le dos à ses millions d’électeurs, de présenter une candidature alternative. Si c’était aussi simple, le capitalisme aurait été renversé de longue date, en France et ailleurs. Les illusions réformistes ne seront pas liquidées par une salve de « dénonciations » ultra-gauchistes, mais à travers l’expérience collective de la lutte des classes. Quant aux marxistes, leur rôle est d’intervenir, dans ce processus, d’une façon qui favorise et accélère la cristallisation d’une tendance révolutionnaire. Répéter en boucle que Mélenchon est un « politicien bourgeois » ne nous ferait pas avancer d’un millimètre vers cet objectif, comme le montrent la crise du NPA et la stagnation séculaire de Lutte Ouvrière.

Loin de « renforcer les illusions » dans le programme de la FI, nous l’avons soumis à une critique détaillée dans une brochure qui a beaucoup de succès, sur les meetings de la FI, et qui s’intitule : Critique marxiste du programme de la FI. Nous y soulignons, faits et chiffres à l’appui, que le programme progressiste de la FI ne pourra pas être appliqué dans le cadre du capitalisme en crise. Sous la pression implacable de la bourgeoisie, un gouvernement de la FI serait rapidement confronté à l’alternative suivante : renoncer à son programme ou, à l’inverse, briser la résistance de la bourgeoisie en expropriant les principaux leviers de l’économie. Mélenchon exclut cette perspective – bien à tort, car la profonde crise du capitalisme prive les politiques réformistes de toute base matérielle. Pour en finir avec la régression sociale permanente, il faudra rompre avec le capitalisme et porter la classe ouvrière au pouvoir, car elle seule saura réorganiser la société de façon à satisfaire les besoins du plus grand nombre, et non la soif de profits de quelques parasites géants.