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Non à la guerre ! Troupes russes hors d’Ukraine ! OTAN hors d’Europe de l’est ! A bas le réarmement impérialiste !

Lien publiée le 3 mars 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Non à la guerre ! Troupes russes hors d'Ukraine ! OTAN hors d'Europe de l'est ! A bas le réarmement impérialiste ! (revolutionpermanente.fr)

Nous relayons la déclaration de la Fraction Trotskyste - Quatrième Internationale (FT-QI) sur l'invasion russe en Ukraine. Pour l’unité internationale de classe ouvrière ! Pour une politique indépendante en Ukraine face à l’occupation russe et la domination impérialiste !

Non à la guerre ! Troupes russes hors d’Ukraine ! OTAN hors d’Europe de l’Est ! A bas le réarmement impérialiste ! Pour l’unité internationale de classe ouvrière ! Pour une politique indépendante en Ukraine face à l’occupation russe et la domination impérialiste !

1- L’occupation militaire russe de l’Ukraine, que nous condamnons avec la plus grande force, a des répercussions sur l’ensemble de la situation internationale, avec déjà près de 700.000 réfugiés ukrainiens dans les pays européens frontaliers et une montée du militarisme et du réarmement des grandes puissances. Alors que la Russie a déployé 190.000 hommes en Ukraine et encercle les principales villes du pays (en bombardant non seulement les installations militaires mais également les bâtiments administratifs et sièges du pouvoir politique), les puissances membres de l’OTAN ont adopté des sanctions économiques sévères contre la Russie (à l’instar de la déconnexion d’une grande partie de ses opérations bancaires du système SWIFT et le gel des réserves de la Banque centrale russe) et elles procèdent également à l’envoi d’armes et de soutien logistique au gouvernement ukrainien.

Parallèlement, après avoir été réticents à l’idée de prendre des sanctions, l’Allemagne et l’Union Européenne dans son ensemble ont fait volte-face et sont désormais parmi les soutiens les plus enthousiastes du programme de sanctions contre la Russie. L’Allemagne, avec son gouvernement de coalition dirigé par les sociaux-libéraux du SPD, a opéré un revirement véritablement historique en approuvant l’envoi d’armes létales à un pays en guerre, et en allouant 100 milliards d’euros à son budget militaire, qui dépasserait 2 % de son PIB. Elle a également déployé des troupes en Lituanie, en Roumanie et en Slovaquie. Pour sa part, le Parlement européen a adopté une résolution en faveur de mesures visant à favoriser l’adhésion de l’Ukraine à l’UE. Dans le cadre de la politique de réarmement et d’interventionnisme militaire impérialiste accru, dont l’Allemagne est l’exemple le plus criant, la Suède a annoncé le transfert d’armements antichars à l’Ukraine, même si la législation suédoise interdit l’exportation d’armes vers des pays en guerre, à de rares exceptions près. La Suisse, de son côté, a annoncé qu’elle adopterait les sanctions prises par l’UE à l’encontre de la Russie, rompant ainsi avec sa neutralité pour la première fois depuis 1815. L’UE, enfin, a décidé de financer l’achat et la livraison d’armes à l’Ukraine pour un montant de 500 millions de dollars, une décision sans précédent. Pour l’instant, les puissances membres de l’OTAN ont décidé de ne pas franchir la ligne rouge que constituerait une confrontation militaire directe avec la Russie. Néanmoins, n’importe quel accident ou imprévu, plus encore si le conflit se prolonge, pourrait conduire à une escalade et à une extension du théâtre des opérations militaires.

2- L’invasion russe de l’Ukraine est une opération clairement réactionnaire : une puissance nucléaire, la Russie, possédant la troisième armée du monde, envahit militairement un Etat frontalier pour imposer ses intérêts. L’objectif de l’occupation semble être de provoquer un « changement de régime » en Ukraine en installant un gouvernement plus ou moins favorable à celui de Poutine - avec ou sans amputation d’une partie du territoire ukrainien actuel - ou, au moins, l’imposition des conditions posées par Moscou à un gouvernement ukrainien sous pression de l’occupation militaire.

Toute position de gauche ou anti-impérialiste doit commencer par condamner le plus fermement et clairement possible cette occupation décidée par le gouvernement autocratique de Poutine et exiger le retrait immédiat des forces militaires russes de l’ensemble de territoire ukrainien. Parallèlement, elle doit viser à encourager, au sein de la population ukrainienne, confrontée à l’occupation, l’émergence d’une position indépendante, tant vis-à-vis du gouvernement pro-impérialiste de Zelensky que vis-à-vis des différents courants nationalistes réactionnaires, également subordonnés aux puissances de l’OTAN. Cette position doit inclure le droit à l’autodétermination des populations de Donetsk et de Lougansk, sans quoi il est impossible de surmonter la division actuelle de la population, déchirée entre des directions concurrentes, qui subordonnées à Poutine, qui aux impérialismes occidentaux. Dans les républiques séparatistes de l’Est de l’Ukraine, il est également nécessaire de s’opposer à l’occupation russe et de s’opposer à la démagogie de Poutine qui instrumentalise les revendications légitimes des populations russophones en fonction de ses propres intérêts.

En Russie, des dizaines de milliers de personnes ont commencé à se mobiliser et s’organisent contre la guerre, faisant face à des arrestations massives. La population russe, elle, commence à ressentir les effets des sanctions, avec la dévaluation du rouble et la montée de l’inflation. Certains analystes estiment que l’aventure militaire de Poutine pourrait mal tourner, compte tenu des difficultés à occuper un pays de 44 millions d’habitants dont la population est largement hostile et le territoire trois fois plus grand que la Grande-Bretagne. Cette intervention militaire n’est d’ailleurs pas populaire en Russie, et fait face à l’opposition des États-Unis et de l’impérialisme européen. Pour défendre tous les peuples opprimés et leurs droits nationaux face aux différents nationalismes réactionnaires et contre l’impérialisme, l’unité internationale de la classe ouvrière est indispensable.

3- Comme il se plaît lui-même à le rappeler, Poutine n’a strictement rien à voir avec le communisme ou la gauche, et ce en dépit du portrait que font de lui certains nostalgiques de la Guerre froide. Bien au contraire, il incarne une des fractions de ces secteurs de la bureaucratie qui ont appuyé et tiré profit de la restauration du capitalisme dans l’ancienne Union soviétique. Sa politique à l’égard des pays voisins prolonge l’oppression nationale exercée par le tsarisme ou menée par le stalinisme. Elle renoue avec le pire du nationalisme russe réactionnaire. Poutine est la figure d’un régime autocratique, qui pourchasse et criminalise l’opposition politique, s’attaque aux droits des minorités, des femmes et de la communauté LGBT.

3000 personnes ont été arrêtées, ces derniers jours, dans les manifestations contre la guerre. C’est dans le sang que Poutine a écrasé les revendications du peuple tchétchène. Plus récemment, il est intervenu en Biélorussie et au Kazakhstan pour appuyer des gouvernements réactionnaires confrontés à d’intenses mobilisations populaires. Au niveau international, son intervention a été essentielle pour soutenir le régime sanguinaire d’Al Assad en Syrie, dans le cadre d’un processus qui a abouti à une guerre réactionnaire sans qu’aucun camp progressiste n’émerge parmi les belligérants. Sa politique de négation des droits nationaux du peuple ukrainien s’oppose radicalement au bolchevisme de l’époque de Lénine et de Trotsky qui défendait, dans le cadre de cette Union soviétique issue de la révolution d’Octobre, le droit à l’autodétermination nationale, voire à la séparation, de l’Ukraine et de toutes les nations opprimées sous le tsarisme. Ce droit, le bolchévisme le considérait comme un droit essentiel à défendre pour réaliser l’unité de la classe ouvrière.

4- De leur côté, les Etats-Unis et les puissances impérialistes européennes qui contrôlent l’OTAN, responsables de nombreuses interventions et occupations militaires à travers le monde, que ce soit en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie ou encore en ex-Yougoslavie, ont imposé des sanctions économiques sévères qui touchent en premier lieu la population civile. Ils ont exclu certaines banques et opérations commerciales russes du système de paiement international SWIFT. Ils interdisent à la Russie l’accès à leur espace aérien. Ils envoient des armes et un soutien logistique au gouvernement ukrainien de Zelensky et lui assurent leur soutien financier. Les États-Unis ont expulsé des diplomates russes accusés d’espionnage. Au sein de l’Union européenne, entre autres restrictions démocratiques, des mesures de censure ont également été prises à l’encontre de médias russes tels que Russia Today et Sputnik. Les dirigeants européens cherchent ainsi à établir un monopole de la presse pour les médias en phase avec la version des faits véhiculée par les membres de l’OTAN. Ils font ainsi, dans leurs pays, ce qu’ils reprochent à Poutine de faire en Russie.

Les nations impérialistes ne sont aucunement intéressées par « l’indépendance et la démocratie » en Ukraine, à la différence de ce qu’elles prétendent avec cynisme. Même sans s’engager, pour l’instant, dans une confrontation militaire directe avec les forces russes, elles utilisent l’occupation actuelle comme un prétexte à leur propre réarmement militaire. Elles cherchent à se positionner en vue d’une semi-colonisation non plus seulement de l’Ukraine (qui, déjà sous la botte du FMI et des impérialismes occidentaux, est l’un des pays les plus pauvres d’Europe de l’est) mais de la Russie en tant que telle au cas où les calculs politiques et militaires de Poutine s’avéraient complètement erronés et que le chef d’Etat russe se retrouvait balayé par la force des événements.

Depuis la dissolution de l’Union soviétique, l’OTAN a multiplié par deux le nombre de pays membres du traité militaire dans le cadre de son expansion vers l’est. Elle a déployé des troupes et des missiles pointés sur la Russie, le tout malgré les promesses faites par l’ancien secrétaire d’État étatsunien James Baker à Gorbatchev de ne pas élargir l’Alliance atlantique afin de faire accepter l’idée de la réunification allemande. Ce sont ces mêmes puissances qui ont poussées à la politique de « changement de régime » en Ukraine afin de transférer le pouvoir du camp des oligarques pro-russes à celui des oligarques pro-impérialistes occidentaux.

Au cours de son histoire, l’Ukraine, aujourd’hui formellement indépendante, a été soit un vassal de la Russie, soit des puissances impérialistes de l’OTAN. C’est d’ailleurs ce qui souligne la justesse du positionnement de Trotsky qui affirmait, en 1939, que l’indépendance de l’Ukraine était indissolublement liée à la lutte pour le pouvoir des travailleurs, ce que réaffirme l’occupation russe d’aujourd’hui. La lutte pour une Ukraine ouvrière et socialiste indépendante implique évidemment la défense du droit à l’autodétermination nationale pour le peuple ukrainien, tout en soulignant que la véritable indépendance ne sera arrachée et conquise ni par les nationalistes ukrainiens « pro-occidentaux » ni par les nationalistes « pro-russes », mais bien par un gouvernement des travailleurs.

5- Comme nous l’avons souligné, les puissances impérialistes de l’OTAN utilisent l’occupation russe, à laquelle s’oppose une bonne partie de l’opinion publique, pour justifier une nouvelle poussée de militarisme. Dans le cas de l’Allemagne, il s’agit d’un « tournant historique », selon les mots du chancelier lui-même, dans l’interventionnisme militaire de cette puissance impérialiste. Le gouvernement espagnol « de gauche » mobilise des troupes en Europe de l’est et rivalise avec ses alliés conservateurs dans sa rhétorique pro-OTAN. En France, la presse applaudit des deux mains l’existence d’une politique impérialiste européenne commune. Certains analystes ont fait remarquer que l’occupation russe a contribué à ressouder une OTAN en crise. Dans l’immédiat, même si le rôle plus actif des puissances européennes n’est pas contradictoire avec la politique étatsunienne vis-à-vis de l’occupation russe en Ukraine, il pourrait en être tout autrement, demain.

Parallèlement, tout le complexe industrialo-militaire sabre le champagne à la nouvelle de ce réarmement des différents États, célébré par la presse européenne. Pour notre part, nous nous opposons ouvertement à cette politique réactionnaire et nous cherchons à construire un mouvement contre le militarisme impérialiste dans ces pays. Ce faisant, nous entendons renouer avec la meilleure tradition du mouvement ouvrier allemand avant la trahison de la social-démocratie ayant décidé de soutenir sa propre bourgeoisie au cours de la Première Guerre mondiale. A l’instar de Wilhelm Liebknecht qui lançait : « Pas un sou, pas un homme pour le militarisme ! », nous disons haut et fort : « A bas l’OTAN et toutes les politiques de réarmement impérialiste ! »

6- Cette montée du militarisme et l’arrivée de la guerre au cœur de l’Europe de l’est dévoilent le mensonge selon lequel la « mondialisation » néolibérale et la fin de la Guerre froide auraient ouvert une nouvelle ère, dans laquelle le pouvoir des Etats se serait transformé et les guerres appartiendraient au passé. Après que le mirage d’un monde capitaliste dirigé par une seule « hyperpuissance » se soit estompé, le déclin de la puissance étatsunienne est désormais visible aux yeux de tous. L’intégration accrue de l’économie mondiale par le biais de « chaînes de valeur » liées à la production industrielle et aux services, de même que le système financier et des télécommunications ont accru la concurrence entre monopoles et entre Etats, qui n’a pas du tout diminué. La lutte pour se tailler une part accrue du pouvoir mondial, entre les États-Unis, la Chine et la Russie, mais également avec les tentatives de l’Allemagne et de la France, ainsi que du Japon, de mener une politique impérialiste plus indépendante pour renforcer leur poids respectif dans leur aire d’influence, rend l’ensemble de la situation internationale plus instable.

L’une des expressions de ces tendances est la guerre actuelle en Ukraine qui pourrait dégénérer en une confrontation plus importante en raison de la multitude de contradictions qu’elle recèle. Il y a deux ans, la pandémie a transformé l’ensemble de la situation internationale. De la même manière, l’occupation de l’Ukraine pourrait accélérer des tendances latentes et provoquer des changements abrupts de la situation politique, à travers, notamment, des actions révolutionnaires du mouvement de masse ou, à l’inverse, des guerres contre-révolutionnaires à plus grande échelle. La définition de Lénine selon laquelle nous vivons une époque de « crises, de guerres et de révolutions » est plus actuelle que jamais : avec des crises qui sont économiques, pandémiques et climatiques, des guerres qui impliquent désormais des pays européens, et des éléments de luttes de classes et de rébellions populaires qui interagissent avec des situations antérieures et qui préparent le terrain pour l’émergence de situations pré-révolutionnaires ou révolutionnaires dans différents pays.

7- La gauche révolutionnaire se doit d’appuyer les mobilisations contre la guerre dans le monde entier, des mobilisations qui doivent exiger le retrait des troupes russes d’Ukraine et dénoncer de concert le rôle de l’OTAN et le réarmement des puissances impérialistes occidentales. Elle se doit de lutter pour que la condamnation de l’occupation russe qu’expriment les manifestations anti-guerres dans le monde, notamment en Europe, ne soit pas instrumentalisée pour promouvoir le militarisme et le réarmement des puissances impérialistes.

En Ukraine, nous sommes convaincus que la résistance à l’occupation russe doit adopter un cours indépendant à celui de la subordination à l’OTAN, défendue par Zelensky, et qu’en Russie l’opposition à la guerre devrait être le point de départ d’un renversement révolutionnaire du gouvernement réactionnaire de Poutine, une option que ne peut incarner en aucun cas le secteur d’opposition bourgeois dirigé par Navalny. A échelle internationale, un grand mouvement anti-guerre avec de telles caractéristiques serait sans aucun doute un grand point d’appui pour le développement de processus révolutionnaires visant à remettre en cause l’ensemble de l’ordre impérialiste. L’unité internationale de la classe ouvrière, plus nécessaire que jamais, ne pourra se développer que sur la base d’une intervention dans les processus de lutte actuels. Plus que jamais, la situation s’accélère.

01/03/2022.

La Fraction Trotskyste - Quatrième Internationale (FT-QI) est une organisation révolutionnaire internationale, à l’origine du réseau international de journaux La Izquierda Diario, présent dans 14 pays et en 8 langues.

Organisations membres :

Argentine : Partido de los Trabajadores Socialistas (PTS)

Brésil : Movimento Revolucionário de Trabalhadores (MRT)

Chili : Partido de Trabajadores Revolucionarios (PTR)

Mexique : Movimiento de los Trabajadores Socialistas (MTS)

Bolivie : Liga Obrera Revolucionaria (LOR-CI)

Etat espagnol : Corriente Revolucionaria de Trabajadoras y Trabajadores (CRT)

France : Corriente Comunista Revolucionaria (CCR)

Allemagne : Revolutionäre Internationalistische Organisation (RIO)

Etats-Unis : Left Voice

Venezuela : Liga de Trabajadores por el Socialismo (LTS)

Uruguay : Corriente de Trabajadores Socialistas (CTS)

Organisations sympathisantes :

Costa Rica : Organización Socialista Revolucionaria (OSR)

Italie : Frazione Internazionalista Rivoluzionaria (FIR)

Pérou : Corriente Socialista de las y los Trabajadores (CST)