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Avec Mélenchon, des économistes qui veulent politiser l’économie

économie Mélenchon

Lien publiée le 11 mars 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Avec Mélenchon, des économistes qui veulent politiser l’économie | Alternatives Economiques (alternatives-economiques.fr)

Le candidat de l’Union populaire, qui présentera samedi le chiffrage de son programme, a été rejoint pour cette campagne par des économistes hétérodoxes désireux de tourner la page du néolibéralisme.

Premier invité d’« Elysée 2022 », la nouvelle émission politique de France 2, jeudi 10 février, Jean-Luc Mélenchon, costume bleu clair et bien sûr cravate rouge, s’apprête à débattre avec une personnalité aux opinions économiques diamétralement opposées aux siennes : le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.

Comme toujours dans ce genre d’émission, les candidats viennent accompagnés de leurs soutiens. Assis dans le public derrière le député insoumis, on distingue au premier rang les parlementaires Clémentine Autain, Adrien Quatennens ou Danièle Obono, tandis que le second est occupé par de nouvelles têtes, dont deux économistes : Aurélie Trouvé et Eric Berr.

Ces derniers font partie du parlement de l’Union populaire (UP), le mouvement spécialement créé pour la présidentielle. Officialisée début décembre, cette assemblée de plus de 200 personnes est composée pour moitié d’insoumis et pour moitié de personnalités extérieures – élus d’autres partis, militants associatifs, syndicalistes, artistes ou universitaires. L’objectif est de montrer, qu’à défaut d’une union de la gauche, Jean-Luc Mélenchon est capable de rassembler au-delà de ses militants.

Aurélie Trouvé préside cette assemblée. Ingénieure agronome de formation, ancienne haute fonctionnaire et maîtresse de conférences en économie à AgroParisTech spécialiste de la politique agricole commune (PAC) européenne, elle a milité pendant onze ans à Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne) avant de démissionner en octobre.

En tant que porte-parole de l’association ces dernières années, elle a endossé le bleu de travail de « Rosie la riveteuse » dans les cortèges contre la réforme des retraites ou dénoncé l’enrichissement des milliardaires durant la pandémie devant la Samaritaine, le luxueux central commercial parisien de Bernard Arnault, recouverte de gouache.

Aurélie Trouvé (à droite), présidente du parlement de l’Union populaire, lors d’une manifestation à l’appel des syndicats pour réclamer des augmentations de salaires, à Paris, le 27 janvier 2022.

Samuel Boivin / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Altermondialisme et théorie de la régulation

Comme elle, plusieurs économistes membres du parlement de l’UP sont ou ont été membres de l’association altermondialiste, à l’instar de Pierre Khalfa de la Fondation Copernic, Léo Charles, maître de conférences à Rennes-2, ou encore Cédric Durand, professeur à l’université de Genève. Ce dernier y a d’ailleurs milité en même temps que Danièle Obono au début des années 2000.

Pour la plupart, leurs travaux s’inscrivent dans la théorie de la régulation, à l’image de Stefano Palombarini, maître de conférences à Paris-8, dont le directeur de thèse était d’ailleurs Robert Boyer, l’un des fondateurs de cette école de pensée. Contrairement au keynésianisme ou à l’économie néoclassique, la régulation ne s’appuie pas sur une théorie générale mais considère qu’il existe différentes formes de capitalismes, chacune s’inscrivant dans un contexte historique et institutionnel donné.

Dans le monde des économistes, les tenants de cette approche sont classés parmi les hétérodoxes, tout comme les post-keynésiens, dont fait partie Eric Berr, maître de conférences à l’université de Bordeaux. Ce dernier est, avec Léo Charles et Cédric Durand, membre des Economistes atterrés, une association de chercheurs publiant régulièrement des ouvrages critiques envers les politiques néolibérales et formulant des propositions alternatives. Qu’il s’agisse d’Attac ou des Atterrés, tous se sont mis en retrait de ces structures le temps de la campagne.

Le parlement de l’UP compte également des sociologues travaillant sur les enjeux économiques, notamment Benjamin Lemoine, chargé de recherche CNRS à l’Irisso de Paris-Dauphine, connu pour ses travaux sur la dette publique, et le Suisse Razmig Keucheyan, professeur à l’université de Bordeaux. Ce dernier, membre du NPA à ses débuts, comme Danièle Obono et Cédric Durand, et d’Attac Genève, est spécialiste des nouvelles pensées critiques et de l’écologie. Il a écrit sur la planification et la financiarisation de la nature.

Des membres cooptés

Plutôt qu’un « parlement », l’assemblée de l’UP ressemble davantage à un « conseil ». Ses membres n’ont pas été élus, mais cooptés.

Après une rencontre avec Jean-Luc Mélenchon pour parler de son livre L’illusion du bloc bourgeois (Raisons d’agir, 2017) coécrit avec Bruno Amable, Stefano Palombarini est invité aux « Amfis », sorte d’université d’été de La France insoumise qui se sont tenues fin août à Valence, pour parler de ses travaux devant les militants.

« C’est là que Manuel Bompard, le directeur de campagne, m’a demandé : si un espace, non pas militant mais composé de personnalités extérieures, était créé, est-ce que ça m’intéresserait d’y participer ? J’ai répondu : oui, pourquoi pas », raconte-t-il.

La même proposition a été faite à Cédric Durand, intervenu à Valence sur le thème de la planification. Proche d’Aurélie Trouvé et de Razmig Keucheyan, il a alors donné un accord de principe avant de confirmer quelques mois plus tard lorsque l’ex-porte-parole d’Attac a pris la tête du parlement de l’UP.

« Je voulais avoir la garantie que l’espace autour d’Aurélie était pluriel, composé de gens venus de sensibilités sociales et politiques diverses, et qui ne sont pas le cœur de La France insoumise », confie-t-il. « Aujourd’hui, je n’ai pas l’impression d’un ralliement à un appareil qui fonctionne sur lui-même. »

Ce caractère de non-affilé du parlement de l’UP, permettant de faire campagne sans être encarté à LFI, a été un élément qualifié par beaucoup de « décisif » dans leur décision.

Cet alliage de meneurs de luttes autour d’un projet politique est une forme de concrétisation du « bloc arc-en-ciel » – en référence à cette alliance politique de mouvements Hispaniques, Blancs et Noirs américains de la fin des années 1960 – qu’appelle de ses vœux Aurélie Trouvé dans un livre paru en septembre1.

La démocratie plutôt que le marché

Au-delà du format du parlement de l’UP, leur choix de rejoindre la campagne est aussi motivé par la stature de Jean-Luc Mélenchon, seul candidat de gauche en capacité d’être au second tour, estiment-ils. En outre, pour Aurélie Trouvé, la participation de Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Fabien Roussel à la manifestation du 19 mai devant l’Assemblée nationale à l’appel des syndicats de policiers a été rédhibitoire.

Surtout, ce qui distingue le candidat de l’UP aux yeux de ces économistes, c’est son programme, qualifié « de rupture » par plusieurs d’entre eux. L’Avenir en commun propose de « gouverner à partir des besoins », comme le répète Jean-Luc Mélenchon. Il s’agit de définir démocratiquement ces besoins en partant du terrain, puis de les faire remonter afin que l’Etat, par la planification, coordonne l’économie pour les satisfaire en un temps donné. Cette stratégie s’inscrit en faux par rapport à la gestion actuelle de l’économie, dite « néolibérale », basée sur des investisseurs privés à la recherche de la meilleure rentabilité à court terme.

Cette approche par les besoins et le temps long, on la retrouve dans les ouvrages des chercheurs publiés avant qu’ils ne rejoignent la campagne. Aurélie Trouvé défend par exemple la planification écologique dans Le bloc arc-en-ciel, Eric Berr et Léo Charles ont participé à l’ouvrage des Atterrés De quoi avons-nous vraiment besoin ? (Les Liens qui libèrent, 2021) et Razmig Keucheyan est l’auteur des Besoins artificiels. Comment sortir du consumérisme (Zones, 2019).

Dans un article intitulé « L’heure de la planification écologique » publié dans Le Monde diplomatique de mai 2020, le sociologue suisse et Cédric Durand estiment que, face aux enjeux environnementaux, le marché ne parvient pas à coordonner efficacement l’offre et la demande. Ainsi, l’urgence écologique nécessite, selon eux, « un recul des mécanismes marchands au bénéfice d’une politisation de l’économie », afin d’imposer « un contrôle démocratique sur les choix de production et de consommation ».

« Dans la partie du programme sur la planification, il n’est pas étonnant de reconnaître la patte de Cédric et Razmig », souligne Aurélie Trouvé. « Pour élaborer l’Avenir en commun, les insoumis sont allés chercher des idées chez des intellectuels, des ONG, des syndicats, etc. dont on retrouve certains membres dans le parlement de l’Union populaire. On forme une communauté de pensée. »

Sa patte à elle, on la retrouve dans le « plan alimentation ». Alors qu’en 2017, l’Avenir en commun avait été complété par des « livrets », la nouveauté de cette campagne 2022 est la publication de « plans », qui se veulent très opérationnels en indiquant des mesures précises à prendre une fois au pouvoir, par exemple doubler les fonds de la PAC que la France alloue à l’agriculture bio.

Ce travail sur les plans est leur seule contribution directe au programme, puisque l’Avenir en commun, déjà défendu en 2017, a été réactualisé dans les grandes lignes en octobre 2020 avant de paraître en librairie en novembre dernier, soit un mois avant la constitution officielle du parlement de l’UP.

« Le programme, c’est le socle politique, la base de travail commune. Ensuite, on intervient dans la campagne de façon totalement autonome et décentralisée », affirme Cédric Durand.

Intervenir dans le débat public

Ainsi, hormis Aurélie Trouvé dont la fonction de présidente implique des tâches plus vastes, les économistes du parlement de l’UP ont pris l’initiative de se rassembler en un groupe et de participer au début public en lançant un blog sur Mediapart et un compte Twitter baptisé « Upéco ». Ce dernier, animé par Léo Charles, dénombre aujourd’hui un peu plus de 3 000 abonnés. Leur objectif est de contrer le discours dominant sur les grandes thématiques économiques comme la dette, les services publics ou les inégalités.

Ce travail n’est pas alimenté uniquement par les membres officiels du parlement de l’UP. Ces derniers ne sont que la face émergée de l’iceberg, puisqu’ils échangent régulièrement avec une quinzaine de consœurs ou confrères économistes, experts de thématiques différentes, souhaitant contribuer à la campagne tout en restant anonymes pour certains.

Pas plus qu’ils ne sont élus, comme indiqué plus haut, les membres du parlement de l’UP ne votent des décisions. La ligne politique est définie en amont par le candidat et son équipe. « On est complètement autonomes sur les notes de blog, parce qu’on est conscient aussi des limites politiques », souligne Stefano Palombarini. « Par exemple, sur le déficit commercial, on sait que la position de campagne est de rester dans l’euro, donc ce n’est pas la peine d’écrire sur l’option de la dévaluation. »

En revanche, « nos échanges entre économistes sont quotidiens et intenses, et, au-delà de l’expertise, on fait remonter des positions communes à Jean-Luc Mélenchon, qui répond beaucoup », relate Stefano Palombarini, assurant qu’il y a « une vraie possibilité de faire évoluer son discours sur certains sujets ».

Les économistes sont aussi là pour aider le candidat à préparer des passages dans les médias, comme le débat face au patron du Medef sur France 2. « On a préparé tout un tas de notes et d’argumentaires avec les réactions "prévisibles" de Geoffroy Roux de Bézieux », raconte Léo Charles. Ce travail préliminaire ainsi que leurs échanges nourris durant l’émission leur ont permis de tweeter en temps réel des contre-arguments et des graphiques sur le compte de l’Upéco, republiés deux jours plus tard dans un post de blog.

En outre, les économistes se concertent pour la publication de tribunes de soutien à Jean-Luc Mélenchon, dont deux sont parues dans Libération et Le Grand Continent. Ils en écrivent également avec les autres membres de l’UP sur des propositions thématiques, par exemple sur la politique agricole ou l’enseignement supérieur, et participent à des débats publics, dans les universités notamment.

Les deux figures de 2017 absentes

Enfin, certains sont mobilisés pour le chiffrage du programme, qui sera présenté ce samedi à 17 heures en direct sur les réseaux sociaux de la campagne. En 2017, l’exercice avait duré près de cinq heures et demie. Sur le plateau, Jean-Luc Mélenchon était entouré à l’époque par Jacques Généreux et Liêm Hoang-Ngoc. Aucun des deux n’est de la partie cette année.

A la différence de la plupart de leurs confrères du parlement de l’UP, ces universitaires sont aussi des militants politiques de longue date. Tous deux étaient membres des instances nationales du Parti socialiste, dont ils occupaient l’aile gauche aux côtés d’Henri Emmanuelli.

Jacques Généreux participe à la fondation du Parti de gauche et se présente aux européennes 2009 mais ne passe pas la barre de 5 %. Au même moment, Liêm Hoang-Ngoc est, lui, élu député européen. Ce n’est qu’en 2015 qu’il quitte le PS et tente de créer un nouveau mouvement avec les déçus du parti. Il est élu aux régionales dans le Sud-Ouest la même année, puis rejoint La France insoumise dès son lancement en 2016.

Pour Liêm Hoang-Ngoc, le divorce va éclater dès l’été 2018 dans la perspective des européennes l’année suivante. Il estime que son courant des « socialistes insoumis » n’est pas suffisamment représenté sur les listes. Dans une tribune au Monde, il met en doute le sérieux du travail des équipes de Jean-Luc Mélenchon, notamment sur la question de l’euro. La menace d’une sortie en cas d’échec d’une renégociation des traités, le plan B de l’époque, était selon lui une posture électoraliste, car « aucune évaluation d’une sortie de l’euro n’était commandée par le candidat », écrivait-il.

L’économiste, qui a participé à la campagne avortée d’Arnaud Montebourg cette année et soutien désormais Fabien Roussel, est toujours très critique envers ses anciens camarades.

« L’Avenir en commun est un plan détaillé où chaque chapitre est destiné à capter un segment électoral, mais en pratique, au-delà de l’opération de communication sur le chiffrage, c’est on rase gratis », lance-t-il. « Le travail de fond n’est pas vraiment sérieux dans ce mouvement. Contrairement à ce que Jean-Luc Mélenchon prétend. »

Jacques Généreux (à gauche) et Liêm Hoang-Ngoc (à droite), lors de la présentation du chiffrage du programme en 2017.

FRANCOIS GUILLOT / AFP

Des relations distendues avec les intellectuels après 2017

La situation de Jacques Généreux est très différente. Figure des campagnes de 2012 et 2017, l’économiste était coresponsable avec la juriste Charlotte Girard du programme lors de la précédente présidentielle. Chez LFI, on nous répond que tantôt il a décidé de se consacrer à ses activités dans l’édition, tantôt que les contacts sont réguliers avec lui. L’économiste avance une tout autre version : « On m’a mis sur la touche et je ne sais pas pourquoi », confie-t-il.

Il indique avoir toutefois déjeuné avec Jean-Luc Mélenchon ou d’autres élus insoumis ces cinq dernières années, se disant disponible pour travailler au projet. Mais, affirme-t-il, personne ne l’a sollicité… jusqu’à l’automne dernier, où on lui propose de rejoindre le parlement de l’UP. Une offre qu’il décline.

« J’aurais accepté de participer à une véritable instance de préparation du programme un ou deux ans plutôt. Mais faire la potiche dans une simple opération de communication politique, je n’en voyais pas l’utilité », explique-t-il.

Malgré tout, l’universitaire assure que « cela ne change rien, Jean-Luc Mélenchon reste le seul candidat qui puisse avoir mon vote ».

Jacques Généreux ne semble pas être le seul dont les contacts avec les insoumis se sont raréfiés. « Plusieurs agents publics et des intellectuels proches du mouvement déplorent que leurs travaux ne soient ni portés politiquement, ni métabolisés par le groupe parlementaire à l’Assemblée. A les en croire, les députés et leurs affidés disposeraient aujourd’hui des pleins pouvoirs sur le front des idées », d’après les informations de La Lettre A.

En interne, une source nous explique que les députés se sont fait aspirer par le travail parlementaire et manquaient de temps pour étudier et répondre aux contributions qui leur parvenaient. Lassés, plusieurs de ces hauts fonctionnaires et intellectuels ont cessé de s’investir pour se consacrer à leurs recherches, sans forcément partir fâchés.

Certains se sont rabattus sur Intérêt général, un think tank animé par « Boris Bilia », statisticien sous pseudo exerçant dans l’administration, qui a rédigé le programme économique de 2017. Dans le conseil scientifique figurent par exemple Charlotte Girard et Clémence Guetté, secrétaire générale du groupe insoumis à l’Assemblée.

Le think tank a publié en février 2021 une note, à laquelle a participé Thomas Piketty, proposant de fixer un héritage maximal à 12 millions d’euros et de redistribuer les gains sous forme d’une allocation mensuelle versée à tous les jeunes sur une période donnée. La mesure a depuis été reprise par le candidat de l’Union populaire.

Chez les insoumis, on met en avant la particularité d’une campagne présidentielle, où de grands espaces de discussions sont mis en place mais sont difficiles à maintenir dans le temps. De même que certains ont pris leur distance parce que leur vie privée évolue. Il faut dire qu’en 2017, nombre de militants, notamment dans le premier cercle autour du candidat, étaient encore étudiants ou doctorants et certains ont aujourd’hui une vie de famille.

Des jeunes diplômés des grandes écoles

Pour autant, tout le monde n’a pas déserté. Et les étudiants de 2017, souvent dans des grandes écoles comme Sciences Po, sont aujourd’hui diplômés et en poste dans les ministères ou à l’université, comme Hadrien « Toucel ».

Ce sociologue du travail, lui aussi sous pseudo, a bûché sur la stratégie européenne avec les fameux plans A et B lors de la précédente présidentielle. Cette fois, il est coresponsable de l’Avenir en commun. Toutes les auditions et les contributions sont passées entre ses mains et celles de Clémence Guetté avant d’être inscrite dans le programme.

Par son expertise, il a travaillé entre autres sur la proposition d’instaurer une garantie d’emploi. Déjà dans sa version de 2017, l’Avenir en commun intégrait l’idée d’un « droit opposable à l’emploi » : en clair, un chômeur en fin de droits pourrait exiger de l’Etat qu’il lui trouve un job. Depuis, Hadrien Toucel a participé à l’audition à l’Assemblée par les députés insoumis en janvier 2020 de l’économiste américaine Pavlina R. Tcherneva, figure de proue de la théorie monétaire moderne et autrice d’un livre sur la garantie d’emploi traduit en français l’année passée.

Désormais, le programme prévoit que L’Etat doit fournir à tout chômeur de longue durée volontaire un emploi payé au moins au Smic (promis à 1 400 euros net) dans un secteur d’urgence, autrement dit une activité qui ne soit ni pérenne ni du ressort de la fonction publique, comme travailler sur un projet d’isolation de logements ou aller à la rencontre des citoyens pour les inscrire sur les listes électorales.

Hadrien Toucel coordonne également la réalisation du chiffrage du programme, qui mobilise, indique-t-il, une cinquantaine d’experts, travaillent dans des instituts de prospective ou dans des ministères, ainsi que des membres du parlement de l’UP.

Ces derniers, une fois la campagne passée, retrouveront leurs activités respectives à Attac ou aux Atterrés, sauf Aurélie Trouvé qui se présentera aux législatives en Seine-Saint-Denis.

Parmi les économistes, plusieurs espèrent que le parlement de l’Union populaire ne s’arrêtera pas au lendemain de la présidentielle, mais qu’il puisse être une base de travail pour une refonte intellectuelle de la gauche. Tout dépendra aussi du score que fera Jean-Luc Mélenchon le 10 avril.

  • 1.Le bloc arc-en-ciel. Pour une stratégie politique radicale et inclusive, par Aurélie Trouvé, La Découverte.