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Hommage à André Vanoli
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Hommage à André Vanoli - Économie et politique (economie-et-politique.org)
André Vanoli s’est éteint après une longue vie consacrée, comme économiste et comme statisticien public, au bien commun.
La revue Economie&Politique, revue marxiste d’économie qu’il a cofondée en 1954, est en deuil, ainsi que ses amis et anciens camarades de la commission économique du parti communiste français, comme les communistes de l’Insee de la cellule Jacques Kahn.
André Vanoli fut un des fondateurs de la revue et longtemps un pilier de la section économique du PCF, avec les regrettés Jacques Mayer et André Nataf tôt parti.
Il était aussi un grand comptable national, ayant eu de hautes responsabilités à l’Insee, un statisticien-économiste à l’autorité mondialement reconnue. Il fut aussi secrétaire général du CNIS, organe de dialogue et de concertation avec la société civile organisée, utilisateurs et producteurs de statistique dans une conception ouverte de l’État, de l’administration et, au fond, de la démocratie. Ses travaux pour la comptabilité nationale furent au service du bien commun, ancrés forcément sur la valeur ajoutée, mais bien au-delà. Ses combats sur l’importance et la nouveauté de la R&D incitent, au-delà des débats, à une recherche vivante non ossifiée. De même, ses travaux pionniers sur les statistique de l’environnement avec son ami et ex-camarade, lui aussi, le regretté Jacques Mayer. Son insistance sur la rigueur et la théorie à relier avec la comptabilité nationale suscitent le respect et nous incitent à ne pas perdre le contact avec celles-ci. Son livre majeur l’illustre fort bien. Un de ses préceptes : la nature n’a pas de valeur marchande, même si certains dispositifs institutionnels lui confèrent un prix, mais ce qui a de la valeur, c’est le travail d’entretien et de réparation, voire d’amélioration de celle-ci. Homme de la norme (comptable), mais d’une norme raisonnée et qu’on fait évoluer selon des objectifs de description d’un réel sur lequel on veut donner les moyens d’agir en le comprenant, on peut dire qu’il était un peu hors norme : communiste, puis haut fonctionnaire reconnu mondialement.
Issu d’un milieu ouvrier du Pas de Calais et fils d’un immigré italien, son parcours et son apport illustrent la trajectoire d’émancipation qui a pu être possible dans une certaine France de l’après-guerre, et ce que le pays y a gagné. Les échanges qu’il a eus au sein du PCF, de sa commission économique, n’y sont probablement pas étrangers, lieu de débats, de réflexions, de relation à la pratique, à la réalité des entreprises, de la production et de l’exploitation, lieu d’échanges entre des intellectuels de haute valeur, des jeunes et des ouvriers. Sa trajectoire et sa personne illustrent aussi l’apport du monde ouvrier à la richesse intellectuelle de la France et au monde, un apport qui n’a pas perdu le lien avec le réel et a une haute conception du bien commun.
Venu à l’économie par son engagement pour la transformation sociale, dans l’immédiat après-guerre, il fut dans les années 1950 simultanément responsable politique et économiste.
D’abord responsable national de l’UJRF, prédécesseur de la jeunesse communiste, il a été ensuite permanent du PCF.
En 1957, lors de la « première crise de la section économique du PCF », il est poussé à quitter la section économique, ou en est écarté. La raison en était qu’il critiquait, comme une partie importante de la section et dans le contexte qui a suivi le rapport de Khrouchtchev sur le stalinisme, la thèse thorézienne de « paupérisation absolue » de la classe ouvrière durant les années 1950. Non seulement cette thèse était en contradiction de plus en plus flagrante avec des statistiques solides (déjà les statistiques !), mais aussi au service d’une position politique bien trop conjoncturelle dans un contexte dogmatique véhiculé par les dirigeants soviétiques : il ne pouvait pas, pour eux, y avoir de sortie de crise du capitalisme après 1945. Déjà, les noces difficiles du pouvoir politique et des réalités économiques ! Mais « les faits sont têtus », comme aimait à le dire Lénine !
Et pourtant si. Il y avait une sortie de crise ! C’est précisément à ce moment-là, dans la suite de ces combats d’André Vanoli et des autres, au sein de la même section économique du PCF, que Paul Boccara, mon père, poursuivant ces combats, développe ses propres travaux sur la théorie du CME, nouvelle phase du capitalisme, véritable reprise de longue période bien que contradictoire. Mon père n’avait de cesse de rappeler le rôle d’André Vanoli, mais aussi que ce dernier, qui était de deux ans son aîné, lui avait beaucoup appris.
André Vanoli s’est donc éloigné, et ce fut difficile, d’autant que le pouvoir lui a tenu rigueur de ses engagements (il fut empêché de se présenter au concours de l’ENA). Mais il s’est éloigné sans partir vraiment. Et quand il arrivera à l’INSEE, en 1967 comme contractuel, après le ministère des Finances, il nouera des liens forts avec tous les progressistes et, singulièrement avec les communistes de l’INSEE qui lui doivent beaucoup, même si ses liens avec le marxisme se sont distendus. Chacun selon sa personnalité et son parcours, nous sommes un peu ses enfants.
Quelques années plus tard, c’est bien sûr vers 1967-69 le tournant inverse vers une crise de longue période, dans le repérage de laquelle les statisticiens de l’Insee ont joué un rôle important avec les travaux sur la fameuse Fresque historique du système productif. Mais c’est une autre histoire !
Il faut dire tout particulièrement l’ouverture d’André Vanoli aux jeunes, au nouveau, ainsi que les liens de sympathie conservés, permanents. Et son souci de l’histoire. Il était patient, à l’écoute, mais tenace dans ses argumentations. Personnellement, j’ai été particulièrement touché, et intéressé, lorsque en 2014 (20 ans après sa retraite !), il a tenu à assister à la présentation de mes travaux sur les multinationales, issus de ma thèse, et à les discuter très précisément. Sur le terrain des concepts !
Il a toujours été, tel que j’ai pu le croiser en tout cas, très simple ! Et très disponible pour toutes les générations.
Au nom de la revue Economie&Politique, au nom de la commission économique du PCF, au nom de ses ex-camarades et toujours amis de la cellule Jacques Kahn des communistes de l’INSEE, et en mon nom propre, je tiens à faire part de mes condoléances à sa famille et à ses proches.
Merci à André Vanoli et longue vie à ses travaux !