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Non à la guerre de Poutine, non aux surenchères militaristes de l’Otan, Non à l’union nationale belliciste !

Lien publiée le 20 mars 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

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La guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui en est à sa quatrième semaine, semble suivre une logique dévastatrice et criminelle qui échappe à tout contrôle. Les troupes russes sont aux portes de Kiev, elles poursuivent leur lente et sanglante progression, assiègent et bombardent les villes, semant la mort et la terreur, poussent la population à l’exode et laissent sur leur passage désolation et ruines. Marioupol est le symbole du martyre de l’Ukraine devenue le théâtre d’expérimentations militaires.

La stupeur, l’émotion se combinent à l’inquiétude, l’angoisse, et au sentiment d’impuissance qui cherche une réponse dans de multiples gestes de solidarité. Les discours d’indignation et de morale des médias va-t-en guerre paralysent toute compréhension, les cerveaux sont submergés par la propagande qui, ici aussi, ment. Macron, auto-promu à la fois diplomate et militaire en chef, instrumentalise la guerre à des fins électorales étouffant une opposition qui n’a d’autre politique que de se rallier à l’union nationale au nom de la solidarité avec la résistance du peuple ukrainien.

Il prétend « essayer de stopper cette guerre sans faire la guerre » et « obtenir le plus vite possible un cessez-le-feu » en espérant parvenir à « une architecture de paix », alors que les seuls actes concrets et pratiques vont dans le sens des surenchères bellicistes orchestrées par Biden et l’Otan. Comment peut-on laisser croire que l’Otan défendrait la résistance de la population d’Ukraine, son droit à l’autodétermination alors que depuis près de trente ans, sous la direction des USA et avec la complicité active de l’UE, elle utilise les pays de l’ancien glacis soviétique à ses propres fins géostratégiques, militaires et politiques pour encercler la Russie sur ses frontières ouest ?

La solidarité avec la résistance des travailleurs et de la population d’Ukraine est une politique pour en finir avec la guerre plutôt que de faire appel aux principaux fauteurs de guerre que sont les pays membres de l’Otan. La politique du mouvement ouvrier n’est pas de demander l’envoi d’armes à l’État ukrainien, ce que les puissances de l’Otan ne manquent pas de faire pour le plus grand profit des marchands de canon, mais de construire, en fonction des rapports de force, des possibilités, une opposition internationaliste à la guerre en combattant toute forme de nationalisme, en particulier l’hystérie antirusse qui se développe.

Les prétendus amis des peuples ukrainiens ne font rien pour la paix, tout pour la guerre

L’évolution même de la guerre démontre à quel point la fiction selon laquelle l’Otan ne serait pas directement impliquée est un mensonge. Les grandes puissances dont les USA n’ont pris aucune initiative qui puisse ouvrir la porte à de véritables négociations de paix.

La criminelle fuite en avant de Poutine comme les surenchères bellicistes de l’Otan rendent tout compromis impossible. Certes, les pourparlers se poursuivent entre l’Ukraine et la Russie mais ils ne peuvent déboucher tant qu’aucune initiative ne vient des USA et de leurs alliés.

Zelensky a déclaré qu'il fallait « reconnaître » que l'Ukraine ne pourra pas adhérer à l'Otan ce qui répond à une des exigences formulées par Moscou qui a proposé un compromis- un « statut neutre » comme la Suède ou l’Autriche – qui a été rejeté par Kiev.

L’arrêt de la guerre supposerait que les grandes puissances, les USA veuillent discuter de règles internationales codifiant la sécurité en Europe et aussi dans le monde qui puissent garantir le respect du droit des peuples et la sécurité des États alors qu’ils ne connaissent que la loi du plus fort, du rapport de force économique, financier, militaire.

Leur objectif est bien d’affaiblir la Russie, de la soumettre, de défendre leurs propres intérêts pétroliers et gaziers au risque de voir les surenchères guerrières internationaliser encore plus le conflit. Les institutions de ce qu’il est convenu d’appeler « la communauté internationale », l’ONU, n’ont pour fonction que de donner un cadre juridique, une justification morale à la politique du plus fort qui sait s’en passer quand cela le gêne.

L’assemblée générale de l’ONU a adopté la résolution des États-Unis sur la guerre d’Ukraine sans mettre en place le moindre cadre visant à trouver une réponse et une issue diplomatiques. Elle a, depuis, exclu la Russie du Conseil de l’Europe.

Par contre, l’Otan ne manque pas d’initiatives. Mardi dernier, son secrétaire général, Stoltenberg, a annoncé la convocation d’un sommet extraordinaire des dirigeants des pays de l'Alliance le 24 mars à Bruxelles, où se tiendra aussi une réunion des chefs d’État et de gouvernement de l'UE en présence de Joe Biden. Le sommet portera « sur les conséquences de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, notre ferme soutien à l'Ukraine, et le renforcement de la dissuasion et de la défense de l'Otan face à une nouvelle réalité pour notre sécurité. […] En cette période critique, l'Amérique du Nord et l'Europe doivent continuer à faire front ensemble au sein de l'Otan ».

Biden et l’Otan poursuivent leur objectif tirant tous les avantages de l’odieuse et folle agression russe. Biden le reconnaît explicitement lorsque, dans son discours annonçant de nouveaux envois d’armes à l’Ukraine, il déclare, « En fait, nous avons commencé notre assistance à l’Ukraine avant le début de cette guerre ». Il confirme ce que tout le monde sait, le projet longuement mûri des USA d’utiliser l’Ukraine contre la Russie. Et il démontre qu’il a, en refusant toute discussion sur les demandes de garantie de sécurité de la Russie, poussé l’autocrate à franchir la ligne rouge. Et, dans le même temps, il met en garde son adversaire principal sur « les implications et conséquences si la Chine fournissait un soutien matériel à la Russie alors qu'elle mène une attaque brutale contre les villes et civils ukrainiens ».

La guerre et son risque d’extension participent du désordre capitaliste mondialisé

La barbarie de la guerre, le cynisme de l’autocrate ne peuvent faire oublier les tout aussi cyniques provocations de l’Otan ni qu’un des principaux facteurs de guerre dans le monde aujourd’hui est la prétention des USA à perpétuer leur domination, la loi du dollar et du Pentagone.

La dimension internationale de la guerre est une évidence. Dans la foulée de la pandémie, elle vient révéler l’absurdité réactionnaire de la façon dont l’humanité aujourd’hui, dans le cadre du capitalisme financiarisé mondialisé produit et échange les biens dont elle a besoin comme l’absurdité de la façon dont elle gère les relations entre les peuples, prisonnière de cette barbarie que représentent la propriété capitaliste, les États et les frontières qui la protègent.

La guerre bouleverse l’économie mondiale. La politique des USA pourrait bien se retourner contre eux, elle accélère des réorganisations qui entérinent l’affaiblissement du dollar, renforcent la Chine et, quelle qu’en soit momentanément l’issue, elle ne peut qu’aggraver l’instabilité du monde, les tensions économiques, financières, la concurrence et les sources de nouveaux conflits y compris militaires, des guerres.

La page de la mondialisation heureuse qui devait apporter le bien-être, la démocratie et la paix américaine au monde est définitivement tournée. Après la guerre en Irak, la crise de 2007-2008, la déroute en Afghanistan, l’offensive des USA et de l’Otan débouche sur une catastrophe militaire. Poutine porte une lourde part de responsabilité qui n’exonère cependant nullement les USA et leurs alliés comme, plus globalement, la logique barbare des rapports de concurrence mondialisée qui régissent les rapports internationaux.

Cette guerre est la conséquence de la stagnation du capitalisme mondial où la folie des profits dévore l’économie réelle et exacerbe la concurrence. Son développement international remet en cause l’ouverture des relations commerciales, financières, la globalisation de la production. « Le conflit porte un coup majeur à l'économie mondiale qui va affecter la croissance et faire grimper les prix », selon les propos même de la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, qui ajoute : « la guerre pourrait modifier fondamentalement l'ordre économique et géopolitique mondial, si le commerce de l'énergie se modifie, si les chaînes d'approvisionnement se reconfigurent, si les réseaux de paiement se fragmentent et si les pays repensent leurs réserves de devises. » Les sanctions « sans précédent » imposées par les pays alliés conduisent à « une contraction brutale de l'économie russe » et même « à une profonde récession ».

« La guerre en Ukraine signifie la faim en Afrique », a-t-elle ajouté, tandis que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, mettait en garde contre « un ouragan de famines » dans de nombreux pays déjà fragiles.

En excluant la Russie de la globalisation, demain la Chine, le capitalisme occidental remet en cause les fondements de son propre développement, le marché mondialisé. La libre concurrence débouche sur un nouveau morcellement du monde accompagné d’une montée des nationalismes et du militarisme.

Le refus du capital américain d’accepter la fin de sa domination « unipolaire » devenue impossible et totalement réactionnaire met en échec la possibilité d’un monde « multipolaire », qui supposerait un nouvel ordre mondial fondé sur la coopération consciente des peuples.

Jusqu’alors le capitalisme n’a pu se réguler à l’échelle internationale que par la force économique, financière et militaire d’une puissance dominante, la Grand Bretagne d’abord puis, à travers les guerres mondiales et les guerres coloniales, les USA.

Cette époque est révolue, aucune puissance dans le capitalisme multipolaire ne peut continuer seule à réguler, par la force, la marche anarchique du capitalisme.

Leur nouvel ordre « multipolaire » ne peut être qu’un désordre mondialisé qui repose inévitablement sur des actes de guerre et une concurrence impitoyable entre les puissances grandes, moyennes et petites. Aucune nation ne peut échapper à cette logique de conflits et d’affrontement. Dans ce contexte, le droit des nations à disposer d’elles-mêmes est un vain mot s’il ne signifie pas la lutte contre l’ensemble des rapports capitalistes. Les nations les plus faibles ne peuvent survivre qu’en cherchant un allié, un protecteur plus fort, ou à rentrer dans un système d’alliances qui puisse lui garantir une sécurité armée. Et en payant le prix d’entrée, l’abandon de sa souveraineté, de la maîtrise de ses richesses, en vendant les intérêts des travailleurs, de son peuple à son prédateur-protecteur. Les peuples d’Ukraine payent un tribut sanglant à cette implacable logique.

Refus de l’union nationale, indépendance de classe

Les nouveaux rapports de force contraignent le mouvement ouvrier à ouvrir les yeux sur la réalité du désordre mondial pour avoir sa propre politique d’indépendance de classe refusant toute union nationale, c’est-à-dire en s’émancipant de l’opinion officielle que la propagande des États construit en flattant les émotions, en dominant les esprits par la brutalité des faits, l’horreur de la guerre.

Notre propos n’est pas de tirer des traits d’égalité, ou de renvoyer dos-à-dos en prenant comme instrument de mesure une morale abstraite, les impératifs catégoriques de la paix ou du droit des nations. Il est de comprendre les enchaînements de la lutte de classes qui conduisent à la guerre pour tenter, même dans des rapports de force extrêmement défavorables, d’y intervenir ne serait-ce qu’en éclairant les travailleurs sur les causes et effets de ce qui les frappe directement ou indirectement. Le monde du travail ne pourra apporter de réponse aux drames qui menacent l’humanité que s’il comprend sans être dominé, subjugué par la violence de la propagande officielle pour prendre conscience qu’il ne pourra y avoir de paix démocratique respectueuse des droits des nations sans la conquête du pouvoir par le prolétariat pour construire un ordre mondial fondé sur la coopération des peuples.

« Non à la guerre. Ne croyez pas à la propagande. On vous ment, ici » disait la pancarte brandie par la journaliste russe Marina Ovsïannikova, qui a fait irruption dans le JT du soir de la chaîne de télévision russe Pervy Kanal. C’est bien là l’arme essentielle contre l’autocrate guerrier, la lutte contre sa propre bourgeoisie, la conscience des travailleurs et des classes populaires de Russie, leur solidarité avec leurs frères ukrainiens auxquels de multiples liens historiques, familiaux, personnels les lient. C’est bien pourquoi Poutine vient de partir en guerre pour une « purification naturelle et nécessaire de la société » contre tous les traîtres à la patrie.

L’agression de Poutine, son nationalisme grand-russe ne peut en retour que renforcer le nationalisme ukrainien pour le plus grand bénéfice de Zelensky et de tous les ennemis des travailleurs. C’est aussi vrai pour ceux d’Ukraine qui doivent se battre contre l’agression russe, sans sombrer dans le nationalisme pour combattre leur propre gouvernement et se donner les moyens de s’adresser à leurs frères de Russie.

La fin du régime de Poutine viendra des travailleurs et des classes populaires de Russie, pas de l’Otan pas plus que le droit à l’autodétermination de l’Ukraine.

Utopie, illusions nous répondront toutes celles et ceux qui ne voient d’issue que dans la politique des gouvernements en place, la solution dans le problème. Non, l’illusion, c’est de demander aux fauteurs de guerre de devenir des acteurs de paix. Pour eux, la paix, c’est leur victoire, le renforcement de leur domination qui annonce une nouvelle guerre.

Notre tâche est d’aider à armer les consciences à s’émanciper de la propagande officielle, de l’union nationale. Les forces de contestation de l’ordre établi injuste et barbare ont devant elles une nouvelle étape de prise de conscience dans la continuité des révoltes qui ont éclaté après la crise de 2007-2008, la vague de mobilisations pour la démocratie sans précédent. La guerre, ses origines, son développement viennent nous rappeler la logique implacable et sans pitié de la lutte de classe menée par le capital et les États. Elle est tout aussi implacable dans la guerre sociale qu’ils vont intensifier pour tenter vainement d’éviter le krach, la faillite de leur système.

La guerre fratricide et absurde d’Ukraine vient rappeler que le pire est possible et l’urgence pour les travailleurs et les peuples de s’émanciper de la politique et de la propagande des classes dominantes pour engager le combat pour le bien-être, la paix et la démocratie, c’est-à-dire le combat pour le socialisme.

Yvan Lemaitre