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L’Inde, le Pakistan, la canicule et la recherche de solutions globales
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
En Inde et au Pakistan, des centaines de millions de personnes vivent un enfer caniculaire. Au-delà d’un moment d’émotion, il y a eu peu de réactions et d’analyses, y compris dans la gauche française, et même parmi les internationalistes comme le NPA.
Un milliard de personnes subissent, dans ces pays, depuis fin mars, une canicule extrême avec des moyennes au-dessus de 40 °C et des pics autour de 50 °C. Les corps humains, de nombreuses espèces animales et végétales sont à leur limite d’endurance. La situation est invivable : pollutions massives, de l’air notamment, nombreux incendies, manque d’eau et coupures fréquentes de courant. Des centaines de millions de personnes, les plus pauvres, qui continuent à assurer les travaux pénibles et en extérieur au péril de leur vie, en souffrent.
Demain est déjà là
L’essentiel est probablement la question de l’agriculture, qui devient impossible sur de vastes territoires entre le Pakistan et le nord-ouest de l’Inde, en raison de la canicule combinée à la sécheresse. Quant à la mousson qui suit habituellement cette période extrêmement chaude, elle est à présent plus courte et d’intensité plus importante, conduisant à de graves inondations et des glissements de terrain. Cela sur des territoires nourrissant des dizaines de millions de personnes. Les scientifiques sont formels : d’ici peu, ces territoires seront inhabitables. Autrement dit des migrations immenses vont avoir lieu et les conditions de vie et de travail pour les classes laborieuses se déplaçant ou restées sur place vont être périlleuses.
Ces canicules sont la conséquence du changement climatique causé par le système de production et de consommation capitaliste. Cela se passe actuellement sur une partie de l’Asie, mais le phénomène est en passe d’être observé ailleurs dans le monde, en Afrique en particulier. Autant dire que le problème est mondial, de même que doivent l’être les solutions envisagées et les luttes enclenchées pour les mettre en œuvre.
Repenser les approches émancipatrices et notre rapport à l’internationalisme
La quasi absence de commentaires et d’analyses dans la presse traditionnelle et militante amène à constater une assez importante déconnexion avec l’urgence environnementale et un manque de connaissance et de liens avec l’Asie du centre.
Ce constat difficile doit nécessairement amener à (re)penser en profondeur les questions stratégiques, tactiques et programmatiques pour les organisations portant, comme le NPA, un projet en rupture avec le système capitaliste. Au risque, sinon, de passer à côté de l’essentiel. Notamment : comment refonder l’entièreté du système agricole et agroalimentaire en prenant concrètement les commandes et en préservant et restaurant les écosystèmes endommagés – car nous ne pouvons nous contenter de nous replier sur des îlots partiels de viabilité.
Les IndienEs, qui ont mené une immense mobilisation en 2019 et 2020 contre une réforme agraire libérale, ont établi un vrai rapport de forces avec le système capitaliste. La destruction de notre environnement étant mondiale, les peuples d’Inde et du Pakistan voient leur survie dépendre de perspectives et de solidarités internationales.
Il est donc de notre responsabilité d’internationalistes de sensibiliser la population de notre pays et de l’Europe à la catastrophe en cours, et de nous appuyer sur les cadres de mobilisation des mouvements climat, mais aussi sur les organisations syndicales ouvrières et paysannes ainsi que sur la gauche politique et écologiste, pour définir et développer des actions concrètes en lien avec les organisations indiennes et pakistanaises.
En outre, nous devons exiger de l’Europe et des pays riches qu’ils mettent en œuvre les moyens nécessaires pour venir en aide aux habitantEs des régions touchées, et le cas échéant, pour développer en profondeur des mesures pour faciliter et organiser les migrations, l’accueil et l’installation des populations contraintes au départ.