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Appel au "dialogue social": le gouvernement veut enfumer les raffineurs !
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Alors que la grève à Total et ExxonMobil commence à avoir un impact important sur l’économie, le gouvernement a appelé Total et la direction de la CGT à retrouver la voie du « dialogue social ». Alors que d’un côté il casse la grève, de l’autre, Macron manie la carotte pour la désamorcer. Ils veulent enfumer les grévistes, c’est le moment d’enfoncer le clou !
Dernièrement, le gouvernement a opéré un recentrage vers le « dialogue social » pour tenter de faire passer sa réforme des retraites en tentant de désamorcer le plus possible la colère qui existe dans le pays. Mais, si tout avait bien commencé, puisque l’ensemble des directions syndicales ont accepté de participer à la négociation de la régression sociale avec le gouvernement, l’impact grandissant de la grève des raffineurs sur l’économie est venu gâcher la manœuvre.
L’impact de la grève des raffineurs s’est en effet fortement amplifié depuis trois jours. Ce ne sont plus des désorganisations d’approvisionnement dont il est question, mais de tendances à la réelle pénurie d’essences qui commencent à se faire sentir, particulièrement dans le Nord (du fait de la grève reconductible) au dépôt Total Flandres. Le gouvernement voit donc revenir au galop sa plus grande crainte : celle d’une véritable pénurie qui pourrait changer l’ambiance sociale du pays.
Face à la perspective d’une grève des raffineurs qui pourrait faire traînée de poudre dans d’autres grandes entreprises françaises, avec la crainte d’une généralisation des luttes pour des augmentations de salaires et bientôt contre la réforme des retraites, le gouvernement cherche donc des artifices pour casser la grève. D’abord la carotte, pour faire preuve d’« ouverture », en attendant le bâton qui, si nécessaire, pourrait prendre la relève.
Ainsi, si pour l’heure les réquisitions ne sont pas encore d’actualité, cela pourrait aller très vite. Le gouvernement vient de déployer un nouvel arsenal pour empêcher les pénuries d’essences, qui pourraient donner l’idée à d’autres secteurs de se mettre en mouvement aux côté des raffineurs. D’abord, accélérer les importations depuis le Benelux, puis, puiser dans les stocks stratégiques, et enfin, pour permettre à tout cette essence d’arriver dans les réservoirs des automobilistes, autoriser les camions citernes à rouler dimanche 9 octobre prochain, pour pallier les difficultés logistiques.
Le but est clairement affiché : il faut que la grève soit à nouveau invisible, indolore. Il faut que « l’ordre » revienne dans le pays, et pour cela, le gouvernement donne des gages... avant de passer à des « méthodes » plus brutales ?
Pour ce qui concerne la carotte, le gouvernement cherche à faire miroiter aux grévistes des augmentations de salaires. Olivia Grégoire, ministre des PME, expliquait ainsi sur France Info : « j’appelle les entreprises concernées qui pour la plupart ont quand même de bons résultats au moment où l’on parle à considérer les demandes d’augmentations de salaires. » Même son de cloche du côté d’Elisabeth Borne, en déplacement à Bordeaux : « J’appelle vraiment à la responsabilité les directions et les représentants des salariés de ces entreprises pour que ces négociations salariales - puisque c’est de ça qu’il s’agit - aboutissent et ne pénalisent pas les Français ».
Mais derrière cet appel à « faire des efforts », il ne faut pas se tromper sur les intentions et les méthodes du gouvernement. Il s’agit pour lui de nous enfumer pour semer la confusion au sein des grévistes et démobiliser à la base. De la sorte, le gouvernement cherche à s’en sortir en mettant pression aux directions syndicales pour qu’elles signent des accords salariales scélérats et, a minima, loin de ce que demande les grévistes à Total, soit 10% d’augmentation pour tous.
C’est tout le sens des déclarations d’Emmanuel Macron de ce vendredi soir pendant une conférence de presse à Prague. S’il a assumé que les « ruptures dans certaines stations » étaient « purement liées à ces mouvements sociaux », il a tenté de rassurer en soulignant que « le gouvernement est pleinement mobilisé » et que « chacun des groupes que j’évoque est en train de finaliser des négociations salariales pour que leurs salariés puissent retourner le plus vite possible au travail ». Il en a également profité pour proférer des menaces à l’encontre des grévistes : « je pense que toutes les revendications salariales sont légitimes, mais il ne faut pas qu’elles empêchent les uns et les autres de vivre et de pouvoir circuler » faisant appel à « l’esprit de responsabilité ».
Alors que Macron souhaite mettre la réforme des retraites au premier plan, le gouvernement cherche à reprendre la main sur une situation dont il n’a plus vraiment le contrôle : le gouvernement est affaibli, les grévistes doivent prendre cette situation à leur avantage, en refusant des augmentations a minima qui seront très rapidement rognés par l’inflation. Ces signes de faiblesse montrent qu’il est possible, pour les raffineurs de Total comme d’ExxonMobil, d’aller au bout de leurs revendications et d’obtenir de réelles augmentations de salaires. La fébrilité du gouvernement montre qu’il faut même aller plus loin, et exiger l’indexation des salaires sur l’inflation.
Aujourd’hui, il est possible d’acculer le patronat. Pas grâce aux « concertations », mais grâce aux méthodes de la lutte des classes : la grève reconductible et le blocage de l’économie. Alors qu’une grève s’est déclarée la semaine dernière dans les centrales nucléaires, la possibilité d’un mouvement d’ensemble est réelle. C’est la seule façon de faire reculer le patronat et le gouvernement sur les deux questions brûlantes du moment : les salaires et la réforme des retraites.