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Quand NTM chante le spleen sur un air de Chopin : That’s my People

Lien publiée le 22 octobre 2022

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Quand NTM chante le spleen sur un air de Chopin : That’s my People (radiofrance.fr)

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/maxxi-classique/quand-ntm-chante-le-spleen-sur-un-air-de-chopin-that-s-my-people-9106902

Une chronique pour écouter autrement le Prélude op. 28 n°4 de Chopin, cet air de désolation ou d'espoir, c'est selon, et qui est à l'origine d'un sample mythique du rap français, celui du titre That's My People (1999) de NTM.

Ces accords qui glissent lentement vers le grave, de demi-tons en demi-tons, mi mi bémol ré do dièse etc… sont la représentation d’un monde qui s’écroule. Celui de Chopin, qui en cet hiver 1838 compose ce prélude en mi mineur dont les accords répétés sonnent comme le pas d’une marche funèbre annoncée. Le Quatrième Prélude de l’Opus 28 est chant de désolation, fait de presque rien et qui sera joué lors des funérailles du compositeur en 1849. Les notes répétées à la main gauche, si do si, sonnent comme les cloches funèbres de la chartreuse de Valldemossa de Majorque, là où Chopin a chanté, comme une vision, sa propre fin.

Mais on peut aussi entendre ce prélude autrement. Reprise. Si Chopin a choisi de séjourner à la chartreuse de Valldemossa de Majorque c’est pour profiter de la douceur de son hiver et se soigner au plus vite de la tuberculose. Pour trouver la force de se battre contre cette maladie qui le ronge, il rend hommage à Bach en composant lui aussi 24 préludes dans tous les tons. Celui en mi mineur est un chant d’espoir. Marteler ainsi des accords en croches régulières est l’expression d’une pulsation vitale, d’un cœur qui bat et ces notes jouées à la main droite ces si do si, qui refusent de suivre le mouvement descendant de la main droite semblent résister et refuser coûte que coûte l’inéluctable. Je ne descendrais pas au tombeau, mon heure n’est pas venue. Il est temps de vivre ! Voilà ce que chante ce prélude en mi mineur.

150 ans plus tard, le 5 janvier 1999, la France découvre That’s my people, une nouvelle lecture de ce Prélude. Celle de Kool Shen, membre éminent de Suprême NTM qui fait sienne la musique de Chopin et trouve dans deux mesures de ce prélude qui tourne en boucle, l’expression parfaite pour chanter un autoportrait du rappeur et de son quotidien dans une banlieue française.

Dans "Suprême NTM", l’autobiographie du groupe, Kool Shen se souvient de la naissance de ce titre fondateur du rap français. « Pour ce quatrième album, j’avais écrit That’s my people » sur une instru ricaine à la mode. Un soir, Sully Sefil est passé au studio à Puteaux. Il passait pour faire écouter ses prods et il a sorti la boucle de Chopin. J’ai kiffé instantanément. Je mettais du temps à trouver l’instru, parce que mon texte, je le trouvais trop bien. Je pensais, en toute humilité, que j’avais écrit un très bon morceau. J’essayais des instrus mais là, j’ai percuté tout de suite. »

Ces accords martelés, ce presque rien mélodique de deux mesures offre beaucoup d’espace à la voix de Kool Shen. Dans le studio, il peut s’appuyer sur la pulsation régulière du piano. Ces deux mesures répétées sans cesse sont un repère rassurant pour chanter le spleen contemporain et la perte de repère, pour poser un flow légendaire, contre, tout-contre la musique classique et inspirante de Frédéric Chopin.

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