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Pannier-Runacher aurait caché 1,2 millions € du pétrole

Lien publiée le 9 novembre 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Paradis fiscal et conflit d'intérêts : Pannier-Runacher aurait caché 1,2 millions € du pétrole (revolutionpermanente.fr)

La famille d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique, a fait fortune dans le pétrole. D'après des révélations de Disclose, ses enfants sont actionnaires d’une société d’une valeur de plus d’un million d’euros dont les fonds proviennent de l’argent du pétrole domicilié dans des paradis fiscaux. Une broutille que la ministre n’avait pas jugé bon de déclarer.

C’est ce qu’on appelle naître avec une cuillère en argent dans la bouche. Disclose révèle ce mardi, que les trois enfants d’Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique, sont détenteurs d’une société, Arjunem, fondée par leur grand-père qui a fait fortune dans le pétrole, et dont les fonds proviennent de paradis fiscaux.

Jean-Michel Runacher, le père de la ministre, a en effet fait sa carrière au sein du numéro 2 du pétrole français, Perenco. Une entreprise détenue par la famille Perrodo, dans le top 20 des familles les plus riches de France. Disclose révèle le modèle établi par Jean-Michel Runacher pour transmettre sa fortune à sa famille sans payer de droits de successions : monter des sociétés et placer les bénéficiaires comme actionnaires. 600.000 euros par-ci pour des petits-enfants, 1 million d’euros par-là pour les enfants de la ministre.

Des fonds qui ont été fournis par des entités liées à Perenco, domiciliées dans des paradis fiscaux, à Guernesey, en Irlande, à Hong-Kong et dans le Delaware. En 2016, à la création d’Arjunem (dont le capital repose au Luxembourg), Agnès Pannier-Runacher a signé les documents autorisant ses enfants à devenir actionnaires de la société. Mais, en entrant au gouvernement elle a malencontreusement omis de mentionner l’existence de celle-ci.

Il aurait pourtant été intéressant de savoir que la fortune familiale et l’avenir des enfants de la ministre de la transition énergétique devaient tant à une entreprise qui « s’est spécialisée dans le rachat de puits de pétrole presque vides et dont l’exploitation devient coûteuse. Le pétrole lourd en est extrait dans les conditions les plus polluantes qui soient, détériorant tout l’environnement. Cette entreprise ne recule devant aucune règle éthique et sévit dans sept pays de par le monde, dont le Pérou, où, pour « se protéger » des écologistes ou des populations indigènes, elle paie les services des paramilitaires », comme le documente Nicolas de la Casinière, dans son livre sur Les saboteurs du climat.

Au mois de mai, lorsque des militants écologistes avaient bloqué l’assemblée générale des actionnaires de Total, un actionnaire était interpelé par un activiste sur l’avenir de ses petits-enfants. Réponse cinglante du spéculateur : « Mes petits enfants ils vont être très contents, ils travaillent dans le pétrole connard ! ». C’est peut-être ce que se dit tout bas Agnès Pannier-Runacher lorsque qu’elle promet de faire sortir la France des énergies fossiles.

La terrible richesse subie des enfants d’Agnès Pannier-Runacher

La ministre se défend vivement de tout conflit d’intérêts. Dans ses propos, rapportés par Disclose, elle estime qu’« il ne s’agit pas de mon patrimoine, mais de celui de mes enfants [de 5, 10 et 13 ans] qui, eux-mêmes, n’ont aucun pouvoir de gestion de la société à ce jour ». Quant aux activités de son père (tant dans le pétrole que dans l’évasion fiscale) elle juge qu’elle n’a « vocation, ni par ailleurs aucune obligation légale à [y] être associée »

Un passif encombrant pour une ministre de l’écologie. Ainsi, comme le rappelle Disclose, la ministre « a déjà dû se déporter de plusieurs entreprises afin d’éviter le conflit d’intérêts. Ce fut notamment le cas de la société Bourbon, le leader des services maritimes aux plateformes offshores, dont elle fut administratrice et présidente du comité d’audit. Une entreprise dont l’un des clients n’est autre que la pétrolière Perenco. » Mais, cela a aussi été le cas avec Engie, en juillet dernier, l’ex-mari de Pannier-Runacher étant le dirigeant d’Engie Global Markets : une interdiction vite levée, le couple ayant divorcé depuis.

Si la ministre estime qu’il n’y a aucune obligation légale de déclarer le patrimoine de sa famille, la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) n’est pas tout à fait de cet avis et estime que la ministre aurait dû déclarer à titre d’information cette situation. Dans les faits, la ministre ne fait qu’appliquer la règle qui prévaut dans son gouvernement : la famille ça ne compte pas ! C’est bien ce qui a été décidé pour Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, bras droit de Macron et mouillé jusqu’au cou dans les affaires de sa famille qui ne dirige rien de moins que la multinationale de fret maritime, MSC. Une des plus importantes de la planète ! Une entreprise qui profite à plein de la hausse des prix des containers.

L’État capitaliste est un conflit d’intérêts permanent

Car le but n’est pas de mettre trop de bâtons dans les roues des politiciens : la HATVP est régie par les règles que ceux-ci ont bien voulu se fixer eux-mêmes. Instaurée après l’affaire Cahuzac, revitalisée par les scandales autour de François Fillon, elle ne vise qu’à traiter et gronder symboliquement ceux qui se livrent à une corruption trop voyante. D’autant plus que les déclarations peuvent largement être contournées par quelques exercices comptables et d’« optimisation fiscale ». Le millionnaire Emmanuel Macron a ainsi pu déclarer ne posséder « que » 550.000 euros lors de la dernière campagne présidentielle.

Mais dans un Etat capitaliste, la corruption, même celle qui est légale, est là à tous les étages. A toutes les échelles de la bureaucratie d’État, des diverses institutions, des cabinets ministériels travaillent des enfants de la bourgeoisie, comme Agnès Pannier-Runacher, ou des parvenus qui alternent leur carrière entre servir les capitalistes au sein de l’État ou dans les conseils d’administration.

Il est clair qu’il s’agit d’un conflit d’intérêt permanent, un conflit de classe, quand ceux qui gouvernent pour les profits de Total, de CMA-CGM, d’ExxonMobil, de MSC, d’Airbus ou encore de Peugeot essayent de faire croire qu’ils veulent résoudre la crise climatique. La seule manière pour eux de le faire est de s’en prendre aux plus précaires et de rendre la population responsable de la crise écologique.

Nous pensons au contraire qu’il est plus qu’urgent d’exproprier les grandes entreprises de l’énergie qui profitent de la crise énergétique et de la crise écologique pour se remplir les poches en détruisant la planète et en causant des dommages climatiques irréversibles.

Confisquer les actifs de ces entreprises auraient en plus le mérite de soulager Agnès Pannier-Runacher d’un gros scandale qui appelle évidemment à ce qu’elle démissionne de son poste ! Quant à l’avenir des enfants Runacher qui perdraient au moins un million d’euros dans l’opération, ils pourront certainement bénéficier des aides pour la rentrée scolaire, des APL et des bourses étudiantes. Cela évidemment si le gouvernement de maman ne les supprime pas pour l’ensemble des enfants des classes populaires qui ne sont pas actionnaires à 5 ans !