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Pérou: la mobilisation monte en puissance
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
De façon scandaleuse, RFI parle de "putsch" de Castillo alors que Castillo avait parfaitement le droit de dissoudre le parlement. La révolte populaire monte en puissance contre le coup de force de la droite réactionnaire.
Pérou: manifestations meurtrières et appel à la grève nationale (rfi.fr)
Après la destitution, puis l'arrestation du président Pedro Castillo qui avait tenté un putsch la semaine dernière, les manifestations prennent un tour violent au Pérou.
La nouvelle présidente péruvienne Dina Boularte a beau promettre des élections anticipées pour avril 2024, l'annonce n'a visiblement pas calmé les esprits. Ce lundi, quelque 2 000 protestataires ont envahi l'aéroport de l'Arequipa, la deuxième ville du pays.
Vers une grève nationale ?
Les manifestants ont bloqué les pistes de décollage et d'atterrissage de l'aéroport international avec des pierres, des bâtons et des pneus enflammés. Un entrepôt a également été incendié. Les protestataires réclament la libération de l'ex-président Pedro Castillo, la dissolution du Congrès et des élections anticipées dès maintenant. La police a tenté de reprendre le contrôle de la situation, mais s'est heurté à la résistance des protestataires.
La société d'exploitation Aeropuertos Andinos del Peru a évacué l'ensemble du personnel et des passagers et a annoncé la fermeture complète de l'aéroport d'Arequipa jusqu'à nouvel ordre. Ailleurs dans le pays aussi, les manifestations se multiplient. Ce lundi, plusieurs grands axes routiers étaient bloqués, dont la Panaméricaine. Et les syndicats agraires et organisations paysannes et indigènes appellent à une grève nationale à partir de ce mardi.
Castillo jugé par la Cour suprême de justice ?
Il a beau être en détention provisoire depuis mercredi dernier et pour encore deux jours, Pedro Castillo n’a pas manqué l’occasion de mettre de l’huile sur un feu qui se répand rapidement dans tout le pays, relate notre correspondant à Quito, Éric Samson. Dans une lettre rendue publique sur son compte Twitter, il affirme avoir été « maltraité, humilié et enlevé » et traite la présidente Dina Boluarte « d’usurpatrice ».
Se considérant toujours comme le président en fonctions, il indique avoir été victime d’un coup d’État organisé par la droite péruvienne et demande à ses partisans de ne pas accepter d’élections anticipées. En attendant, sa situation légale se complique d’heure en heure. Le Congrès a voté lundi matin par une courte majorité de 67 voix sur 130 un projet de loi qui supprime son immunité. Castillo pourrait donc maintenant être jugé par la Cour suprême de justice. La procureure générale de la nation Patricia Benavides a d’ailleurs présenté une accusation constitutionnelle contre Castillo et trois de ses ministres pour rébellion et conspiration.
Cinq personnes sont mortes lundi lors des manifestations dans les régions d'Arequipa et à Chincheros (Sud-Est) portant à sept le bilan total de morts depuis dimanche, selon une source au sein du Médiateur de la République.
► Reportage à Lima où près de 2 000 ont manifesté plaza San Martin, à quelques pas du Congrès.
Ces manifestants refusent la légitimité de la nouvelle présidente Dina Boluarte. « Elle ne nous représente pas car elle n’a pas été élue par le vote populaire. On demande la fermeture du Congrès. Il ne nous représente pas non plus. Et on veut le retour de notre président Pedro Castillo au pouvoir. Pour qu’il appelle à une nouvelle Constitution comme celle de 1979. » La promesse de Dina Boluarte d’avancer les élections à avril 2024 ne calme pas les protestations. « On ne va pas attendre deux ans. En deux ans, le gouvernement et le Congrès auront le temps de tout arranger à leur guise. » Ces derniers jours, les rassemblements dans le centre-ville ont grossi. Certains manifestants viennent de loin. Comme Fabian Isaias, agriculteur de Huancayo : « On en marre de ces traites de congressistes. Il y a 70 000 jeunes sans emploi dans le pays. Nous les provinciaux, nous qui suons pour produire des pommes de terre, pourquoi ne nous écoutent-ils pas ? » Une colère attisée par la répression de la police. Trois régions sont en état d’urgence depuis dimanche soir. « Il y a des morts, dont des enfants. Jusqu’à quand ça va continuer ? » Quelques heures plus tard, ce rassemblement du centre-ville de Lima a été dispersé par des tirs de gaz lacrymogènes.