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Pérou : la justice rejette la demande de remise en liberté de l’ex-président Castillo
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Pérou : la justice rejette la demande de remise en liberté de l’ex-président Castillo (lemonde.fr)
L’ancien chef d’Etat destitué a lancé à l’audience qu’il ne renoncera « jamais » et appelé les forces de sécurité à « déposer les armes » face aux manifestations grandissantes qui ont fait sept morts depuis dimanche.
L’ancien président du Pérou Pedro Castillo reste en prison. La justice péruvienne a rejeté, mardi 14 décembre, la demande de remise en liberté de l’ex-chef d’Etat arrêté le 7 décembre après avoir ordonné la dissolution du Parlement qui avait peu après voté, à une large majorité, sa destitution pour « incapacité morale ».
La Cour « déclare infondé le recours en appel introduit par la défense », a déclaré le juge César San Martin en lisant sa décision lors d’une audience télévisée. Elle estime notamment que l’échec de la tentative du coup de force de Castillo n’excuse pas son crime, soulignant qu’en voulant « instaurer un gouvernement d’exception, il voulait altérer l’ordre constitutionnel ».
Cette décision ouvre la porte à l’extension de sa détention. Le placement en détention provisoire de M. Castillo expire mercredi à 13 heures. Le parquet devrait demander une prolongation dans les prochaines heures.
Plus de 200 blessés
Pendant l’audience, l’ancien président de 53 ans s’est montré combatif, saisissant l’occasion pour lancer : « Je ne renoncerai jamais et n’abandonnerai pas cette cause qui m’a amené ici. J’exhorte les forces armées et la police nationale à déposer les armes et à cesser de tuer ce peuple qui a soif de justice », alors que les manifestations ont fait sept morts depuis dimanche.
Je suis détenu de manière injuste et arbitraire, je ne suis ni un voleur, ni un violeur, ni un corrompu ou un voyou.
Les manifestants demandent la libération de M. Castillo, la démission de la nouvelle présidente Dina Boluarte – ex-vice-présidente de M. Castillo et issue du même parti radical de gauche que lui – et la dissolution du Parlement. La mobilisation a continué mardi avec de nombreuses routes bloquées dans treize des vingt-quatre régions du pays, selon la police.
« Les manifestations se sont intensifiées depuis le 7 décembre. Au début, il s’agissait d’une petite mobilisation (…) mais les jours suivants, elle est devenue plus importante (…) et plus violente », a estimé la médiatrice de la République Eliana Revollar à l’Agence France-Presse (AFP), soulignant que la journée de mardi « confirmait cette hausse ».
« C’est une convulsion sociale très sérieuse, nous craignons que cela ne débouche sur un soulèvement parce qu’il y a des gens qui appellent à l’insurrection, qui demandent à prendre les armes », s’est-elle inquiétée. Elle a confirmé le bilan de sept morts, ajoutant que plus de 200 personnes avaient été blessées.
Etat d’urgence dans plusieurs régions
La présidente Boluarte a appelé une nouvelle fois au « calme et à la paix », en annonçant que les autorités allaient « évaluer » en soirée la pertinence de déclarer l’état d’urgence sur tout le territoire. Lundi, le nouveau gouvernement avait déclaré l’état d’urgence pour 60 jours dans sept provinces de la région d’Abancay (Sud) et révoqué tous les préfets nommés par le gouvernement de M. Castillo.
Mardi soir, après une réunion de crise, le ministre de la défense Alberto Otarola a annoncé que l’état d’urgence avait été déclaré dans deux autres régions du Sud, Arequipa (qui comprend la deuxième ville du pays) et Ica. Ce cadre permet notamment à l’armée d’intervenir en même temps que la police.
La partie sud du pays, avec la région touristique de Cuzco et la deuxième ville plus grande ville Arequipa, et celle au nord sont les zones les plus touchées par les manifestations. Le train reliant Cuzco et la citadelle inca du Machu Picchu, le joyau touristique du Pérou, a été suspendu mardi et mercredi en raison de la situation, a annoncé l’opérateur.
« Nous demandons la dissolution du Congrès et la démission immédiate Madame Dina Boluarte », a affirmé à l’AFP Hugo Maquera, un responsable local qui participait au blocage du pont international de Puno à la frontière avec la Bolivie.
A Lima, à l’image des derniers jours, des échauffourées ont eu lieu en soirée entre policiers et manifestants près du Congrès dans le centre-ville.
Sous pression, Mme Boluarte avait annoncé dimanche soir vouloir avancer les élections générales de 2026 à 2024, sans parvenir à apaiser les tensions.
Mardi, le président du Mexique Andres Manuel Lopez Obrador, qui avait offert l’asile à M. Castillo, a estimé que « Pedro Castillo est toujours le président » du Pérou car il a été élu démocratiquement. Avant sa tentative ratée de dissoudre le Parlement, les procureurs avaient déjà accusé l’ex-président péruvien d’être à la tête d’une « organisation criminelle ». Il fait l’objet d’enquêtes pour entrave à la justice, trafic d’influence, corruption ainsi que pour plagiat.