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Au Pérou, dix-huit morts dans des manifestations depuis la destitution de Pedro Castillo

Pérou

Lien publiée le 17 décembre 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Au Pérou, dix-huit morts dans des manifestations depuis la destitution de Pedro Castillo (lemonde.fr)

Le Parlement a refusé vendredi d’avancer les élections générales, comme le souhaitait la nouvelle présidente pour apaiser les manifestants. Les milliers de touristes bloqués dans la région du Machu Picchu ont commencé à être évacués.

Marche pour la paix à Huancayo, au Pérou, le 16 décembre 2022.

Marche pour la paix à Huancayo, au Pérou, le 16 décembre 2022. PEDRO TINOCO / AFP

La colère des manifestants ne semble pas près de s’apaiser au Pérou alors que le Parlement a refusé vendredi 16 novembre d’avancer les élections générales. Dix-huit personnes sont mortes lors des rassemblements, sévèrement réprimés, qui se tiennent depuis la destitution de l’ancien président Pedro Castillo, le 7 décembre.

Pour tenter d’enrayer la contestation, la nouvelle présidente, Dina Boluarte, s’était engagée à avancer les élections d’avril 2026 à décembre 2023. Mais la proposition, déposée par un parti qui était jadis dans l’opposition à M. Castillo, n’a recueilli que 49 voix – il en fallait 87 pour atteindre la majorité des deux tiers nécessaires à son adoption. Son approbation aurait raccourci le mandat des députés.

Cet échec place Mme Boluarte dans une situation difficile. Cela risque d’exacerber la colère des manifestants dont deux des principales revendications étaient des élections générales immédiates et la dissolution du Parlement.

« L’étape suivante, c’est la démission de Dina Boluarte, et une transition démocratique », estime la députée de gauche Ruth Luque, qui s’est abstenue, précisant qu’elle préférait un référendum sur une « Assemblée constituante ». « Mme Boluarte doit démissionner en raison du nombre de morts », a quant à elle estimé la députée centriste Susel Paredes, qui a voté pour.

Appels à la démission de la nouvelle présidente

Le bilan est désormais de dix-huit morts, selon le ministère de la santé. Plusieurs victimes ont été tuées par des balles tirées par la police et l’armée. Cent quarante-sept personnes ont été arrêtées, selon une ONG de défense des droits de l’homme. Les manifestations se poursuivaient vendredi notamment à Arequipa (Sud), Huancayo (Centre), Cuzco (Sud-Est), Ayacucho (Sud) ou Puno (frontière bolivienne).

Outre la dissolution du Parlement et des élections, les manifestants exigent la libération de M. Castillo et la démission de Mme Boluarte. En cas de démission de la présidente, son successeur constitutionnel serait le président du Parlement, José Williams. Si ce dernier renonçait, la présidence échouerait au président de la Cour suprême qui se trouverait alors dans l’obligation d’organiser de nouvelles élections.

Dina Boluarte a réuni vendredi pour la deuxième fois en moins de trois jours le Conseil de l’Etat, qui comprend les chefs des trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire. Selon un tweet du compte du ministère des affaires étrangères, elle s’est entretenue par téléphone avec le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, qui « a réitéré le soutien des Etats-Unis au Pérou » et a « proposé de continuer à soutenir le processus institutionnel démocratique » dans le pays.

Depuis la Colombie voisine, le président de gauche Gustavo Petro a estimé que c’était un « scandale » de voir « un président élu par le peuple en détention préventive ».

Environ 500 blessés

Le 7 décembre, le président déchu de gauche radicale, Pedro Castillo, 53 ans, avait ordonné, sans succès, la dissolution du Parlement. Ce dernier avait peu après voté, à une large majorité, sa destitution pour « incapacité morale ». M. Castillo avait été arrêté alors qu’il tentait de trouver refuge dans l’ambassade du Mexique.

Débordé, le gouvernement a décrété mercredi l’état d’urgence sur tout le territoire, ce qui autorise l’intervention de l’armée. « L’état d’urgence ne permet pas de protéger le droit à la vie », s’est inquiétée vendredi auprès de l’Agence France-Presse (AFP) la Défenseure du peuple (médiatrice) Eliana Revollar, qui a déploré « huit morts en une journée [jeudi] de manifestations et d’affrontements avec l’armée » à Ayacucho.

Jeudi, les manifestants avaient tenté d’investir l’aéroport mais avaient été repoussés par l’armée. Les soldats « ont été encerclés par la foule. Ils ont reçu l’ordre de menacer de tirer, puis de tirer en l’air mais plus tard il y a eu des tirs tendus ». « Cela mérite une enquête criminelle », a déclaré Mme Revollar.

En outre, six décès ont été recensés à la suite d’événements liés aux blocages routiers, notamment à cause de l’impossibilité de rejoindre un hôpital.

Quelque 500 personnes ont été blessées. Selon le ministère de la défense, plus de 300 d’entre elles sont des membres des forces de l’ordre.

Des hélicoptères pour évacuer les touristes

L’aéroport de Cuzco, capitale touristique du pays, a rouvert en début d’après-midi, permettant le début de l’évacuation des touristes bloqués, selon des images diffusées par le ministère de la défense. Dans la matinée, Darwin Baca, maire de Machu Picchu, avait déclaré à l’AFP que « 5 000 touristes » étaient bloqués à Cuzco.

Au moins 622 touristes dont 525 étrangers, parmi lesquels une quinzaine de Français, sont bloqués sur le site même, selon un recensement de la municipalité de Machu Picchu. Le train, arrêté depuis plusieurs jours, est l’unique moyen moderne de se rendre à la citadelle depuis Cuzco, l’ancienne capitale de l’empire inca, située à 110 kilomètres.

L’armée va envoyer samedi un hélicoptère qui assurera « quatre vols humanitaires pour le transfert des touristes » du Machu Picchu à Cuzco, selon une source de la municipalité, qui précise que priorité sera donnée aux familles avec « enfants et personnes vulnérables ».

Quelque 200 touristes, principalement des Nord-Américains et Européens, ont quitté la zone à pied, longeant la voie de chemin de fer pour rejoindre Ollantaytambo, à 30 kilomètres, où les gens attendaient des bus.