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Grève historique au Royaume-Uni le 1er février

Royaume-Uni

Lien publiée le 2 février 2023

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Royaume-Uni – Dossier. Un 1er février qui marque la transition entre les grèves passées et celles annoncées. Ce 1er février éclaire un affrontement de classes que des dits politologues avaient enterré – A l'encontre (alencontre.org)

[Le mouvement de grève se prolonge en Angleterre, dans le Pays de Galles et en Ecosse. Tout le mois de février – les 9-10, les 14-16, les 21-23 – et le mois de mars – le 2, les 16-17, les 20-22 –, le personnel et les enseignant·e·s de 150 universités seront en grève. Le 6 février, les ambulanciers se mettront en grève. Les 6 et 7 février, les infirmiers et infirmières organisés dans le Royal College of Nursing débrayeront. Le 14 février, les enseignant·e·s du Pays de Galles, organisés dans le NEU-National Education Union, feront grève. Le 20 février, les ambulanciers relanceront leur mouvement. Le 28 février, les enseignant·e·s des régions du Nord, du Nord-Ouest, du Yorkshire et du Humber, organisés dans le NEU, feront grève. Un scrutin pour obtenir le droit d’engager une grève est en cours – du 23 janvier au 16 février – dans le Royal Mail (la poste qui a un statut d’entreprise privée et est cotée en bourse). Il en va de même dans le secteur des transports de Londres, scrutin organisé par le RMT (entre le 31 janvier et le 21 février). Nous pourrions compléter la liste des grèves et des scrutins.

La vague de mobilisations est sans précédent depuis longtemps. Nous l’avons documenté sur ce site. Mais la détermination de classe du gouvernement de Rishi Sunak et du patronat se traduit dans les contre-réformes législatives pour accroître les obstacles aux actions syndicales, dans la foulée du thatchérisme et du New Labour. Elle vise à criminaliser des militant·e·s syndicaux, avec licenciement à la clé, avec des amendes massives infligées aux structures syndicales dans le but de réduire au maximum leur capacité d’organisation et d’action. Des mesures pour interdire, dès le début, une manifestation sous prétexte qu’elle pourrait «dégénérer» sont débattues par les instances gouvernementales et le Parti conservateur. A quoi s’ajoute, conjointement, la politique des taux suivie par la Banque centrale dont les répercussions sont rapides sur le taux hypothécaire et les crédits; elles se traduiront aussi sur le dit «marché du travail» pour affaiblir la position de salarié·e·s. Un secteur de la bourgeoisie britannique, face à une mobilisation sociale dont l’ampleur n’a pas été perçue, est prêt à infliger au mouvement social et syndical une défaite ayant la tonalité d’une revanche d’une classe surprise par les défis lui opposent des salarié·e·s dont il niait l’existence et le potentiel comme acteur socio-politique collectif. Une fraction de la classe dominante juge qu’un gouvernement du Labour avec à sa tête Keir Starmer offrirait un compromis plus adapté au contexte de crise du capitalisme britannique, une crise non seulement conjoncturelle mais ayant l’arrière-goût du Brexit. Sous une forme descriptive, les traits forts de cet affrontement de classe ressortent des articles ci-dessous. – Réd. A l’Encontre]

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«Ce 1er février, un demi-million de salarié·e·s seront en grève. Or le gouvernement fait pratiquement obstacle aux négociations et désinforme»

Par Jessica Elgot, Sally Weale et Gwyn Topham

Jusqu’à un demi-million de travailleurs et travailleuses se mettront en grève ce mercredi 12 février, avec des milliers d’écoles fermées, des lignes de chemin de fer sans train et des perturbations importantes aux frontières, alors que les syndicats ont déclaré que les négociations aboutissant à une interruption des grèves étaient «en régression».

Les ministres du gouvernement ont été accusés de «tromper le public» et de bloquer toute avancée vers un accord avec les salarié·e·s du NHS (National Health Service) et les syndicats des chemins de fer. Des sources gouvernementales ont admis en privé que l’optimisme du début du mois de janvier concernant la fin des actions de grève s’était estompé.

La série de grèves coordonnées concerne les enseignant·e·s, les fonctionnaires, le personnel de la police des frontières et les conducteurs de train. Le gouvernement a demandé à la population de se préparer à des «perturbations importantes».

Des milliers d’écoles d’Angleterre et du Pays de Galles seront fermées, ou partiellement fermées, lorsque près de 200 000 membres du syndicat national de l’éducation (NEU-National Education Union) se mettront en grève pour obtenir une augmentation assurée de salaire supérieure à l’inflation. Les écoles de Fife et d’Orkney, en Ecosse, seront également en grève mercredi, dans le cadre d’une grève régionale reconductible de l’Educational Institute of Scotland (EIS), le plus grand syndicat d’enseignants du pays.

Le NEU prévoit que 85% des écoles seront touchées, une enquête indique que jusqu’à une école sur sept sera fermée à tous les élèves, et une sur quatre à Londres.

L’ampleur des «perturbations» ne sera pas connue avant le début de la journée scolaire, car les enseignant·e·s en grève ne sont pas tenus d’informer leurs écoles à l’avance, ce qui met les parents sous pression pour prendre des dispositions alternatives. Le porte-parole officiel du Premier ministre a déclaré que le manque d’informations était «décevant».

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La plupart des trains en Angleterre ne circuleront pas, les grèves affectant les 14 plus grands opérateurs, et l’on s’attend à des perturbations accrues dans les aéroports et à des files d’attente dans les halls de contrôle des passeports (immigration) en raison des grèves du personnel organisé dans le PCS (Public and Commercial Services Union).

Plus de 100 000 fonctionnaires sont également appelés à faire grève dans plus de 100 départements et organismes publics, dont le Cabinet Office (Bureau du Cabinet gouvernemental), les départements de la santé, des transports, de l’éducation et des affaires, ainsi que le British Museum, la Commission électorale, l’Agence spatiale britannique et le Land Registry (Registre foncier).

Aucune nouvelle négociation n’est prévue entre les ministres et les syndicats, bien que la secrétaire à l’éducation, Gillian Keegan, ait rencontré quatre syndicats de l’éducation en début de semaine.

Les salarié·e·s du NHS – qui ne sont pas en grève avant la semaine prochaine – sont particulièrement mécontents que les informations du gouvernement selon lesquelles des négociations salariales n’ont pas abouti car elles ne seraient envisagées qu’à la condition que des gains d’efficacité soient trouvés.

Une responsable du syndicat de la santé (Royal College of Nursing) a déclaré que le gouvernement avait «fait obstruction» à toutes les offres de réunions ultérieures. Le porte-parole du premier ministre Rish Sunak a déclaré qu’il n’était «pas au courant de l’existence d’une quelconque négociation en cours».

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Les pourparlers concernant le secteur de l’éducation et qui visaient à éviter une grève ont échoué lundi 30 janvier. Le NEU ait déclaré qu’il souhaitait rouvrir les négociations pour éviter les grèves prévues plus tard en février et en mars. Il semble dès lors y avoir peu d’espoir d’une ouverture, le Trésor (le ministre des Finances) bloquant en fait toute avancée.

Mary Bousted, co-secrétaire générale du NEU, a déclaré: «Ce gouvernement ne comprend pas le rôle des syndicats. Il ne comprend pas qu’au bout du compte, ils devront négocier. Pour l’instant, ils ne présentent pas de propositions. Nous avons 27 jours jusqu’à la prochaine journée de grève [28 février et 1er mars, y compris le 2 mars à Londres et dans le Sud-Est et Sud-Ouest]. Nous nous sommes engagés à utiliser ce temps pour négocier une résolution de ce conflit. Nous demandons au gouvernement de faire preuve du même engagement.»

Le syndicat des conducteurs de train (RMT) a déclaré que les efforts visant à régler le conflit salarial étaient désormais complètement bloqués avant la grève de mercredi 1er février. Simon Weller, secrétaire général adjoint de l’Aslef (Associated Society of Locomotive Engineers and Firemen), a déclaré que les conducteurs de train étaient plus que jamais éloignés d’une solution. Il a déclaré: «Malheureusement, les choses ont reculé dans une certaine mesure.» Simon Weller a imputé la rupture des négociations à une proposition initiale que le Rail Delivery Group, représentant les opérateurs ferroviaires [pour le fret et les passageres], a immédiatement communiquée à la presse le mois dernier avant que le syndicat puisse en prendre connaissance. «Cela a brisé toute la confiance que nous avions dans le processus de négociation, les comptes rendus des séances… En conclusion, ils se sont mis eux-mêmes dans le pétrin.» Il a déclaré que l’offre et les conditions qui y étaient liées impliquaient qu’elles étaient «conçues pour échouer». En plus de susciter la colère des dirigeants syndicaux, la démarche s’est retournée contre les opérateurs ferroviaires, les conducteurs étant exaspérés par les détails de l’accord, a-t-il ajouté. «Nous avons organisé un webinaire la semaine dernière avec 1000 membres… Les questions étaient les suivantes: quand allons-nous faire monter les enchères? Ils sont vraiment en colère.»

Sur les 14 opérateurs en Angleterre, seul South Western Railway tentera d’assurer un service normal, tandis que Greater Anglia, LNER (London North Eastern Railway) et GWR (Great Western Railway) assureront un service réduit.

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Environ 600 militaires devraient être déployés mercredi pour atténuer les effets des grèves, la plupart d’entre eux étant affectés à des tâches aux frontières. Le porte-parole officiel du Premier ministre a déclaré: «Nous savons qu’il y aura d’importantes perturbations étant donné l’ampleur de la grève qui aura lieu demain et cela sera très difficile pour le public qui essaie de mener sa vie quotidienne.»

Une source gouvernementale de haut niveau a déclaré que le Premier ministre avait clairement indiqué que les syndicats devaient mettre fin aux grèves avant que des négociations sérieuses puissent avoir lieu, bien qu’une exception ait été faite pour le NEU lundi [qui a échoué]. Il a ajouté que «les responsables travaillaient constamment pour trouver une solution».

Pour ce qui est des revendications présentées par les syndicats de la santé et de l’éducation, la source gouvernementale a déclaré qu’il était clair que les revendications actuelles étaient inapplicables sans une réduction importante des dépenses ou une augmentation des impôts. Concernant les grèves du NHS la semaine prochaine, la même personne a indiqué: «Nous avons fait savoir que nous étions prêts à discuter des salaires, mais il doit y avoir un point de rencontre. Nous ne savons pas où il se situe pour les syndicats et nous ne pouvons pas partir du principe d’une augmentation générale de 10%.» Or les syndicats de la santé ont déclaré n’avoir reçu aucune indication sur ce que pourrait être l’offre du gouvernement.

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Le directeur général de Border Force (agence responsable des opérations de contrôle frontalier dans les ports, les aéroports et les gares), Phil Douglas, a déclaré lors d’une conférence des opérateurs aéroportuaires à Londres que les grèves pourraient avoir plus d’impact que celles de décembre, lorsque l’armée avait été déployée et que les temps d’attente n’avaient que légèrement diminué. Cette fois, Phil Douglas a indiqué: «Tout le monde est en grève. Tous les membres du PCS sont en grève totale demain.» Il a ajouté: il y aura «sans aucun doute» d’autres grèves dans la Border Force, le mandat du PCS [suite au scrutin parmi les membres] se prolongeant jusqu’en mai: «Je m’attends à ce qu’ils l’utilisent.»

Le personnel des services frontaliers travaillant à Douvres, Calais, Dunkerque et à l’entrée d’EuroTunnel en France fera grève pendant le premier trimestre, a annoncé le syndicat PCS mardi soir. Il s’agit de la première action de grève dans les ports maritimes au cours du conflit actuel. L’action devrait toucher plus de 1000 agents les 17, 18, 19 et 20 février. […]

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Les grèves du NHS devraient s’intensifier la semaine prochaine. Elles auront lieu tous les jours sauf mercredi et concerneront le personnel ambulancier, les infirmiers et infirmières et les kinésithérapeutes. Les syndicats ont également été mis en colère par la présidente de l’Organe de révision des salaires du NHS, Philippa Hird, qui a révélé que le ministère de la Santé et des Soins sociaux n’avait pas encore soumis de données justifiant sa position avant le prochain cycle de rémunération qui débutera en avril, près de trois semaines après la date limite.

Unison, le plus grand syndicat dans le secteur des services publics, a déclaré qu’il annoncerait des dates de grève jusqu’en mars. Ces grèves sont susceptibles de toucher le double du nombre de structures de santé en lien avec le NHS et d’inclure l’ensemble du service ambulancier d’Angleterre. La responsable du secteur de la santé à Unison, Sara Gorton, a déclaré que les ministres «trompaient la population» en prétendant qu’ils travaillaient à un accord. «Il n’y a pas de négociations salariales, et le Premier ministre doit cesser d’essayer de tromper la population. La tactique du gouvernement semble être de faire silence, d’attendre des mois le rapport de l’organe de révision des salaires et d’espérer que le conflit disparaisse. Ce ne sera pas le cas.»

Les membres du Royal College of Nursing, du GMB et d’Unite seront en grève lundi 6 février, suivie d’une deuxième journée d’action du RCN mardi 7. La Chartered Society of Physiotherapy fera grève le jeudi 9 février, et 15 000 ambulanciers d’Unison se mettront en grève le lendemain dans cinq services d’ambulances en Angleterre.

L’Institute for Government [think tank créé en 2008, dont des membres ont travaillé au Times et au Financial Times, avec les liens sociaux que cela implique] a publié un rapport montrant que la rotation du personnel de la fonction publique est à son plus haut niveau depuis une décennie. Il indique que le moral est en baisse pour la première fois depuis 2015. Seulement 41% des personnes interrogées ont déclaré que leur organisation les motivait pour atteindre leurs objectifs, contre 51% l’année précédente. (Article publié dans The Guardian, le 31 janvier 2023; traduction rédaction A l’Encontre)

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Le Royaume-Uni s’apprête à vivre sa plus grande journée de grève depuis 2011, le gouvernement s’opposant aux augmentations de salaire

Par Delphine Strauss, Jasmine Cameron-Chileshe, Bethan Staton, Philip Georgiadis et Jim Pickard (du Financial Times)

Enseignant·e·s, conducteurs de train et fonctionnaires rejoindront mercredi la plus grande journée de grève au Royaume-Uni depuis 2011, alors que le gouvernement et ses ministres continuent de résister aux revendications des syndicats d’augmenter les salaires du secteur public.

Environ 150 000 enseignants devraient débrayer en Angleterre et au Pays de Galles, ce qui concernera plus de huit écoles sur dix. Les pendulaires devraient également être bloqués: 12 500 conducteurs de train bloqueront entièrement certaines lignes de chemin de fer et ne laisseront qu’un tiers des services fonctionner sur le réseau. Environ 70 000 enseignants universitaires organiseront le dernier d’une série de débrayages.

Plus de 100 000 membres du Syndicat des services publics et commerciaux (PCS-Public and Commercial Services Union), qui représente les fonctionnaires, feront également grève. Leur débrayage touchera les bureaux de Whitehall [siège du gouvernement], les organismes liés au législatif et autres agences, les musées et les agences pour l’emploi, ainsi que les postes frontières, où des militaires ont été engagés pour contrôler les passeports.

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Le Trades Union Congress (TUC), le représentant du mouvement syndical britannique, a appelé à cette journée d’action coordonnée pour protester contre la nouvelle législation qui permettra à l’avenir au gouvernement d’imposer le maintien d’un service minimum pendant les grèves dans des secteurs clés, notamment les transports, la santé et l’éducation.

«Notre message au gouvernement est le suivant: cessez d’attaquer le droit de grève et commencez à négocier de bonne foi avec les syndicats sur les salaires du secteur public», a déclaré Paul Nowak, secrétaire général du TUC. Il a estimé que le travailleur moyen du secteur public a perdu 203 livres (230 euros) par mois par rapport à 2010, une fois l’inflation prise en compte.

Il n’y a aucun signe d’un quelconque changement de la part du gouvernement pour trouver une issue avec les syndicats à la question salariale. Les syndicats se préparent donc à intensifier grèves à moins que les taux d’indexation salariale pour 2022-23 ne soient améliorées.

Pour 2022-23, les enseignant·e·s se sont vu accorder une «augmentation salariale» d’au moins 5%. Mais les syndicats d’enseignant·e·s veulent des augmentations supérieures à l’inflation [qui était de 9,2% sur un an en décembre 2022]. Ce qui, selon eux, permettrait de «corriger» des années de diminution des salaires en termes réels.

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Dans le même temps, le gouvernement a offert au personnel de surveillance des frontières une augmentation de 2% pour 2022-23, mais le PCS a revendiqué une augmentation de 10%.

Le ministre de la Santé, Steve Barclay, a déclaré mardi 31 janvier que le gouvernement «s’engageait auprès des partenaires syndicalistes» pour tenter de résoudre le conflit dans le secteur de la santé. «Nous reconnaissons que le NHS a été soumis à une pression énorme en raison de la pandémie», a-t-il déclaré devant le comité restreint de la Chambre des communes en charge de la santé et des prestations sociales, ajoutant que le gouvernement «voulait avoir des discussions… en tenant compte des propositions de l’organe de révision des salaires pour l’année 2023».

Mais Sara Gorton, responsable du secteur de la santé dans le syndicat Unison, a déclaré que le gouvernement ne faisait «précisément rien» pour mettre fin à l’impasse. Cela alors que des députés avaient appris que le ministère de la Santé n’avait pas respecté la date limite pour soumettre des éléments justificatifs à l’organisme de révision des salaires, afin de documenter ses recommandations pour l’évolution des salaires en 2023-24. Sara Gorton a affirmé: «Rishi Sunak veut faire croire à la population que le gouvernement et ses ministres font tout ce qu’ils peuvent pour résoudre le conflit. Or, ce n’est pas le cas. Il n’y a pas de négociations salariales et le Premier ministre doit cesser d’essayer de tromper la population.» Unison a déclaré que ses membres dans cinq services d’ambulances en Angleterre organiseraient un quatrième débrayage le 10 février, qui fera suite à une semaine de grèves qui s’annonce déjà comme la plus importante de l’histoire du NHS.

Quatre autres syndicats organisent des grèves du personnel ambulancier, des infirmières et des kinésithérapeutes. Les dirigeants des services de santé avertissent que ces actions risquent de provoquer des dommages «sérieux et profonds» à long terme. La Confédération du NHS, qui représente des organismes dans l’ensemble du secteur de la santé, a déclaré que la grève du mercredi 1er février des enseignants augmentait le risque de «désistements soudains de patients ayant des responsabilités parentales» [car ils auront la charge de surveillance de leurs enfants], aggravant ainsi les retards de traitement.

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Pendant ce temps, les syndicats des transports RMT et TSSA (Transport Salaried Staffs’ Association) étudient les offres des employeurs du secteur ferroviaire, alors que le secteur cherche à mettre fin à des mois de grèves préjudiciables. Mais Simon Weller, secrétaire général adjoint de l’Aslef, le syndicat des conducteurs de train, a déclaré que les relations avec les opérateurs ferroviaires avaient «régressé» depuis qu’ils ont rejeté en janvier l’offre d’une augmentation salariale de 8% sur deux ans, proposition liée à des réformes importantes. «Les conducteurs de train avaient une attitude assez dure avant de voir les propositions des employeurs. Elle s’est maintenant durcie», a-t-il déclaré, ajoutant que même sans conditions, une augmentation salariale de 8% ne réglerait pas le conflit. Le Rail Delivery Group, qui représente les opérateurs ferroviaires, a déclaré que l’offre était «équitable» et qu’elle porterait le salaire moyen d’un conducteur à 65 000 livres (73 300 euros).

Downing Street a prévenu que l’ampleur de la grève entraînerait des «perturbations significatives» mercredi, ajoutant: «Ce sera très difficile pour les personnes qui essaieront de vaquer à leurs occupations quotidiennes.»

Bien que le gouvernement souhaite que les syndicats reconsidèrent leur approche et poursuivent les négociations, le secrétaire du cabinet gouvernemental, Oliver Dowden, effectue un «travail de planification important», y compris un plan d’urgence pour les grèves des conducteurs de train» [autrement dit, une planification pour mobiliser des militaires – réd]. Downing Street a ajouté que 600 militaires, qui avaient été mobilisés pendant les grèves de Noël, restaient en réserve pour faire face à la prochaine vague d’actions syndicales. (Article publié sur le site du Financial Times, le 31 janvier 2023; traduction rédaction A l’Encontre)

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Quand les enseignant·e·s grévistes s’éduquent et éduquent dans une lutte

(KEYSTONE/CAMERA PRESS/Anna Watson)

Par Andrew Fisher

Jeudi dernier, j’ai reçu un courriel de l’école de mon fils: «Nous avons procédé à une évaluation détaillée des risques et, par conséquent, nous ne sommes pas en mesure d’ouvrir l’école aux élèves en toute sécurité les jours de grève.»

Cela ne m’a guère surpris. Le mardi précédent, j’avais assisté à une réunion bondée de la section locale du Syndicat national de l’éducation (NEU), alors que les enseignants se réunissaient pour discuter de la grève nationale. La réunion était empreinte de détermination et, comme on peut s’y attendre de la part d’enseignant·e·s, sérieuse et organisée – planifiant méticuleusement l’action de grève et posant des questions pratiques aux responsables syndicaux qui dirigent la section locale. Les enseignants plus âgés ont partagé leur expérience des conflits précédents. Les meilleures pratiques ont été échangées entre les différentes écoles.

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Au début du mois, plus de 90% des 320 000 enseignants d’Angleterre et du Pays de Galles représentés par le plus grand syndicat de l’éducation du Royaume-Uni ont voté la grève dans le cadre d’un conflit sur les salaires (les enseignants d’Ecosse représentés par les syndicats écossais ont déjà mené plusieurs jours de grève).

Cette année, les enseignants se sont vu offrir une augmentation de salaire de cinq pour cent, alors que l’inflation est plus du double. Mais ce conflit ne se limite pas à un grief justifié concernant les salaires de cette année. Selon l’Institute for Fiscal Studies, organisme farouchement indépendant, le salaire des enseignants a été réduit de près de 6600 livres en termes réels depuis 2010, soit plus de 500 livres par mois.

De nombreuses écoles font état de problèmes de recrutement et de garder en fonction des enseignants. Un ami enseignant et chef de département dans un grand établissement secondaire de la banlieue de Londres m’a dit que c’était une «lutte constante» pour recruter et retenir le personnel. Il me parle d’un enseignant qui est entré dans la profession plus tard dans sa vie, «voulant donner quelque chose en retour» après une carrière exceptionnelle. Ce dernier a abandonné après deux ans en raison de la charge de travail et du faible salaire. Il s’agissait d’un «très bon enseignant». Un autre enseignant qui est parti donne maintenant des cours particuliers à temps partiel et gagne plus d’argent sans la bureaucratie ou le stress de gérer une classe d’élèves à plein temps. Les lacunes sont également comblées par des enseignants suppléants qui «font de gros efforts mais n’atteignent pas le même niveau».

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La ministre de l’Education, Gillian Keegan, s’est dite «déçue par l’action du NEU». Par contre, elle ne semble pas trop déçue par le fait qu’au niveau national, près d’un enseignant sur trois quitte la profession dans les cinq ans ou que le propre objectif gouvernemental de recrutement d’enseignants cette année n’a été atteint qu’à 59% (et à 79% l’année dernière). Cette année, le gouvernement n’a recruté que 34% de son objectif de recrutement de professeurs d’informatique – un fait qui met à nu les fanfaronnades du chancelier de l’Echiquier Jeremy Hunt, qui prétend vouloir «aider à faire du Royaume-Uni la prochaine Silicon Valley du monde».

La ministre de l’Education devrait s’inquiéter du fait que plus d’un demi-million d’enfants sont instruits par des enseignants non qualifiés et que plus d’un demi-million de nos enfants sont instruits dans des classes comportant plus de 30 élèves. Gillian Keegan pourrait également montrer une certaine «déception» face à la politique de Jeremy Hunt. Un responsable du NEU m’a dit que le gouvernement n’avait budgétisé qu’une augmentation de 3% des salaires et avait demandé aux écoles de compenser la différence entre le 3% et l’augmentation proposée de 5% qui doit être incluse dans les budgets de l’éducation existants – ce qui implique que des coupes devront être faites dans d’autres dépenses du secteur. (Article publié sur site iNews dans la rubrique Opinions, le 31 janvier 2023; traduction rédaction A l’Encontre)