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Macron : retrait, retraite
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
A nouveau, le mardi 7 février, des centaines et des centaines de milliers de manifestants ont déferlé contre Macron et sa contre-réforme visant les retraites. Certains journaux et bulletins d’information ont osé titrer sur la « mobilisation en recul » comme si la démonstration n’avait pas été faite, refaite et archi-faite du caractère totalement minoritaire de Macron et de sa volonté de casser nos retraites face au caractère ultra-majoritaire de l’exigence de retrait, même si – ou d’autant plus que ! – la question du retrait soulève celle de la retraite … de Macron.
Mardi soir l’intersyndicale publiait un communiqué appelant à manifester samedi 11 février comme prévu, soulignant le « rejet » et le « refus » de ce projet et appelant les députés à le rejeter et le gouvernement à le retirer, et elle diffusait aussi l’information selon laquelle une nouvelle journée de grèves et de manifestations est d’ores et déjà appelée pour le jeudi 16 février.
Cette annonce, faite comme par précaution à l’avance, apparaît comme soulignant la volonté de continuer à un rythme de sénateur, alors que Macron a fixé les butoirs : l’article 47-1 de la constitution de la V° République lui permet de stopper le « débat » à l’Assemblée nationale le 26 février – il annonce maintenant le 17 février ! – et de promulguer des ordonnances, si le Conseil constitutionnel n’y trouve rien à redire, à partir du 26 mars, et alors que les éléments de crise, allant des « affaires » concernant M. Dussopt aux hésitations dans les groupes parlementaires notamment LR, s’accumulent pour le gouvernement.
En même temps, Philippe Martinez a affirmé qu’il faudrait des « grèves plus dures, plus nombreuses, plus massives, et reconductibles ». Solidaires met en discussion un départ généralisé en grève reconductible à partir du mercredi 8 mars. Beaucoup de secteurs militants espèrent fort dans des grèves reconductibles. La date d’une nouvelle « journée » le 7 mars a d’ailleurs « filtré » depuis. Pour le NPA version Besancenot-Poutou, il faut « préparer le blocage du pays jusqu’au retrait total ». Anasse Kazib, du courant « Révolution permanente », insiste dans les médias : « Il va falloir construire la grève reconductible ». Pour le POID, « Il revient aux dirigeants des confédérations syndicales, quand ils se réuniront le 11 février au soir, de proclamer en toute clarté qu’ils prendront la responsabilité d’appeler à la grève totale unie pour bloquer le pays. »
Tous parlent de la nécessité de « durcir » ou de « bloquer », des directions syndicales disent que les salariés devraient le faire, des courants politiques disent que les directions syndicales devraient leur dire de le faire. Voila le grand débat qui agite la société ces jours. A Aplutsoc, nous attirons l’attention de tous sur le point essentiel : qu’ont fait, que font réellement, les plus larges masses ?
Les plus larges masses se sont saisies, à très grande échelle, de l’appel intersyndical uni pour, dépassant toute attente des sommets, mettre un premier grand coup sur la tête à Macron le 19 janvier, ce qui a verrouillé l’intersyndicale sur le mot d’ordre de retrait (initialement absent), et elles ont recommencé à plus grande échelle et avec plus de force encore le 31 janvier, avec des grèves politiques de fait dans des centaines d’entreprises. Le 7 février elles ont recommencé mais en commençant à s’interroger sur la suite, pour gagner.
Les démarrages de « grève reconductible » ne se produisent pas à ce jour et cette formule est adressée, systématiquement, à des secteurs qui ont déjà beaucoup donné comme les cheminots. Au lendemain du 7 février, la FNIC-CGT, qui avait brandi en janvier la « grève reconductible » à compter de ce jour, s’en tient à 48 heures de grèves très bien suivies par les ouvriers opérateurs des raffineries. De même, environ la moitié des grévistes cheminots, surtout chez les roulants, ont poursuivi le 8 à l’appel de la CGT et de SUD-Rail. Chez les électriciens et chez les gaziers il n’y a pas non plus de « grève reconductible » mais beaucoup d’actions significatives de baisses ciblées de la production ou, inversement, des tarifs.
Il est clair que pour l’heure, la « grève reconductible » est une chose dont certains parlent beaucoup mais dont les salariés censés à leurs yeux la supporter ne sont pas décidés à s’y engager seuls et sans savoir comment gagner.
Par contre, on parle très peu de la grève politique de fait qui seule permet d’expliquer la considérable hausse du nombre de manifestants du 31 janvier alors même que les personnels de l’enseignement public et des transports se sont ce jour-là « économisés » en matière de grève.
Les grèves pour les salaires se relient au mouvement d’ensemble pour les retraites et augmentent, elles aussi : dans le groupe Bostik, filiale d’Arkéma (matériaux adhésifs), dans les lanceurs spatiaux Ariane à Crozon (Finistère), chez Mahle Behr, sous-traitant automobile en Alsace, chez les remorqueurs du port de Rouen, dans les labos pharmaceutiques Bailly Creat à Vernouillet …
Les mouvements contre les fermetures de classe (carte scolaire) se développent eux aussi parallèlement aux manifestations pour les retraites, comme dans l’Allier le 1° février (250 manifestants devant l’Inspection d’académie, une vingtaine d’écoles occupées et de communes mobilisées le jour des vacances) ou en Seine-Maritime où 300 parents d’élèves d’écoles menacées ont bloqué le pont Ango de Dieppe le 4 février. La question de la centralisation des luttes pour la carte scolaire contre le ministère va d’ailleurs se poser elle-aussi, alors que ni le SNUIPP-FSU ni le SE-UNSA, dont les militants sont impliqués dans ces combats, département par département, ne l’envisagent.
La jeunesse donne des signes d’ébranlement à suivre de près et à soutenir, la fac de Rennes est bloquée.
Les discussions pour des caisses de grève et la mise en place de structure de solidarité quand « il faudra partir » s’étendent très au-delà des secteurs militants habituels.
Tous les signes d’une fermentation politique réelle sont là, et les grèves portant sur les retraites sont directement politiques, les autres grèves, notamment salariales, s’y reliant de plus en plus.
Ce ne sont pas la combativité ni la conscience de la nécessité de la grève pour gagner, la grève contre Macron – c’est cela, la grève générale ! – qui manquent. Rien ne sert de décliner les mots « reconductible » ou « grève totale jusqu’à satisfaction », si c’est seulement pour placer les travailleurs devant le mur de la nécessité comme s’ils en étaient responsables. Le contenu de la grève générale est toujours politique. « Ce n’est pas la grève en masse qui nourrit la révolution, c’est la révolution qui nourrit la grève en masse » (Rosa Luxemburg, Grève de masse, parti et syndicats, 1905). Pour que ça « parte », il faut une perspective gagnante.
C’est pour cela qu’est imparable, incontournable, la question d’une manifestation centrale contre les lieux de pouvoir à commencer par l’Elysée. Bien sûr les directions syndicales « devraient » y appeler, mais elles ne le feront que contraintes comme elles ont déjà dû s’aligner sur la revendication de retrait. Il ne faut donc pas les attendre et il faut commencer à mettre en débat une date – 7, 8 mars ?
Les comités de préparation à la grève, les caisses de grève, les maisons de la grève, les intersyndicales locales, peuvent et doivent commencer à s’engager dans la préparation des conditions de la grève tous ensemble, créant ainsi les conditions de la montée en masse par et dans la grève générale contre Macron.