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FO-Airbus sabote le mouvement pour les retraites

Lien publiée le 12 mars 2023

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

FO-Airbus sabote le mouvement pour les retraites – Nouveau Parti anticapitaliste

Manifestation à Toulouse, 2007. Photo : Guillaume Paumier, wikimedia.

Depuis le début du mouvement, l’intersyndicale organise la grève à Airbus Toulouse, avec des montées en car de plusieurs milliers de salariés aux manifs en centre-ville. L’acteur majeur de cette intersyndicale est FO-Airbus avec ses milliers d’adhérents, notamment chez les ouvriers.

21 minutes de grève pour bloquer le pays

C’est tombé en fin de semaine dernière, les modalités « décidées en intersyndicale », bien loin des travailleurs du rang, pour décliner localement le mot d’ordre national de « blocage du pays » ont été un départ 21 minutes avant la fin de la vacation pour les équipes du matin et une embauche une heure après le début habituel pour les équipes d’après-midi. L’idée était de pouvoir rejoindre la manifestation au centre-ville. Mais les délégués FO le disaient eux-mêmes avec un sourire en coin, sachant très bien que la plupart des travailleurs profiteraient de cette « grève » pour rentrer plus tôt chez eux, aucun départ commun en car n’étant prévu.

Pour préserver les négociations sur les NAO

Les délégués FO l’ont reconnu sans ambiguïté, la pression a été mise par la direction d’Airbus : « Nous attendons de connaître les modalités de grève pour le 7 mars avant de pouvoir aller plus loin dans la discussion sur la clause de revoyure. » Cette clause de revoyure, c’est l’artifice sorti des NAO de l’an passé qui est censé permettre aux salaires de suivre l’inflation (jusqu’à présent, l’augmentation ne suit pas l’inflation). Le chantage est là : vos salaires ou votre retraite. Mais que représentent les millions de manifestants présents dans la rue si ce n’est la possibilité de ne pas avoir à choisir entre les deux ?

Grève, un mot bien difficile à prononcer pour FO-Airbus

Proposer 21 minutes de grève le jour où le pays devait « être à l’arrêt » n’est pas étonnant de la part de FO. Pour ce syndicat, qui gère la collaboration avec les patrons d’Airbus, le mot « grève » est tabou. Plutôt que de voir dans la mobilisation pour les retraites de millions de travailleurs à travers le pays un potentiel levier pour construire un rapport de force avec la direction d’Airbus, FO répète à longueur de journée que ces derniers leur « mangent dans la main » et qu’il n’y a pas besoin de se mobiliser : il faut laisser faire le dialogue social.

Comprendre « faire ce que le patron veut qu’on fasse » et présenter ce qu’il veut bien lâcher comme une grande victoire. En l’occurrence, ce que veulent les patrons d’Airbus, c’est de ne surtout pas ralentir le redémarrage de la filière de l’aéronautique. Les chefs le disent depuis deux mois : « Allez manifester, mais on compte sur vous pour que l’avion sorte à temps. » Ces 21 minutes de grève ne risquent pas en effet de ralentir trop la production.

Une envie de se mobiliser pourtant bien présente

Les premières contestations de l’attitude de FO sont apparues en octobre avec la mobilisation des raffineurs de Total pour des augmentations de salaire : « Pourquoi pas nous aussi ? nous aussi on a envie de se battre et pas que pour nous, pour nos familles et nos proches. » De nombreux travailleurs d’Airbus se sont reconnus dans ces travailleurs d’une grande boite du CAC 40 proposant aussi des conditions de travail et des salaires légèrement supérieurs à ce que concèdent beaucoup d’entreprises – mais pour autant ridicules comparés aux profits dégagés (4,2 milliards pour Airbus cette année, un nouveau record).

Sur la question des retraites, les discussions vont aussi bon train et l’augmentation récente des cadences ne fait qu’y ajouter. Comment espérer atteindre les 64 ans et avoir encore quelques années pour en profiter après une vie dans les produits toxiques, à porter des charges lourdes et à bosser en horaires décalés ? La colère est quotidienne.

La généralisation de la grève : un terrain glissant pour FO-Airbus qui peut ouvrir des possibilités

Les quelques fois où FO-Airbus à appelé à la grève les travailleurs des sites toulousains, c’était en contrôlant parfaitement la situation. Mais s’il est puissant dans la région toulousaine, FO-Airbus n’est pas du tout maitre de ce qu’il se passe ailleurs. Pour un peu que l’ambiance combative qui existe à travers les manifestations et les grèves en hausse à travers le pays continuent, on peut s’attendre à ce que de nouvelles vagues de contestation vis-à-vis de la politique de FO-Airbus se fassent entendre dans les ateliers, comme lors de la grève des raffineurs en octobre.

Quel sera alors l’attitude de FO-Airbus ? Si le coup des 21 minutes a pu marcher une fois, on peut espérer que les travailleurs des différents sites toulousains ne se laisseront pas mettre à l’écart du combat pour les retraites à nouveau.

Tout ça au nom de l’intersyndicale

Cette situation locale met en lumière un des problèmes que pose cette « unité à tout prix » autour de l’intersyndicale.

On peut en effet se dire « pour la mobilisation » mais dans le même temps, tout mettre en œuvre pour lui mettre des bâtons dans les roues. L’unité des syndicats, si elle se fait avec ceux qui ne défendent pas nos intérêts, n’a aucune valeur.

Espérons que ces 21 minutes restent comme une leçon et que la colère des travailleurs d’Airbus qui s’exprime au quotidien trouve le chemin de la rue et de la grève. Ce n’est qu’à ce prix – et en se détournant de nos faux-amis – que nous aurons gain de cause.

Quentin Patel