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Urgent ! Réquisitions ordonnées à la raffinerie de Normandie : « c’est la guerre »
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Alors que la grève dans les raffineries se poursuit avec quatre raffineries arrêtées sur sept, le préfet de Seine Maritime a décidé ce vendredi de réquisitionner les grévistes de la plus grande raffinerie de France. Le syndicat CGT appelle les travailleurs et la jeunesse à se rendre immédiatement devant la raffinerie en soutien !
Comme nous l’expliquions dans un précédent article, les pénuries qui touchent certains départements du sud et de l’ouest de la France sont aussi très importantes dans les aéroports. Six des dix plus grands aéroports sont en effet touchés par des pénuries de kérosène, obligeant les « compagnies aériennes à faire du double emport, c’est-à-dire venir avec le carburant pour repartir et ne pas faire le plein sur les aéroports français » explique Jean-Baptiste Salin, de la SASCA (société chargée du ravitaillement des avions) à Lyon Saint-Exupéry. La situation est particulièrement critique sur les aéroports de Roissy Charles de Gaulle et d’Orly, les deux plus importants en France.
C’est notamment la grève à la CIM (Compagnie Industrielle Maritime), en grève reconductible depuis le 7 mars, qui gère les entrées de carburant et envoie par pipeline le kérosène depuis les supertankers et les raffineries de Total Normandie et ExxonMobil Gravenchon, qui est à l’origine de cette situation de quasi-pénurie dans les aéroports franciliens. Face à cette situation, le gouvernement a décidé de procéder aux réquisitions du personnel de la plus grande raffinerie de France, celle de Total Normandie, afin d’expédier du kérosène vers les aéroports.
C’est près de 43 000 m3 qui sont actuellement dans les cuves de la raffinerie alors que celle-ci a arrêté ses installations depuis le vendredi 17 mars après avoir partiellement bloqué les expéditions de carburant à partir du 7 mars. Après les réquisitions sur le dépôt de Fos-sur-Mer mardi pour alimenter les stations du sud de la France, la nouvelle offensive antigrève du gouvernement en direction de la raffinerie de Total Normandie vise à satisfaire les besoins des compagnies aériennes privées des aéroports franciliens.
Face à cela, les raffineurs de la CGT Total Normandie ont d’ores et déjà appelé tous les syndiqués du Havre à un rassemblement devant la raffinerie à 20 heures pour empêcher les réquisitions. « Là, c’est la guerre ! » nous souffle un gréviste. Lundi 20 mars, lors d’une assemblée générale des grévistes en présence de délégations de dockers, d’énergéticiens de la centrale nucléaire de Paluel et de salariés de la CIM, Alexis Antonioli, secrétaire général de la CGT Total Normandie, prévenait : « S’il y a une seule réquisition qui se passe, on appellera à un rassemblement de toutes les forces syndicales de la région havraise. Nous organiserons l’impossibilité que les réquisitionnés se rendent sur le site ».
Dans un communiqué, la CGT Total dénonce l’alliance de Total et du gouvernement pour réprimer les grévistes : « Contrairement à la communication mensongère de la direction, la grève dans les secteurs d’expédition est majoritaire au sein de la raffinerie et leur grève fait la démonstration que sans nous la société ne tourne pas ». Le syndicat appelle « l’ensemble des travailleurs, des travailleuses et de la jeunesse de l’agglomération havraise à venir immédiatement devant la raffinerie, nombreux et nombreuses, pour défendre le droit de grève aux côtés des raffineurs »
« On va faire comme à Fos-sur-mer » promet un syndiqué. La solidarité qui s’est effectivement exprimée à Fos-sur-Mer, mardi, et qui a réuni des centaines de grévistes et des ouvriers de toutes les zones industrielles marseillaises (dockers, raffineurs, fonctionnaires, portuaires et autres) a montré qu’il était possible de faire reculer la police et de résister aux réquisitions préfectorales.
Face à ces attaques répétées du gouvernement et à sa fuite en avant autoritaire, il faut exiger de l’intersyndicale une réponse à la hauteur des attaques violentes contre le droit de grève et les manifestants des derniers jours. Les directions syndicales doivent se positionner de façon urgente pour dénoncer mais aussi organiser concrètement la riposte, en mettant tous leurs moyens au service de la solidarité mais aussi de la généralisation de la grève face au gouvernement.