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Déclaration de la coordination des espaces de la France insoumise
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Déclaration de la coordination des espaces de la France insoumise - La France insoumise
Les AMFiS d’été de la France insoumise ont été un moment marquant de la rentrée politique. Plus de 4000 personnes se sont réunies pour se former, débattre et préparer ensemble les prochaines batailles de la rentrée sociale. Nous remercions le merveilleux travail des équipes salariées de la France insoumise et des bénévoles qui se sont mobilisés sans compter pour la réussite de cet événement. Nous remercions chaleureusement nos invités qui nous ont fait l’amitié de partager avec nous leur expérience et leurs savoirs pour nous aider à penser et à agir.
Dans cette rentrée, le niveau de maltraitance sociale du pays augmente encore d’un cran et frappe l’ensemble de la société. L’école est impactée par la hausse du prix des fournitures scolaires de plus de 11%, par les difficultés de recrutements (3000 personnes manquantes au dernier concours de recrutement dans l’éducation nationale), par la vacuité totale du « Pacte enseignant » incapable de combler l’écart des rémunérations dans l’Éducation Nationale qui sont près de 10% inférieures à la moyenne des pays de l’OCDE. Pour y faire face, nous avons d’ores et déjà proposé la gratuité totale de l’école publique, un plan d’urgence de recrutement et une hausse des rémunérations mais ces propositions restent sans réponse.
Face à ces difficultés, nous dénonçons avec force l’opération de division islamophobe engagée par le gouvernement à propos du port de robe longue (abaya) dans les établissements scolaires. Si nous comprenons le besoin exprimé par des directeurs d’établissement d’une règle claire à ce propos, nous affirmons que la décision du ministre Attal va au contraire créer des situations plus complexes et se traduire par des décisions à géométrie variable en fonction de la religion supposée de l’élève en question. Fidèle à la loi de 1905, nous rappelons qu’il n’est pas du pouvoir du ministre de l’éducation nationale de décider du caractère religieux d’une tenue. L’État ne s’ingère pas dans l’organisation des cultes, il les soumet tout simplement au respect de la loi qui s’applique à tous. Nous dénonçons la volonté de manifester à travers les interdits de vêtements sous prétexte religieux une volonté sexiste de contrôle du corps des femmes. L’État n’a pas à imiter les intégristes religieux.
Cette polémique est aussi une grossière opération visant à détourner le regard des problèmes posés au pays. L’inflation frappe aussi les carburants, l’énergie et les prix alimentaires. Ces derniers ont augmenté de plus de 21% en deux ans. Dans la même période, les marges de l’industrie agroalimentaire ont progressé de plus de 70%. Cette augmentation constitue aujourd’hui la première cause de l’augmentation des prix. A l’échelle mondiale, le Fond Monétaire Internationale (FMI) rappelle que l’augmentation des profits des entreprises est responsable de la moitié de la hausse des prix. Pendant que de plus en plus de Français souffrent des conséquences de l’inflation, une petite minorité en profite pour s’enrichir sans complexe. Les privations qui s’accumulent pour le peuple sont en fait des profits accumulés par les grandes fortunes du pays. C’est insupportable.
Ce dimanche, le président des « Restos du cœur » a tiré la sonnette d’alarme et lancé un appel aux formations politiques pour un plan d’urgence alimentaire. Nous avons répondu immédiatement favorablement à sa proposition. Avec le groupe parlementaire de la France insoumise, nous proposons une rencontre aux principales associations d’aide alimentaire pour élaborer ensemble ce plan d’urgence alimentaire et pouvoir le déposer à l’Assemblée nationale. D’ici là, fidèle à sa vocation de mouvement utile et engagé dans des initiatives de solidarités concrètes, la France insoumise organisera, partout où c’est possible, un grand week-end de collectes alimentaires, en lien avec les associations d’aide alimentaire les 9 et 10 septembre.
Mais cette situation nécessite des réponses politique fermes et d’ampleur. La volonté du gouvernement, enfermé dans son idéologie libérale, de laisser le soin au marché de régler cette situation est un échec total. Après nous avoir annoncé depuis plusieurs mois que le pic de l’inflation était atteint, après avoir multiplié les petits chèques et les primes plutôt que des augmentations de salaires, le gouvernement se retrouve dans une impasse. Cette impasse, c’est celle de l’ultralibéralisme économique et du refus complet d’agir face aux profiteurs de crise. C’est pourquoi nous demandons la hausse du SMIC, l’indexation des salaires sur l’inflation, le blocage des prix des produits de première nécessité et l’encadrement des marges de l’industrie agroalimentaire.
Ce sont notamment ces propositions que nous avons portées, sans illusion, avec nos collègues de la NUPES à l’occasion de la rencontre organisée par le président de la République le mercredi 30 août. Nous dénonçons la forme lamentablement monarchique de ce rendez-vous et son résultat totalement vide. Nous refusons de nous habituer au contournement des institutions républicaines par un monarque présidentielle en recherche de plan de communication médiatique. Et nous dénonçons son refus d’entendre la voix du pays qui demande des réponses urgentes face aux urgences sociales, écologiques et démocratiques qui les frappe.
Nous alertons également sur la répression policière et judiciaire de plus en plus forte que subissent les mouvements sociaux. Nos libertés de rassemblement, d’expression, d’action, de protestation, s’amenuisent de mois en mois. Nous sommes en soutien de tous les associations, syndicats, collectifs, mouvements, qui sont victimes de la restriction des libertés publiques.
Il n’y aura pas de réponses à la hauteur de ces urgences sans unité et sans mobilisation populaire. C’est pourquoi nous appelons les insoumis à se saisir partout en France de l’appel à la manifestation du 23 septembre pour la justice sociale et contre le racisme et les violences policières. Nous les invitons à rentrer en contact partout en France avec les syndicats, les associations, les collectifs de victimes de violences policières et les partis politiques qui soutiennent cet appel pour créer les conditions d’une mobilisation d’ampleur.
Les élections européennes du mois de juin doivent être également un moment de riposte populaire. Elles déclenchent d’ores et déjà un débat en France. Nous voulons proposer une évaluation commune pour agir dans la direction fixée par le vote général des insoumis suite à la dernière assemblée représentative.
Quel est notre but ? Nous voulons la formation d’une liste de la NUPES capable de battre le bloc macroniste et la liste du Rassemblement National. Pourquoi ? Pour nous, le vote des européennes ne peut être séparé du contexte dans lequel vit le pays et qui illustre une tendance plus large en Europe. Celui de la vague de maltraitance sociale venant du gouvernement et d’une convergence des droites et de l’extrême-droite autour du programme de cette dernière. Cette orientation désastreuse s’abat sur nous tous au moment où le changement climatique est entré dans une nouvelle phase dangereuse pour l’espèce humaine et le fonctionnement de nos sociétés. Plus que jamais, l’entraide et les services publics sont indispensables au contraire de l’accumulation de la fortune et de la privatisation de tous les services indispensables à la vie.
Pour desserrer l’étau que ce contexte fait peser sur le pays, l’élection est le moment de l’intervention populaire. Il doit être pris au sérieux. Il n’est pas possible d’en ignorer l’importance. Il n’est pas acceptable de laisser sans réponse le passage en force de la retraite à 64 ans après six mois du plus grand mouvement social depuis 1968. Notre rôle est d’aider le peuple à affirmer par le vote combien cette politique n’est pas celle dont il a besoin pour vivre dignement. La dimension nationale de cette élection est évidente. Jordan Bardella ne se présente-il pas déjà dans son annonce de candidature comme le vote sanction contre Macron ? Ne voit-on pas comment le RN compte se présenter comme le plus gros bâton contre le pouvoir pendant que les composantes de la NUPES seraient éparpillés dans des scores de témoignage ? Il faut déjouer ce plan. Et non pas le faciliter.
Le vote aux élections européennes permet aussi de sanctionner la politique de la Commission européenne. Parmi combien d’autres choix négatifs, elle a encouragé la France à repousser l’âge de la retraite, nous a contraint à supprimer les tarifs réglementés de l’énergie, à libéraliser nos services publics comme le fret ferroviaire, à nous engager dans toujours plus d’accords de libre-échange, à poursuivre l’alignement stratégique sur les Etats-Unis au lieu d’être un pôle non-aligné face aux empires. Tout cela a été voulu et approuvé par les partis de la coalition macroniste et soutenu le plus souvent par l’extrême-droite. Il y a donc une logique totale à lier le vote de cette élection pour le Parlement européen avec le combat contre la macronie et le RN en France.
Telle est notre évaluation. La liste unie de la NUPES est alors le plus court chemin pour retrouver la victoire électorale que nous avions acquise au premier tour de l’élection législative de 2022. Ce serait évidemment un bouleversement pour la politique en France. Mais ce serait aussi un message d’encouragement formidable pour toutes les résistances en Europe quand se forment partout des coalitions de la droite, du centre et de l’extrême droite.
Alors que 82% des électeurs de la NUPES souhaitent une liste commune aux élections européennes, nous buttons sur des difficultés inattendues. Nous pensions que l’accord NUPES et la signature du programme partagé sur 650 mesures (dont un chapitre entier sur l’Europe sans divergences) garantissait une période d’action unie permettant dans la durée de convaincre de nouveaux électeurs de rejoindre notre coalition face à Macron. Le refus de l’union a été une surprise pour nous. Nous avons aussitôt pris l’initiative pour surmonter la difficulté. Nous avons proposé à EELV de prendre la tête de la liste commune en tenant compte du fait que ce parti était arrivé en tête des quatre partis de la NUPES lors de la précédente élection européenne. Et nous avons proposé de nous accorder de telle sorte que tous les partenaires puissent être représentés au Parlement européen, notamment le PCF qui n’a plus d’élu depuis 2019.
Nous regrettons que les réponses demeurent à ce jour défavorables. Le Parti Communiste a opposé un refus de principe dans le cadre de sa séparation toujours plus marquée avec la NUPES. Plus surprenant est le refus de principe d’EELV ne serait-ce que de débattre de la possibilité d’une liste commune. Ces deux partis ont donc désigné une tête de liste et des premiers candidats. De notre côté, nous avons continué à agir pour unir. Nous avons compté sur une prise de conscience unioniste à mesure que se préciserait la menace de la domination du tandem Macron-Le Pen. C’est ce qui s’est passé. Nous avons été soulagés et encouragés par les prises de parole et l’engagement de ceux et celles qui ont pris position depuis pour l’union. Au PS, à EELV, à Génération.s, des voix se sont élevées pour l’union.
Dans ce cadre, nous avons accueilli positivement l’appui à une liste d’union apporté par Ségolène Royal. C’est une attitude utile de sa part. Elle a permis de rouvrir le débat qui semblait clos. Benoit Hamon s’est également exprimé sans détour dans le même sens. Ce sont ainsi deux anciens candidats du PS à la présidentielle qui ont ajouté leur engagement pour l’union à ceux d’autres députés socialistes. Olivier Faure lui-même a précisé que si EELV acceptait d’ouvrir la discussion pour une liste unie, il ne s’y opposerait pas et participerait aux échanges sur ce sujet. Au sein d’EELV, Sandrine Rousseau et Julien Bayou, parmi d’autres élus et militants, ont défendu la nécessité d’étudier cette option. Enfin, nous sommes heureux de voir que les organisations de jeunesse de la NUPES se sont accordées pour demander une liste unie et présenter en commun un programme dont nous pensons qu’il pourrait servir de base pour l’union autour de la liste unie. Tout cela est positif et peut déboucher. Notre action pour l’union peut donc continuer.
Pour cela, il faut préciser nos intentions. Nous n’agissons pas pour « faire pression sur nos partenaires » mais pour convaincre notre peuple d’une stratégie de victoire contre la droite et l’extrême-droite. Nous n’agissons pas pour notre profit mais pour défendre l’espoir d’une alternative. C’est pourquoi nous maintenons notre proposition que la tête de liste soit issue d’EELV et la garantie pour chacun d’avoir sa place au Parlement européen.
On nous a attribué l’intention, notamment dans un sondage en date du 3 septembre, de former une liste de la France insoumise ayant à sa tête Ségolène Royal. Ce n’est pas ce que nous avons dit et ce que nous disons. Nous remercions Ségolène Royal d’avoir proposé sa candidature pour une liste d’union car elle permet d’ouvrir une discussion concrète. A ce stade, notre objectif est de convaincre nos partenaires de l’utilité d’une liste commune de la NUPES. Rien de plus, rien de moins. Nous partons de l’hypothèse qu’une liste unie est possible. Nous ne travaillons donc pas actuellement à en préparer une pour le compte de notre seul mouvement. Nous verrons dans les prochains mois comment la situation évoluera.
D’ici là, pleinement engagé dans l’objectif d’une liste unique de la NUPES, nous chargeons Manon Aubry, présidente du groupe de la Gauche au Parlement européen, de coordonner, en lien avec les espaces du mouvement et nos parlementaires européens, notre campagne pour l’union en France et au Parlement européen.