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L’usine Stellantis Mulhouse à l’arrêt depuis une semaine : les salariés dénoncent le "lean management"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
L’usine de voitures Stellantis à Mulhouse (Peugeot-Citroën) est à l’arrêt depuis ce lundi. La politique de production en flux tendu du groupe industriel est à l’origine de la pénurie de pièces, et se répercute violemment sur les ouvriers.
Sept séances de travail annulées par la direction : l’usine PSA à l’arrêt depuis lundi
Déjà sept séances de travail annulées par la direction de l’usine Stellantis à Mulhouse (Haut-Rhin). Matin, après midi, soir : les annulations de séances se succèdent comme le dénonce la CGT PSA Mulhouse : « Les salariés, et on parle de milliers de personnes, sont prévenus au dernier moment ». En cause, une pénurie de disques de frein sur les lignes de production, due à la politique du groupe industriel de produire au maximum à flux tendu, avec le moins de stock possible pour augmenter la rentabilité.
« Le problème n’est pas nouveau, il est régulier depuis un certain temps », nous explique Vincent Duse, de la CGT PSA Mulhouse. « Le flux tendu, ça ne fonctionne pas ! Et ce sont les ouvriers qui en payent le prix » poursuit-il. En effet, « lorsque les séances de travail sont annulées, les ouvriers sont forcés de ne plus travailler et les intérimaires perdent leur salaire ! » dénonce Vincent. Mais les salariés ne sont pas vraiment au chômage technique : « dans l’immense majorité des cas, des calendriers de récupération sont instaurés par la direction pour rattraper le retard de production ».
En effet, si le groupe Stellantis est entièrement responsable de la situation, puisque l’usine produisant les fameux disques manquants appartient à ce même groupe, les répercussions économiques et sociales se font sur les salariés. Les quotas de productions sont effectivement fixés en début de mois par la direction, et lorsque ce type de blocage des chaines se produisent, celle-ci oblige les ouvriers à revenir compléter la production par des journées de travail, souvent placées le samedi. Si la situation est saillante depuis cet été à Stellantis Mulhouse, ce système de production et ses conséquences néfastes sur les salariés que dénonce Vincent Duse, s’installent depuis un certain temps dans les entreprises.
Le « lean » dans les usines : graves conséquences de la production en flux tendue sur la santé des ouvriers
C’est ce que nous confirme Juan Sebastián Carbonell, sociologue du travail et spécialiste de l’industrie automobile, auteur du livre Le futur du Travail paru aux Editions Amsterdam, en 2022 : « cette politique de production n’est pas nouvelle, elle date de la mise en place du ‘’lean’’ dans les entreprises françaises, un concept selon lequel il serait possible d’obtenir des usines minimales, très flexibles, avec le moins de moyens humains et matériels possibles ». « Mais cela entraîne des fragilités », ajoute-t-il : « les usines sont sujettes à ruptures d’approvisionnement, ou à des pannes, ce qui se répercute directement sur les salariés, avec la possibilité de leur faire rattraper de la production ».
Selon lui, « ces calendriers de rattrapages datent au moins de la loi sur les 35 heures, avec la possibilité de moduler la production sur l’année » : présentée comme progressiste par le gouvernement Jospin, cette mesure a en réalité permis plus de flexibilité dans le temps de travail. Les rattrapages ont été selon lui renforcés par les accords de compétitivité : « pensés d’abord comme des accords de crises, ils sont progressivement devenus des outils pour les entreprises, même hors crises, pour engranger plus de profits ». Il nous explique que « concrètement, les salariés ont des bornes hautes et basses de temps de travail, que la direction peut moduler en les forçant à rattraper de la production en travaillant le samedi, ou en utilisant l’overtime, c’est dire une diminution des temps de pause. ».
Ces rattrapages de travail pèsent lourds sur les ouvriers, qui payent de leur santé les politiques de production de l’entreprise. « Les journées de récupération, le samedi par exemple, comme c’est souvent le cas, ne donnent lieu qu’à des majorations minimales ou nulles, et surtout elles cassent la santé des ouvriers, et leur vie de famille », raconte Vincent. « Imaginez avoir fait toute la semaine sur la chaine et il faut encore revenir le samedi ? Les collègues sont épuisés, ils n’ont que le dimanche pour souffler ».
Juan Sebastián Carbonell abonde en ce sens : « les salariés ne sont prévenus qu’en dernière minute de ces rattrapages, les horaires deviennent imprévisibles, ce qui augmente ce que l’on appel en sociologie du travail la “disponibilité temporelle“ : le temps hors du travail peut soudainement devenir du temps de travail. Cela accroit la fatigue des ouvriers, qui est difficilement récupérable d’une semaine sur une autre. Cette fatigue empiète sur leurs vies personnelles et familiale ».
Ce qui le marque le plus Vincent, c’est de voir ces méthodes primer sur la santé des travailleurs : « au nom de la flexibilité et de la rentabilité, les patrons considèrent que les ouvriers sont mobilisables quand bon leur semble et que tous les jours se valent, un mardi peut être remplacé par un samedi, tant pis si la vie personnelle du salarié passe à la trappe, et encore, le pire c’est la situation des intérimaires ».
Pour les intérimaires, la double peine
Les travailleurs en contrat précaire sont effectivement les plus touchés par ces politiques de production. Là où les ouvriers en CDI bénéficient du maintien de leur salaire, les intérimaires ne sont tout simplement plus payés, faute de travail. Ces contrats fragiles deviennent rapidement invivables pour les concernés lorsque les arrêts se multiplient.
Aux côtés des groupes industriels, les entreprises d’interim ne sont pas en reste avec des méthodes répugnantes, comme en témoigne Vincent : « dans ces cas-là, il est courant de voir les boîtes d’interim proposer à leurs contractuels une avance de salaire pour les jours sans travail, sauf que cette avance, elles la prennent sur l’indemnité de fin de contrat ! C’est horrible parce que c’est littéralement le salarié qui se paye lui-même, avec son argent, puisque cette IFC lui est due ! ».
Sur la situation des intérimaires, Juan Sebastián Carbonell explique : « les entreprises ont deux moyens de faire varier leur production, d’une part le temps de travail et d’autre part les intérimaires, c’est-à-dire la main d’œuvre flottante. Ils occupent les postes les plus durs, souvent de nuit ou le week-end, et peuvent servir de fusibles. En période de crise les entreprises se débarrassent des intérimaires en ne renouvelant pas leur contrat, ce qui leur économise des frais et des procédures de licenciement, ce qui explique qu’ils en emploient en aussi grand nombre ».
Ces pratiques concernent du monde, puisque Stellantis emploie plusieurs milliers d’intérimaires sur ses lignes. Dans le seul secteur de l’usine dite « terminale », qui s’occupe notamment du montage, de la peinture et du ferrage, et où travaillait Vincent, se trouvent plus de 1 500 intérimaires.
La situation à Stellantis Mulhouse offre ainsi un éclairage cru des politiques de rentabilité imposées par le patronat, au péril du salaire, des conditions de travail et surtout de la santé des travailleurs, et notamment des plus précaires comme les intérimaires. Avec plus de 16 milliards de bénéfices l’an dernier pour le groupe Stellantis et un PDG, Carlos Tavares, qui gagne autant en une journée qu’un intérimaire en trois ans, il est vital d’exiger au minimum l’embauche en CDI de l’ensemble des précaires !