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    [6 oct] Première séance du SLAC le 6 octobre : Oublier !

    Lien publiée le 6 octobre 2023

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Le Séminaire Littéraire des Armes de la critique (SLAC) fait sa rentrée le vendredi 6 octobre à 14h30 : la première séance sera consacrée à la question de la canonisation auctoriale et à l'instrumentalisation politique de la littérature. Nous entendrons deux communications. Celle d'Oliver Gloag, auteur du livre récemment paru à La FabriqueOublier Camus ; et celle d'Edward Lee-Six, qui lui répondra par un "Oublier Orwell". Le résumé de ces deux interventions se trouve ci-dessous.

    La séance aura lieu au siège de PSL*, dans la salle du conseil, 60 rue Mazarine, Paris VIe. Elle est ouverte à tou⋅te⋅s, comme toujours. 

    Le reste du programme se trouve sur : https://adlc.hypotheses.org/seminaire-litteraire-des-armes-de-la-critique-11e-annee-2023-2024

    Oliver Gloag : "Camus, enjeu idéologique."

    Pour un homme qui se voulait libre de tout parti, de toute chapelle, Camus en fréquenta beaucoup. Il fut tour à tour réformiste, communiste, pour le Front populaire, nihiliste, munichois, pacifiste, résistant, pour l’épuration, contre l’épuration, contre de Gaulle, pour Mendès France, sympathisant libertaire, pour de Gaulle contre Maurice Thorez, contre la guillotine (pas toujours), silencieux sur la torture mais pour « la fin des impérialismes », tout en étant contre l’indépendance de l’Algérie.

    Ces variations produisirent un résultat contraire à celui qu’il avait escompté : il fut et continue d’être récupéré par absolument tout le monde. Plutôt que les déclarations d’un homme libre nous n’avons là que butinages, moralisme et déclamations qui sont tout autant de slogans vides de sens. Aujourd’hui, c’est la réception qui fait Camus.

    Mais par-delà les intérêts économiques et les destins personnels des uns et des autres, Camus et son image sont un enjeu idéologique. Récupérer Camus pour l’État français équivaut à rien de moins que réécrire l’histoire de France.

    Nous examinerons donc ses prises de positions publiques sur les massacres de Sétif et à Madagascar (en 1947), ainsi que ses prises de position sur la peine de mort à l’aune des commentaires de ses critiques hexagonaux :  le contraste est saisissant. 

    Edward Lee-Six : "De Blair à Orwell : Histoire d’une canonisation"

    Quand on prononce le mot « Orwell », on nomme à la fois un écrivain et une divinité adorée par bon nombre d’intellectuels, d’universitaires, et de journalistes dans les pays de l’OTAN. Une première partie de cet exposé tentera donc de décrire les principaux éléments discursifs et d’identifier les principaux acteurs du culte orwellien. On verra que, selon ce culte, Orwell est surtout le démiurge de 1984 et d’Animal Farm et que son statut se fonde sur les qualités morales et prophétiques qu’il est censé incarner.

    Dans un deuxième temps, nous nous concentrerons sur l’homme de chair et de sang, Eric Arthur Blair, dont le nom de plume était Orwell. Ce sera l’occasion de signaler certaines de ses œuvres moins connues (critique littéraire, interventions politiques, enquêtes sociales, mémoires) et de s’arrêter sur ses prises de position, publiques et secrètes, honorables et – surtout, hélas – honteuses.

    Ayant constaté le gouffre entre Eric Blair et Saint Orwell, la troisième partie de cet exposé se demandera comment ce gouffre s’est creusé et quelle est sa fonction dans le discours public. À quoi – et à qui – sert la canonisation ?

    S’il est possible qu’Orwell occupe une place d’une centralité parfois imméritée dans la culture occidentale, en guise de conclusion, nous proposerons quelques auteurs contemporains d'Orwell injustement oubliés. Serait-il tout simplement temps de lire autre chose que 1984 ?

    Pour le SLAC, Vincent Berthelier