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François Cerutti est mort

Lien publiée le 6 octobre 2023

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

François Cerutti est mort - des nouvelles du front (dndf.org)

Il faut évidemment commencer par les choses convenues.

« François Cerutti est né en Algérie en 1941. Ses aïeux issus d’un éventail migrants qui va de Malte à l’Espagne, se sont installés dans la région d’Alger vers 1840. Au moment de la guerre d’indépendance il prend le parti de s’opposer aux méthodes de la guerre coloniale et au militarisme. Après l’Indépendance, il travaille dans une usine en autogestion. Renforcement du mouvement autogestionnaire et lutte contre l’hégémonie du FLN le guident dans ses actions. Le coup d’Etat de Boumediene en 1965 le contraint à l’exil en France. 1968 le verra s’engager dans les activités du Comité interentreprises de  Censier à Partis. Chemin faisant il ne cesse de s’interroger sur les racines et les fondements de l’entreprise coloniale en Algérie. Il a publié chez Spartacus 2018 : D’Alger à Mai 68, mes années de révolution. » (Bonnel et Cerutti, Une histoire sociale et politique de la conquête de l’Algérie, Terrasses éditions 2022)

Tout est dit ou presque c’est-à-dire sauf l’essentiel. C’est-à-dire ce que chacune et chacun  a pu vivre au plaisir d’être, même brièvement, avec lui

J’ai connu François de façon très épisodique. D’abord à la librairie de la Vieille Taupe (celle de la fin des années 1960) dont avec Dauvé et Guillaume il était un des piliers ; le plus aimable, le plus avenant envers les « petits » comme moi qui arrivions dans ce temple de la  « théorie » et de la « révolution ». François était un « Grand-Frère ». Pas avec une génération de plus mais suffisamment plus âgé pour avoir, vécu, lu et compris certaines choses et  nous « guider»  clairement mais sans suffisance.

 Il fut, à ma connaissance, le principal rédacteur du n°1 de Mouvement Communiste, un texte fondateur dans la réflexion de l’après—68 et aux répercussions encore actuelles.

Nous nous sommes retrouvés au milieu des années 70 à Aix en Prce où il était venu vivre, il participait alors aux réunions du Bulletin Communiste (émanation d’Intervention Communiste avant que cela devienne Théorie Communiste). Nous avons fait quelques distributions de tracts ensemble dont une sur la « fin » de la guerre au Vietnam qui donna lieu à une altercation dont il rendit compte  de façon « très personnelle » dans un texte du Bulletin Communiste (1973)  : « Notes à propos de l’altercation au resto-u les Gazelles ».

Nous nous sommes ensuite longtemps perdus de vue avant de nous retrouver ces dix dernières années chez des amis communs dans le Sud. Là, nous avons à nouveau pas mal discuté, mais je voyais que François regardait les choses d’une certaine distance, toujours présent, mais à la fois triste et désabusée. Il avait commencé un grand travail sur son histoire familiale : les aïeux chassés de Malte, de la baie de Naples et de Provence par le marteau de la modernisation capitaliste et écrasés sur l’enclume de la productivité nécessaire et réclamé, une fois « l’Indigène » chassé, de chaque pauvre colon arrivé en Algérie sous l’administration mathématique de l’Armée. Ce livre pris dans des ramifications infinies ne fut jamais finalisé. A part quelques longs apéritifs ce furent mes derniers échanges avec François.

Tu manques « Grand Frère ».

R.S

François Cerutti