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Le sionisme n’est pas synonyme de judaïsme.

Antisémitisme Palestine

Lien publiée le 13 novembre 2023

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Le sionisme n’est pas synonyme de judaïsme. | Liga Internacional de los Trabajadores (litci.org)

Pas en notre nom ! C’est le cri des Juifs orthodoxes qui se sont mobilisés aux États-Unis et à Londres, exigeant l’arrêt des bombardements sur Gaza et la fin du régime d’apartheid israélien. C’est aussi le cri des jeunes Juifs qui ont occupé le Capitole des États-Unis pour faire la même demande.

Par: Alicia Sagra – LIT-QI, le 28 octobre 2023

L’attitude courageuse de ces Juifs, qui ont accompli un acte sans précédent en défendant les droits du peuple palestinien, faisant face non seulement à la répression de leurs gouvernements, mais aussi à la répudiation par la majorité de leur communauté, est une preuve convaincante des mensonges du sionisme. Ils disent « pas en notre nom » parce que ce qui a lieu depuis plus de 75 ans en Palestine n’est pas une confrontation entre religions, musulmans contre juifs,.

Il s’agit d’une vérification actuelle de propos tenus par d’anciens exilés palestiniens, qui racontent comment, dans leur enfance, avant la Nakba, les enfants juifs, chrétiens et musulmans jouaient ensemble, sans se préoccuper de la religion des uns et des autres. Leurs parents étaient pour la plupart des paysans pauvres, qui souffraient depuis longtemps de l’oppression du colonialisme britannique, mais qui n’avaient aucun problème entre eux. Il y avait toutefois bien eu une différence d’intégration entre les Juifs autochtones de la région (les Sépharades), qui étaient totalement intégrés, et les Juifs européens (les Ashkénazes) qui avaient été introduits par le sionisme (en accord avec l’impérialisme britannique depuis la déclaration Balfour [1]) et qui étaient des colons armés qui disputaient la terre aux Palestiniens chaque fois qu’ils le pouvaient.

L’oppression et l’exploitation coloniales sont devenues de plus en plus violentes et la Palestine est devenue une terre en ébullition, qui a éclaté lors de la révolution de 1936. À partir de là, les Britanniques ont vu dans les colons sionistes un outil important. Comme le dit Schoenman, « les sionistes leur offraient une ressource unique qu’ils n’avaient jamais eue dans aucune colonie : une force locale qui faisait cause commune avec le colonialisme britannique et qui était intensément mobilisée contre la population autochtone ».

Un autre grand mensonge est que la construction d’Israël était motivée par des raisons religieuses, « le retour à la terre promise, dont ils avaient été chassés », comme le prétend la propagande sioniste.

Le sionisme, rejetant la lutte pour la révolution socialiste pour résoudre la question juive, voyait comme seul moyen de mettre fin à la discrimination un territoire propre qui regrouperait tous les Juifs du monde. Mais ses propositions sont longtemps restées minoritaires, la plupart des Juifs souhaitant s’assimiler dans leur pays respectifs.

La situation du sionisme a changé après l’holocauste nazi et, fondamentalement, avec le refus des pays européens d’accueillir le contingent d’hommes et de femmes revenant des camps de concentration avec de profondes blessures physiques et psychologiques.

Ainsi, pour résoudre la « question juive » dans leurs pays, les gouvernements impérialistes en sont venus à soutenir la proposition sioniste de « terre pour un peuple sans terre ».

Pour parvenir à leurs fins, les sionistes ont collaboré avec tous les impérialismes (y compris l’allemand), qui les ont à leur tour utilisés comme un outil pour défendre leurs intérêts coloniaux : d’abord les Britanniques et enfin les Yankees qui, jusqu’à ce jour, les arment jusqu’aux dents pour s’assurer qu’Israël soit leur gendarme au Moyen-Orient.

La création d’Israël a donc toujours été une question politique, jamais un motif religieux, même si c’est l’argument utilisé par les sionistes pour gagner des adeptes. À tel point que lors d’un congrès sioniste, il a été suggéré que le territoire revendiqué pourrait se trouver en Patagonie argentine.

Les quatre mythes du sionisme

Ralph Schoenman, intellectuel et militant marxiste juif nord-américain récemment décédé, examine les quatre mythes sur lesquels repose le sionisme :[2]

1. Une terre sans peuple pour un peuple sans terre

Alors qu’en fait, « en 1947, il y avait 630 000 Juifs et 1 300 000 Arabes palestiniens »[3]. Les Juifs constituaient donc 31% de la population au moment de la partition de la Palestine par les Nations Unies. La décision de partager la Palestine, promue par les grandes puissances impérialistes et l’Union soviétique de Staline, a donné 54% des terres fertiles au mouvement sioniste. Mais avant que l’État d’Israël ne soit formé, l’Irgoun et la Haganah[4] se sont emparés des trois quarts des terres et ont expulsé la quasi-totalité des habitants. »

2. La démocratie israélienne

« D’innombrables reportages et références à l’État d’Israël à la télévision ou dans la presse s’appuient sur le fait qu’il s’agit de la seule « vraie » démocratie au Moyen-Orient. En réalité, Israël est à peu près aussi démocratique que puisse l’être l’apartheid de l’Afrique du Sud. Les libertés civiques, les procédures judiciaires et les droits de l’humain fondamentaux sont refusés par la loi à ceux qui ne répondent pas aux critères raciaux et religieux. ».

3. La sécurité

« Les sionistes affirment que leur État doit être la quatrième puissance militaire du monde parce qu’Israël a été contraint de se défendre contre la menace imminente des masses arabes primitives et remplies de haine, fraîchement descendues des arbres. La « sécurité » a été le slogan utilisé pour dissimuler le massacre généralisé des populations civiles à travers la Palestine et le Liban, pour confisquer les terres palestiniennes et arabes, pour s’étendre dans les territoires environnants et construire de nouvelles colonies, pour déporter et torturer systématiquement les prisonniers politiques. »]

4. Le sionisme, héritier moral des victimes de l’Holocauste.

« C’est le mythe le plus répandu et le plus insidieux du sionisme. Les idéologues de ce mouvement se sont enveloppés du linceul collectif des six millions de Juifs victimes de l’assassinat en masse nazi. L’ironie cruelle et amère de cette fausse affirmation est que le mouvement sioniste a été dès le début activement de connivence avec le nazisme. »

Et Schoenman commente : « Il semble étrange à la plupart des gens que le mouvement sioniste, qui invoque toujours l’horreur de l’Holocauste, ait activement collaboré avec l’ennemi le plus acharné que les Juifs aient jamais eu. Cependant, l’histoire révèle non seulement une communauté d’intérêts, mais aussi une profonde affinité idéologique enracinée dans le chauvinisme extrême qu’ils partagent. »

Cette affinité idéologique entre le sionisme et le nazisme que Schoenman mentionne est liée au fait que les deux mouvements partagent la théorie de la « pureté du sang », l’un étant « la race supérieure », l’autre « le peuple élu ». Le leader sioniste Leev Jabotinsky, confronté au processus d’assimilation des Juifs allemands, défendait la thèse selon laquelle la seule solution à la question juive est l’obtention d’un territoire propre, et il souligne : « Il est impossible pour quiconque de s’assimiler à des gens dont le sang est différent du sien (…) il ne peut y avoir d’assimilation. Nous ne devons jamais permettre des choses telles que les mariages mixtes parce que la préservation de l’identité nationale n’est possible qu’à travers la pureté raciale et, à cette fin, nous devons avoir ce territoire dans lequel notre peuple constituera les habitants racialement purs. »[5]

Et cette doctrine est devenue une politique de collaboration avec les différents impérialismes et, aussi incroyable que cela puisse paraître, avec celui dirigé par Hitler. « La Fédération sioniste d’Allemagne a envoyé un mémorandum de soutien au parti nazi le 21 juin 1933. On y lit :  » …une renaissance de la vie nationale telle qu’elle se produit dans la vie allemande… doit également se produire dans le groupe national juif.
Sur la base du nouvel État (nazi) qui a établi le principe de la race, nous souhaitons intégrer notre communauté dans la structure globale de manière à ce que, pour nous aussi, dans la sphère qui nous est assignée, nous puissions développer une activité fructueuse pour la patrie…
 « .
Loin de répudier une telle politique, le congrès de 1933 de l’Organisation sioniste mondiale a rejeté par 240 voix contre 43 une résolution appelant à une action contre Hitler »[6].

Tout au long de son œuvre, Schoenman donnera des preuves de la collaboration du sionisme avec le régime nazi, complice des souffrances du peuple juif, afin d’obtenir un soutien pour sa proposition de créer son propre État. Quelques exemples :

En 1933, un accord commercial fut conclu entre la Banque anglo-palestinienne de l’Organisation Sioniste Mondiale (OSM) et l’État allemand, rompant ainsi le boycott juif au régime nazi.

Les sionistes ont activement saboté les efforts visant à amener les gouvernements des États-Unis et de l’Europe occidentale à modifier les lois sur l’immigration afin de favoriser l’asile des Juifs persécutés par Hitler. Le rabbin nord-américain Stephen Weis, dirigeant du Congrès Juif-Américain, a écrit dans une lettre : « Vous serez peut-être intéressé de savoir qu’il y a quelques semaines, les représentants des principales organisations juives se sont réunis en conférence… Il a été convenu qu’aucune organisation juive ne soutiendrait désormais une législation qui modifierait de quelque manière que ce soit les lois sur l’immigration. » [7]

En 1938, Ben Gourion a déclaré à une assemblée de sionistes travaillistes en Grande-Bretagne : « Si je savais qu’il était possible de sauver tous les enfants d’Allemagne en les emmenant en Grande-Bretagne et seulement la moitié d’entre eux en les transportant en Erstz Israël, je choisirais la deuxième solution. »

Comme le dit Schoenman, l’obsession de coloniser la Palestine et d’être plus que les Arabes a conduit le mouvement sioniste à s’opposer à tout sauvetage de Juifs menacés d’extermination, afin qu’il n’y ait pas d’obstacle au détournement d’une main-d’œuvre sélectionnée vers la Palestine.

Ainsi, entre 1933 et 1935, l’OSM rejette les deux tiers des Juifs allemands qui demandent un certificat d’immigration. Durant cette période, elle avait encouragé un plan d’émigration juive vers la Palestine en invoquant la menace d’extermination. Mais il y a des Juifs allemands qui étaient trop âgés pour procréer en Palestine, qui n’avaient pas les qualifications professionnelles pour construire une colonie sioniste, qui ne parlaient pas l’hébreu et qui n’étaient pas sionistes. Pour remplacer ces Juifs menacés d’extermination, l’OSM a fait venir six mille jeunes sionistes des États-Unis, de Grande-Bretagne et d’autres pays où les Juifs n’étaient pas menacée.

« En juillet 1944, le leader juif slovaque, le rabbin Dov Michael Weismandel a proposé, dans une lettre adressée aux fonctionnaires sionistes chargés des « organisations de sauvetage », une série de mesures pour sauver les Juifs condamnés à l’extermination à Auschwitz. Il proposa des cartes exactes des chemins de fer et préconisait le bombardement des liaisons ferroviaires par lesquels les Juifs hongrois étaient transportés vers les fours crématoires.

Il a demandé le bombardement des fours d’Auschwitz, le parachutage de munitions pour 80 000 prisonniers, le parachutage de sapeurs pour faire sauter tous les moyens d’anéantissement et mettre ainsi fin à la crémation quotidienne de 13 000 Juifs.

Au cas où les Alliés rejetteraient la demande, Weismandel proposait que les sionistes, qui disposent de fonds et d’une organisation, organisent des avions, recrutent des volontaires juifs et effectuent le sabotage. » [8].

Comme l’explique Schoenman, Weismandel n’était pas le seul. À la fin des années 1930 et dans les années 1940, les porte-parole juifs en Europe ont appelé à l’aide, à des campagnes publiques, à une résistance organisée, à des manifestations pour forcer les gouvernements alliés ; et la réponse a été le silence de la part des sionistes. Les Alliés n’ont pas bombardé aucun four.

En juillet 1944, Weismandel a écrit dans une lettre aux sionistes : « Pourquoi n’avez-vous rien fait pour nous jusqu’à présent ? Qui est responsable de cette terrible négligence ? N’êtes-vous pas coupables, compatriotes juifs, vous qui avez la plus grande chance au monde, la liberté ?
(…) Vous, frères juifs, fils d’Israël, vous êtes fous ? Ne connaissez-vous pas l’enfer qui nous entoure ? Pour qui gardez-vous votre argent ? Assassins ! Fous ! … 
» [9]…

Suite à cette action sioniste pendant la Seconde Guerre mondiale, il n’est pas surprenant qu’en mai 1935, Reihard Heydrich, chef du service de sécurité des SS, ait écrit un article divisant les Juifs en deux catégories, soutenant les Juifs sionistes, en disant : « Ils ont nos meilleurs vœux et notre bonne volonté officielle. »[10].

C’est ça les sionistes qui prétendent être les héritiers des victimes de l’Holocauste du peuple juif. Il est sans doute difficile de le croire, mais ces allégations ne sont pas le fait de personnalités antisémites, mais d’intellectuels juifs prestigieux. Tous ces faits sont amplement documentés dans le livre Le sionisme à l’ère des dictateurs de l’écrivain juif nord-américain Lenni Brenner [11], et cités dans L’histoire cachée du sionisme » de l’écrivain juif Ralph Schoenman.

Sionisme n’est pas synonyme de judaïsme. Sionisme est synonyme de nazisme-fascisme.

Le colonialisme sioniste est différent des autres colonialismes qui ont existé dans le monde. La différence réside dans le fait que le sionisme est fondé sur le remplacement total de la population autochtone par des colons juifs venus de différents pays. C’est ce qu’exprime clairement, en 1940, Joseph Weit, chef du département de colonisation de l’Agence juive, chargé d’organiser les implantations juives en Palestine :

« Il doit être clair entre nous qu’il n’y a pas de place pour deux peuples dans ce pays. Nous n’atteindrons pas notre objectif si les Arabes restent dans ce petit pays. Il n’y a pas d’autre solution que de déplacer les Arabes d’ici vers les pays voisins. Tous. Pas un village, pas une tribu ne doivent rester. »[12]

Et le rapport Koenig l’exprime plus crûment : « Nous devons utiliser la terreur, le meurtre, l’intimidation, la confiscation des terres et la suppression de tous les services sociaux pour libérer la Galilée de sa population arabe. »[13].

Et c’est ce qu’ils ont fait. Il en a été de même pour la Nakba de 1948, avec des bombardements et des assassinats pour parvenir à l’expulsion des Palestiniens de leurs terres. Et cela a continué, avec des massacres successifs, avec la guerre des 6 jours, avec des prisons remplies d’hommes, de femmes, d’adolescents et d’enfants palestiniens, avec la torture, avec des humiliations permanentes, avec des bombardements quotidiens. Et avec le massacre quotidien de milliers d’enfants palestiniens qui a lieu en ce moment même.

C’est ainsi qu’ils en sont arrivés à réduire le territoire palestinien à 22 % et à imposer un régime d’apartheid pire que celui de l’Afrique du Sud. Beaucoup ont assimilé Gaza au ghetto de Varsovie subi par les Juifs polonais anéantis pendant l’occupation nazie. Et aujourd’hui, ils misent sur « la solution finale » de la question palestinienne, comme Hitler a fait avec la « question juive » en 1942 43.

Le sionisme partage non seulement l’idéologie raciste des nazis, il a non seulement collaboré avec eux, mais il a incorporé leurs terribles méthodes d’extermination utilisées contre les Juifs, appliquées aujourd’hui contre la population arabe palestinienne.

C’est cette réalité qui explique la décomposition du sionisme chez les jeunes juifs, qui aujourd’hui crient le « Not in Our Name ! » (Pas en notre nom ! – NION, un slogan antigouvernemental né aux EE.UU. en mars 2002 – NdT) et s’insurgent contre les bombardements criminels de Gaza, soutenus effrontément par les États-Unis, par la majorité des gouvernements du monde et avec la complicité de la presse internationale qui multiplie la propagande mensongère du sionisme.

C’est cette réalité qui explique la position d’intellectuels juifs comme Brenner, comme Shoenman, qui dénoncent ces atrocités depuis longtemps, et comme l’historien israélien Illan Pappe qui a récemment publié un article justifiant et donnant raison à la résistance palestinienne et à sa contre offensive militaire du 7 octobre.

Et, en même temps, cette réalité rend inexplicables les positions de ceux qui se disent amis de la Palestine, comme le député Boulos du PSOL brésilien, qui assimile la violence de l’oppresseur à celle de l’opprimé en disant qu’il rejette à la fois la violence du Hamas et celle d’Israël.

Nous rejetons ces positions ! Même l’ONU reconnaît que les peuples sous occupation coloniale ont le droit à la défense, y compris militaire.

Et nous rejetons encore plus fermement les positions similaires prises par ceux qui prétendent être des révolutionnaires marxistes, comme c’est le cas de Mirian Bregman, députée et candidate à la présidence de la FIT-U en Argentine qui, tout en rejetant correctement l’antisémitisme de droite, a revendiqué avec force sa participation à l’hommage aux victimes israéliennes, qui s’est tenu au parlement argentin. [14]

Dans cette guerre, nous choisissons notre camp, la résistance palestinienne, et nous ne rendons pas hommage aux morts de l’ennemi. Dans chaque guerre, comme l’a dit Lénine, il y a des horreurs ; des enfants et des personnes âgées peuvent mourir dans les bombardements. Nous ne célébrons pas ces horreurs, mais ce ne sont pas les morts que nous pleurons.

À cet égard, notre actualité a toujours justifié l’attitude de principe d’Hugo Blanco lorsque, en tant que député au Pérou, il est resté assis au moment où tout le monde se levait pour observer une minute de silence en hommage à un policier tué dans un attentat. Il a alors expliqué qu’il n’était pas indifférent à la douleur de la femme et des enfants du policier, mais qu’il ne rendait pas hommage à ceux qui mouraient en défendant les intérêts des exploiteurs.

Il en va de même pour ceux qui meurent en tant que membres de la population coloniale qui tire ses privilèges du vol et de l’extermination de la population palestinienne.

Beaucoup d’entre nous, révolutionnaires d’origine juive, ont perdu une partie de leur famille dans les persécutions antisémites. C’est mon cas dans les pogroms de l’empire tsariste, ou mon arrière-grand-mère paternelle est morte de faim après l’un de ces pogroms ; c’était le cas à Auschwitz, dans le ghetto de Varsovie…, comme c’est le cas de beaucoup d’autres camarades. Cette histoire familiale ne nous rend toutefois pas solidaires des victimes israéliennes, mais des victimes palestiniennes qui souffrent de l’État nazi-fasciste d’Israël par les mêmes méthodes d’extermination que celles dont ont souffert nos parents.

Ne sommes-nous pas antisémites en comparant le sionisme au nazisme ?

Nahuel Moreno (fondateur du parti de la LIT-QI en Argentine – NdT) s’est vu poser une question similaire et a répondu comme suit :

« La gauche sioniste m’accuse d’être antisémite, notamment parce que je soutiens la nécessité de détruire l’État sioniste.
En tant que marxiste, je pars du principe que le prolétariat d’une nation qui en exploite et en opprime une autre, comme Israël le fait avec les Arabes et les Palestiniens, ne peut pas se libérer. La classe ouvrière juive est l’héritière d’une glorieuse tradition de la lutte de classes : le chemin du prolétariat occidental, y compris celui de l’Argentine, est parsemé d’une multitude de combattants juifs héroïques. Mais ce prolétariat ne pourra pas aller jusqu’au bout, ni verdir et dépasser sa glorieuse tradition, tant qu’il ne prendra pas le parti des Palestiniens et des Arabes, réprimés, persécutés et asservis par l’État d’Israël 
(…) La question à laquelle il faut répondre en ce qui concerne les relations entre les peuples, les races, les nations et les classes, est très simple : qui opprime et qui est opprimé ? Pour un marxiste révolutionnaire, la réponse est aussi simple que la question : nous sommes contre les oppresseurs et pour les opprimés. Nous défendons ces derniers jusqu’à la mort, tout en soulignant, si nécessaire, les erreurs de leurs dirigeants (…). »[15]

Une autre question qui se pose actuellement est celle de savoir s’il faut mener une politique à l’égard des travailleurs israéliens dans le cadre de la lutte contre l’État sioniste. Certains justifient même leur position d’hommage aux victimes d’Israël comme faisant partie d’une politique à l’égard de la classe ouvrière israélienne. Moreno a répondu également à cette question, sur la base de la question posée par un camarade chilien :

« Si l’objectif décisif et fondamental est la destruction de l’État sioniste, il s’agit de déterminer quelles forces objectives sont actuellement engagées dans cette tâche progressiste et historique (…) S’agit-il des Sabras et des Sépharades d’Israël, exploités et discriminés, ou des travailleurs Ashkénazes ? Pour l’instant, ces forces sont le rempart de l’État sioniste et non l’avant-garde de sa destruction. L’aristocratie ouvrière ashkénaze, par le biais du Parti travailliste, est entièrement acquise au sionisme. Les Sabras et les Sépharades ont fourni la base électorale de Begin et soutiennent avec enthousiasme ses projets de colonisation des terres arabes. Il ne reste donc actuellement comme seul secteur social en lutte permanente contre Israël que le mouvement arabe et musulman, dont l’avant-garde incontestée est constituée par les Palestiniens, chassés de leur patrie par les sionistes. »[16].

La réponse de Moreno en 1982 est toujours d’actualité. C’est pourquoi il n’y a aucun doute quant à la véracité de l’histoire. Comme le dit Illan Pappé dans son récent article : « Il existe une alternative. En effet, il y en a toujours eu une : une Palestine dé-sionisée, libre et démocratique, du fleuve à la mer ; une Palestine qui accueille les réfugiés et construit une société qui ne fait pas de discrimination sur la base de la culture, de la religion ou de l’ethnicité. »

Et pour réaliser cette alternative d’un « État palestinien unique, laïque, démocratique et non raciste », il faut détruire l’État sioniste d’Israël. La politique des « deux États vivant en paix » a été la politique de partition faite par l’ONU et elle a toujours été injuste. De plus, c’est quelque chose d’impossible, une utopie réactionnaire, face à l’État expansionniste d’Israël, qui agit avec le soutien et comme fer de lance de l’impérialisme yankee au Moyen-Orient.

Il n’y a pas non plus de doute sur le fait de savoir qui sont les seules capables de faire face à cette tâche historique : les masses arabes, avec à leur tête les Palestiniens.

Une telle tâche peut sembler impossible à réaliser, puisqu’il s’agit de vaincre la quatrième puissance militaire du monde, entièrement soutenue par la première, l’impérialisme yankee. Il semblait également impossible que les Yankees soient vaincus au Vietnam. Mais cela a été possible grâce à la combinaison de la résistance héroïque des masses vietnamiennes, qui étaient prêtes à tout – tout comme les masses palestiniennes aujourd’hui – et de la mobilisation internationale, en particulier aux États-Unis.

Malgré la campagne de guerre mensongère de la presse internationale, la réponse des masses contre le génocide israélien a déjà commencé, non seulement au Moyen-Orient, mais aussi, avec une force variable, dans différents pays du monde, en particulier en Europe et aux États-Unis. Dans cette réponse internationale, les actions des Juifs antisionistes, que nous mettons en évidence dans cet article, gagnent beaucoup de force.

Tout cela nous amène à dire que la lutte sera très dure et coûteuse, mais on ne peut pas dire que la victoire palestinienne est impossible.

______________________

[1] Les sionistes ont réussi à arracher à l’impérialisme britannique ce qu’ils tentaient de faire depuis longtemps avec les anciens colonisateurs (l’Empire ottoman et l’Empire allemand). Le 2 novembre 1917 est publiée la déclaration de Balfour, qui affirme notamment : « Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et fera tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter la réalisation de cet objectif… ».

[2] Ralph Schoenman, The Hidden History of Zionism (L’histoire cachée du sionisme)
Ralph Schoenman, qui vient de décéder le 30 septembre, était l’une des figures de proue de la gauche marxiste nord-américaine. Né en 1935, il s’est rendu en Grande-Bretagne en 1958, où il a suivi une formation en économie. Il a travaillé avec le philosophe libéral pacifiste Bertrand Russel, a participé à des activités contre les armes nucléaires, a été accusé d’activités anti-nord-américaines pour avoir dénoncé les crimes yankees en Indochine. Son passeport nord-américain lui a été retiré pour avoir visité le Nord-Vietnam. À l’instigation du gouvernement yankee, il a été emprisonné dans plusieurs pays. Pour avoir dénoncé les liens du sionisme avec le nazisme, il a été accusé d’antisémitisme, alors qu’il avait violemment refusé de participer à une Conférence d’ »historiens révisionnistes » (négationnistes de l’Holocauste). The Hidden History of Zionism, travail de recherche sérieux; et pertinent pour avoir été écrit par un juif, est une lecture incontournable pour tous ceux qui veulent s’informer sur le sionisme et ses rapports avec le judaïsme.

[3] C’était après le mouvement d’envoi de jeunes Juifs de différents pays, par l’OSM, pour s’installer en Palestine en tant que colons.

[4] Haganah est la principale organisation paramilitaire des colons juifs de Palestine, fondée par Leev Jabotinsky. Elle se revendique « socialiste ».
Irgoun est l’organisation clandestine armée d’extrême droite fondée par Begin. Elle était considérée comme une organisation terroriste.

[5] Jabotinsky, Lettre sur l’autonomie, 1904, cité dans Schoenman, op. cit.

[6] Schoenman, op. cit.

[7] Rabbin Salomon Schonfeld, Faris Yahya, Zionist Relations with Nazi Germany, Palestinian Research Centre, 1978.

[8] Schoenman, op. cit.

[9] Ibidem

[10] Ibidem

[11] Zionism in the Age of Dictators. Ce livre, publié en anglais en 1984, a été publié en allemand en 2007, augmenté et mis à jour.

[12] Ibidem

[13] Al Hamishmar (journal israélien), 7 septembre 1978. Cité par Schoenman, op. cit.

[14] Il semble que la Manif en question n’a pas eu lieu. De toute façon, la critique à la prise de position du FIT-U reste valable, étant donné que Bregman manifeste n’avoir jamais refusé de participer a un hommage au victimes israéliens – voir la vidéo : <https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/10/10/argentina-contundente-intervencion-de-myriam-bregman-en-el-parlamento-repudiando-el-macartismo-de-las-fascistas-villarruel-y-bullrich-video/>

[15] Conversations avec Nahuel Moreno, 1986.

[16] La Lettre d’un camarade chilien et la réponse de Nahuel Moreno ont été publiées dans Correo Internacional, année 1, n° 8, septembre 1982.

Traduction de l’original : <https://litci.org/es/sionismo-no-es-sinonimo-de-judaismo/>