Une délégation autochtone massaï a effectué une tournée dans plusieurs pays européens au mois de mai pour exiger le respect de leurs droits territoriaux. © FIAN

Lorsque nous avons appris, l’année dernière, que des Massaï avaient été visés par des coups de feu, nous n’avons pas eu d’autre choix que d’agir immédiatement.

Mais que s’est-il passé ? Au cours de l’été 2022, les autorités tanzaniennes ont mis en œuvre leur plan consistant à expulser de leurs terres des milliers de Massaï, ainsi que leurs familles et leur bétail, afin de faire place au tourisme et à la “conservation” de la nature. Cet accaparement de terres orchestré par l’État fut accompagné de violences, occasionnant des dizaines de blessés et de détentions arbitraires.

Le gouvernement tanzanien a tout fait pour étouffer l’affaire et éviter que le scandale ne soit révélé, mais il a échoué grâce aux Massaï eux-mêmes, à Survival et à d'autres alliés. Ensemble, nous avons fait connaître ces violences à l’échelle internationale.

Alors que les autorités tanzaniennes continuaient d’affirmer que tout était en ordre, à Survival, nous avons écrit à de nombreux gouvernements étrangers et organisations internationales soutenant le gouvernement de Tanzanie afin de dénoncer les persécutions dont sont victimes les Massaï. Nous avons passé de nombreuses heures à parler avec des représentants politiques pour faire en sorte que les droits de ce peuple autochtone ne soient plus ignorés, et nous avons contribué à l’organisation d’un voyage en Europe d’hommes et de femmes massaï afin qu’ils puissent rencontrer des responsables politiques et d'autres personnes clés.

Rapidement, la nouvelle de ce qui se passait à Loliondo et dans la réserve naturelle NCA, plus au sud, où des dizaines de milliers de Massaï risquent également d’être expulsés de leur territoire, a fait le tour du monde.

De ce fait, même les proches alliés de la Tanzanie sont devenus plus prudents : la Société zoologique de Francfort (FZS), très influente organisation allemande de conservation de la nature et “ennemi numéro un des Massaï” (article en anglais), a notamment suspendu un projet dans la région. Une décision sans précédent à ce jour !

Pour le gouvernement tanzanien, ce vol de terres est ainsi devenu un véritable casse-tête. Pour preuve, il a annulé en septembre, presque à la dernière minute, la visite d'une délégation d’eurodéputés dans le pays : « Le gouvernement n’autorise une visite que s'il peut s'en servir comme d'un blanc-seing », a expliqué Joseph Oleshangay, avocat et défenseur des droits des Massaï.

En Tanzanie, les Massaï ont au moins pu obtenir une décision de justice confirmant le fait que la zone de Loliondo est un territoire où ils peuvent s'installer.

Les Massaï font aujourd’hui face à un destin incertain. Mais ce que nous savons, c'est que, en ce moment même, tout se joue pour ce peuple autochtone – et, pour nous tous, la chance d'un avenir meilleur. C’est pourquoi nous n’abandonnerons pas : pour les peuples autochtones, la nature et toute l’humanité. ✊