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Le gouvernement se félicite de l'accord en vue sur les retraites complémentaires

Lien publiée le 14 mars 2013

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Syndicats et patronat se sont donc entendus pour faire sauter un tabou. Mercredi 13 mars, à l'issue d'une septième séance de négociation sur le sauvetage des retraites complémentaires (Agirc et Arrco), une majorité de signataires s'est dégagée pour entériner une baisse du pouvoir d'achat des retraités, même s'il faudra attendre encore quelques jours pour que les instances des différents syndicats puissent s'exprimer définitivement. Une décision lourde de sens, sur laquelle l'exécutif pourrait s'appuyer, pour le régime général, les régimes spéciaux et les fonctionnaires.

Pendant trois années, les 11,5 millions de pensionnés des régimes complémentaires vont donc voir leur pension évoluer d'un point de moins que l'inflation, et leur niveau de vie amputé d'autant. Dès le 1er avril, les retraites complémentaires du privé – qui peuvent y représenter plus de la moitié des retraites –, n'augmenteront que de 0,5 % pour l'Agirc (cadres) et 0,8 % pour l'Arrco (ensemble des salariés du privé). Une différenciation qui doit rendre la mesure plus juste, mais ne change pas l'ampleur de l'effort qui sera demandé aux seniors.

"Nous ne faisons pas cela de gaieté de cœur", a convenu Philippe Pihet, le négociateur de FO, à l'unisson du message peu enthousiaste des autres syndicats, même s'il a rappelé qu'une désindexation des retraites complémentaires était déjà intervenue dans les années 1990. "Toutes ces décisions n'appellent pas la joie et le bonheur, mais elles sont inévitables dans le contexte actuel", a aussi défendu Jean-François Pilliard, pour le Medef. Heurtés de plein fouet par la crise, les régimes de retraite complémentaires approchaient en effet de la banqueroute.

IMPACT POLITIQUE FORT

Après avoir perdu 4,5 milliards d'euros en 2012, leurs réserves, accumulées lors de périodes fastes, fondaient à vue d'oeil. L'Agirc menaçait d'être à sec dès 2017, l'Arrco en 2020. "Nous avons éloigné le danger d'une dizaine d'années", a assuré M. Pilliard. A aussi été décidée une petite hausse (+0,25 point en deux ans) des cotisations payées par les employeurs et les salariés, qui doit rapporter un peu plus d'un milliard d'euros. Mais l'essentiel des économies reposera bien sur les retraités, dont les pensions seront amputées de plus de 2 milliards d'euros.

Ce fait est à lui seul notable : jusqu'ici, l'essentiel des efforts pour sauver les retraites complémentaires a été fourni par les actifs, via un report de l'âge de départ. Pour autant, les mesures décidées mercredi ne suffiront pas à rétablir l'équilibre. "Ces mesures auront une efficacité relative : on repousse l'échéance de seulement quelques années", a ainsi noté Jean-Louis Malys, de la CFDT. Le déficit passerait en 2017 de 8,6 à 5,5 milliards.

Mais au-delà de ses conséquences financières directes, cet accord, intervenu après moult hésitations stratégiques des partenaires sociaux, a un impact politique fort. "Nous avons montré notre sens des responsabilités pour prendre des mesures difficiles. Nous attendons du gouvernement qu'il fasse de même", a martelé M. Pilliard, alors que la majorité doit mener cet automne sa propre réforme des retraites pour les régimes de base et spéciaux.

A un moment de la négociation, les partenaires sociaux ont en effet hésité à s'entendre et à offrir ainsi au gouvernement le cadeau d'un accord sur des mesures difficiles à faire accepter à l'opinion publique. Entérinée par une majorité de syndicats, la baisse du pouvoir d'achat des retraités des régimes complémentaires devrait inévitablement inspirer la majorité, qui peut désormais compter sur leur feu vert implicite pour les autres régimes.

"AUTRES MESURES POSSIBLES"

"Il semblerait difficile pour les syndicats de s'opposer à ce que cette mesure soit transposée", convient-on au sein de l'exécutif, où l'on ne cache pas sa satisfaction de voir les partenaires sociaux "faire des concessions des deux côtés". "Cela prouve bien que, lorsqu'ils sont mis face aux responsabilités, patronat et syndicats peuvent faire un saut conceptuel", estime-t-on. "C'est une bonne nouvelle", a aussi défendu jeudi le ministre du travail, Michel Sapin, sur iTélé, même si lui a affirmé "qu'il ne voyait pas comment on pourrait diminuer le pouvoir d'achat du régime de base, dont les pensions ne dépassent pas les 1 500 euros. Il y a d'autres mesures possibles."

Mardi, en déplacement à Dijon, François Hollande a averti qu'il faudrait prendre des "décisions courageuses" sur les retraites. Et l'équation pousse à les faire reposer en partie sur les retraités. Les prévisions du Conseil d'orientation des retraites prévoient en effet que le niveau de vie des retraités, aujourd'hui égal à celui des actifs, progresse plus vite que celui des actifs d'ici à 2020, en raison de la crise.

Et alors que le déficit de l'ensemble du système devrait dépasser les 20 milliards en 2017, une désindexation des pensions d'un point permettrait au régime de base d'économiser un milliard d'euros. En plus de mesures de report de l'âge de départ, l'exécutif risque de ne pas pouvoir écarter une telle piste.