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Grèce : quelles perspectives après les élections européennes ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Il faut comparer les résultats grecs avec ceux des européennes de mai 2019 (Syriza gouvernait) et des législatives 2023 (venant après celles de mai). Constat évident : l’abstention assez forte est cette fois impressionnante : 41 % puis 46 %, aujourd’hui 58,6 % ! Ceci marque la déconsidération totale du cadre politique actuel.
Défaite cinglante pour Mitsotakis. Wikimedia commons
La campagne se jouait sur des enjeux nationaux, et les résultats posent la question de la crédibilité de la gauche face à un gouvernement de droite imposant misère, répression, sur fond de scandales propres à cette droite ultralibérale. L’abstention à gauche doit faire réfléchir : quelques mois après la formidable mobilisation pour les universités, les jeunes se sont davantage abstenus !
Défaite cinglante pour Mitsotakis
Mitsotakis est le grand perdant : loin de son objectif minimum de 33 %, la droite obtient 28,3 % et perd 1 million de voix depuis 2023. C’est une claire condamnation de la vie chère, mais aussi de ses mensonges sur la catastrophe de Tèmbi, sans oublier les critiques sur sa droite (mariage homosexuel). La direction flotte, mais la politique reste la même (des centaines de licenciements à Larko).
C’est l’extrême droite qui sort gagnante, avec le parti d’un dangereux farfelu, qui affirme détenir des lettres de Jésus : seul parti à progresser aussi en voix, il obtient 9,3 % (4,4 % en 2023), dont les électeurs de Chryssi Avgi. Même si dispersée, l’extrême droite cumule environ 20 %, sur fond de discours nationaliste, raciste et hyper réac.
Pari raté de Syriza et gauche perdante
Ce qui constitue le « centre gauche » est aussi perdant : Kasselakis, le chef de Syriza, promettait plus de 20 % : il a 14,9 % (23,7 % en 2019, 17,8 % en 2023). Androulakis, dirigeant du Pasok, annonçait qu’il deviendrait le second parti : il reste troisième avec 12,8 %. Ces résultats provoquent crise de direction au Pasok et crises d’orientation, de nombreux cadres plaidant pour « l’union du centre gauche » comme seule alternative.
Rien de mieux à gauche : certes le KKE (PC grec) a 9,2 % (5,3 % en 2019, 7,7 % en 2023), mais il perd des voix, et si ce score traduit son apparition sur le terrain, sa limite demeure. Les diverses forces réformistes au discours plus radical restent sous les 3 %, notamment Mera25 (DIEM grec : 2,5 %) et Nea Aristera (scission de Syriza refusant Kasselakis : 2,4 %). Et Antarsya, qui pendant des années laissait espérer une gauche anticapitaliste ouverte, s’est repliée sur une campagne de sortie de l’Union européenne, réservée autrefois aux nationalistes de gauche. Résultat : 0,5 % avec 21 000 voix (0,6 % et 36 000 voix en 2019, 0,3 % et 16 000 voix en juin 2019, mais 0,5 % et 32 000 en mai). Tableau d’autant plus désespérant que tout le monde est content de ses propres résultats !
Dans ce paysage, le Nouveau Front populaire en France fait réagir : soit pour condamner les réformistes (NAR), soit pour faire « de même » avec un front populaire unissant… Syriza et le Pasok ! C’est donc à des forces unitaires à gauche, comme Anametrissi, et surtout au mouvement social d’imposer l’unité dans les luttes et les discussions unitaires en vue d’un programme alternatif de gauche !
A. Sartzekis, Athènes, le 23 juin 2024