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Corée du Sud : les travailleurs de Samsung entrent en grève illimitée pour les salaires
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Ce mercredi, le principal syndicat du groupe coréen a annoncé l’entrée en grève illimitée de ses 31 000 membres, qui représentent un quart des salariés de Samsung. Un mouvement historique dans un bastion antisyndical et un secteur stratégique pour le capitalisme.
De lundi à mercredi, plus de 6000 travailleurs de l’entreprise Samsung ont participé à des débrayages pour revendiquer de meilleurs salaires, davantage de transparence sur la répartition des primes de performance et de meilleures conditions de travail. Début juin, une journée de « grève fantôme » avait été organisée sur un vendredi entre un jour férié et le week-end, durant laquelle les grévistes ont déposé des jours de congés pour ne pas pouvoir être différenciés des salariés en vacances. Mais cette fois-ci, c’est une véritable grève reconductible qui a été lancée à l’appel du principal syndicat de la firme, le National Samsung Electronics Union (NSEU), où sont syndiqués un quart des travailleurs de l’entreprise soit 31 000 personnes.
Après trois jours de débrayage, et face à l’entêtement de la direction et à l’échec des négociations, le syndicat a annoncé le 10 juillet la poursuite du mouvement avec une grève reconductible illimitée. En début de semaine, les grévistes étaient déjà au nombre de 6450 personnes d’après le syndicat, dépassant largement la barre des 5000 espérés au départ. Surtout, 4000 salariés auraient manifesté lundi malgré la pluie devant l’usine de Hwaseong, à côté de Séoul, habillés de noir avec un bandeau rouge au front.
Des images qui ont fait le tour du monde, et qui témoignent de la combativité des grévistes. Cette grève s’annonce déjà historique, par son ampleur mais aussi parce qu’elle touche un secteur stratégique de la bourgeoisie coréenne et du fonctionnement du capitalisme.
Une grève historique dans un secteur stratégique
En effet, Samsung Electronics est le premier producteur mondial de smartphones et de composants électroniques, notamment les puces mémoires, et constitue un rouage central des chaînes de valeur mondiale, comme l’avait mis en lumière la crise sanitaire du Covid-19. Le groupe profite d’un marché revigoré par le boom de l’intelligence artificielle (IA) avec un bond de son bénéfice d’exploitation pour le deuxième trimestre, qui atteint les 7,5 milliards de dollars.
Pourtant, la direction n’a proposé qu’une augmentation de 5,1% des salaires aux employés, alors que les primes de performance avaient été suspendues l’année dernière en raison de la mauvaise santé supposée du groupe. Une mauvaise santé contredite par un bénéfice d’exploitation multiplié par 15 sur un an, notamment grâce au secteur des puces mémoires et semi-conducteurs. C’est dans cette branche de la multinationale que ce sont mis en grève les 6000 premiers grévistes de la firme, menaçant d’impacter la production dans les prochaines semaines.
Le secteur est central pour l’ensemble de la bourgeoisie coréenne, puisque ces puces sont le principal produit d’exportation de la Corée du Sud et représentent à elles seules un cinquième des exportations totales du pays. Surtout, Samsung est le premier employeur privé en Corée du Sud, et est l’un des principaux bastions de la bourgeoisie coréenne pour mener sa politique ouvertement anti-syndicale et anti-ouvrière.
Arracher de meilleures conditions de travail dans un bastion antisyndical
L’histoire de la firme est marquée par une violente politique anti-syndicale, avec les licenciements scandaleux de nombreux représentants du personnel et une autorisation des syndicats en 2019 seulement. Cette politique active de lutte contre l’organisation des travailleurs s’accompagne de conditions de travail particulièrement dégradées, contre lesquelles les grévistes se battent actuellement. Ainsi, comme le rapporte le journal La Croix, la direction de Samsung contraint depuis plusieurs mois certains cadres à travailler 6 jours par semaine, tandis que certaines équipes clés pour la firme doivent travailler 64 heures par semaine, bien plus que les 52 heures normalement autorisées en Corée du Sud.
Les revendications des travailleurs concernent aussi ces conditions de travail déplorables dans l’entreprise, puisque les grévistes exigent notamment davantage de congés payés. La démonstration de force des travailleurs de Samsung, avec une grève reconductible d’ores et déjà historique au niveau national, suit le regain de syndicalisation dans des secteurs avancés et stratégiques du capitalisme mondial, comme c’est le cas depuis plusieurs mois aux Etats-Unis. Elle montre la voie pour s’opposer à la crise et arracher nos revendications !