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Législatives 2024 : la farce démocratique continue
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://elucid.media/analyse-graphique/legislatives-2024-la-farce-democratique-continue?mc_ts=crises
Ces législatives, provoquées par le caprice d’un président qui aura gouverné contre son peuple pendant 7 ans, ont finalement abouti à désavouer la majorité présidentielle. Organisées dans l’urgence, avec une volonté de rendre la démocratie impraticable, ces élections ont fait voler en éclat le semblant de stabilité incarné par Emmanuel Macron, et révèlent les fractures profondes du pays. Nous vous proposons sur Élucid une analyse en détails des évidences révélés par ces résultats.
Les élections législatives de 2024 vont probablement marquer l’histoire de la Ve république. Elles font suite aux élections européennes qui ont engendré une panique générale en raison de la percée du RN. Nous avons analysé en détail des résultats dans cet article. De plus, la plupart des choses que nous allons présenter ici découlent de la particularité de notre mode de scrutin, inefficace, voire aberrant. Pour en savoir plus, nous vous renvoyons vers notre article dédié, qui explique les avantages jamais discutés de la mise en place d’un scrutin proportionnel.
Une participation exceptionnelle
Beaucoup de citoyens ont bien compris que ces élections législatives portaient de très gros enjeux : avec 67 % de participation, on retrouve les scores des années 1980-1990.
Des abstentionnistes pas si différents des votants
Si l’on s’arrête sur le profil des abstentionnistes, on repère un critère important : leur âge. Ils sont beaucoup plus jeunes que les votants : 45 % des 18-24 ans se sont abstenus, contre seulement 20 % des plus de 70 ans. Ce qui a, par ailleurs, mécaniquement fait baisser le score de la gauche qui attire généralement les plus jeunes.
Une analyse plus poussée ne montre pas d’importantes différences de participation des actifs selon leur catégorie socioprofessionnelle ni selon leur niveau d’éducation. On constate seulement que les personnes les plus pauvres se sont plus abstenues que les plus riches.
En ce qui concerne les partis, les sympathisants de la droite se sont un peu plus mobilisés que la moyenne, à l’inverse des sympathisants du parti communiste et des Écologistes. Bien entendu, la moitié des électeurs ne se reconnaissant dans aucun parti, ils se sont donc abstenus.
Enfin, un mot sur la vision politique des abstentionnistes, thématique faisant souvent l’objet de débats enflammés (faisant intervenir des arguments du genre : « tel parti a fait un score de X %, mais comme la participation n’est que de 50 %, il représente en réalité une part moins importante de la population »).
En effet, si une partie des abstentionnistes n’a aucune sympathie partisane, une autre a, comme les votants, une préférence pour un parti politique (par exemple, parmi les abstentionnistes, nombreux sont ceux qui ont une sympathie pour LFI, les Écologistes et LR). Et cette sympathie partisane pourrait conduire un certain nombre de ces abstentionnistes lors des prochaines élections législatives, si l’enjeu les intéressait.
Une large victoire du RN au 1er tour – et de l’abstention !
Commençons par rappeler que les élections législatives de 2017, survenues dans la foulée de la présidentielle, n’avaient été qu’une formalité pour Macron, dont le parti est sorti premier du scrutin avec près du tiers des voix.
Le scrutin majoritaire à deux tours avait alors encore plus déformé la volonté populaire, en offrant une écrasante majorité à la macronie – ce qui n’est sans doute pas sans lien avec l’explosion de colère lors de la révolte des Gilets Jaunes l’année suivante.
Puis, en 2022, les élections avaient débouché sur une nette tripartition électorale, résultat du succès nouveau du FN, rebaptisé plus tard Rassemblement National. La NUPES était alors arrivée à peine 0,1 % d’Ensemble.
Malgré le scrutin majoritaire, les macronistes avaient perdu leur majorité absolue, devenue simplement relative. Mais, les députés LR refusant de signer les motions de censure avec la NUPES ou le RN, le gouvernement avait tenu, fort de soutien de facto en provenance de la droite.
En 2024, le RN est le grand gagnant du premier tour, récoltant plus du tiers des suffrages exprimés. Face à eux, le bloc de gauche a obtenu 28 %, les Libéraux macronistes, 23 % et les Républicains, 10 %.
Par rapport aux très récentes Européennes, la participation a augmenté de 14 points. Mais cela n’a eu qu’un effet limité sur les résultats du scrutin, chaque bloc ayant réussi à mobiliser leurs sympathisants. Ainsi, l’extrême-droite n’a que faiblement reculé, passant de 37 % pour les Européennes, à 34 % pour les législatives ; tout comme la gauche, passée de 31 % à 28 %.
La mobilisation a plus encore profité au bloc libéral macroniste, passé de 15 % aux Européennes à 23 % aux législatives, en récupérant des voix depuis LR, le PS et EELV.
La principale évolution par rapport aux législatives de 2022 est une nette hausse des résultats de la gauche et de l’extrême-droite alors que ceux des libéraux ont encore significativement diminué.
La dégringolade du macronisme en 7 ans est donc impressionnante.
La gauche est donc la grande bénéficiaire du recul du macronisme en termes d’élus.
En somme, en ce qui concerne le nombre d’élus, les macronistes ont perdu leur majorité relative au profit de la gauche.
Comme nous l’avons montré dans notre récent article défendant le passage à un mode de scrutin basé sur une proportionnelle intégrale, le résultat donné par le scrutin actuel majoritaire à deux tours n’est pas très différent d’un résultat purement proportionnel en termes d’équilibres globaux. Dans le scrutin majoritaire en vigueur, le RN est désavantagé de 9 points, Ensemble est avantagé de 5 points, la gauche, de 2 points et LR, de 2 points.
On observe d’ailleurs qu’avec le mode de scrutin anglais majoritaire à un tour, de plus en plus décrié outre-Manche, le RN aurait eu la majorité des voix.
Pour une meilleure vision du jour du vote, il est possible d’intégrer les votes nuls, l’abstention et les non-inscrits sur les listes électorales. Les scores des différents partis, rapportés à la population en âge de voter, sont évidemment largement plus faibles. On constate ainsi que le parti macroniste au pouvoir n’a mobilisé sur son nom que 7 adultes sur 100 dont, comme on le verra, 3 ont plus de 65 ans.
Ces résultats sont peu étonnants, compte tenu de l’influence des médias – particulièrement de la télévision, de la radio et de la presse – sur une grande partie des électeurs. Ces grands médias ont cependant beaucoup moins d’influence sur l’électorat LFI et écologiste, plus jeune et déconnecté de la télévision.
Ce n’est donc pas en vain que les milliardaires ont investi dans ces grands médias. Pour beaucoup d’entre eux, Bolloré notamment, un média n’est plus seulement un atout pour se faire bien voir du pouvoir et faire fructifier son business, mais est devenu un instrument direct d’influence politique de la population. Et, au cours de ces élections législatives, les médias ont largement ignoré leurs obligations en matière de pluralisme, sous l’œil complaisant d’une Arcom devenue scandaleusement fantomatique.
Face à cette situation totalement inacceptable, soutenir des médias indépendants est devenu un impératif démocratique.
Les désistements du « Front Républicain »
Le choix par le NFP, et par un certain nombre de députés d’Ensemble, de retirer les candidats arrivés troisièmes au premier tour a créé une toute nouvelle configuration lors du second tour.
Soulignons d’abord que personne ne semble avoir critiqué cette règle qui permet à un troisième candidat de se maintenir au second tour, sans raison logique, à la seule condition qu’il obtienne 12,5 % des voix. Cela permet à des députés d’être élus avec 35 % des voix, mettant en lumière l’absurdité de notre mode de scrutin, qui prend aujourd’hui une dimension tragi-comique lorsque l’on voit des troisièmes candidats se retirer après de grosses pressions.
Si l’on reprend l’ordre des candidats dans les 577 circonscriptions, on aboutit au graphe ci-dessous. On voit que le RN est arrivé largement premier, suivi du NFP et, Ensemble, plus rarement. Quand le RN était premier, le deuxième était NFP ou Ensemble à parts pratiquement égales.
Le RN n’est arrivé premier que dans un peu moins de 300 circonscriptions. Comme il ne dispose que de très peu de réserves de voix, on se demande bien comment tant d’instituts de sondages ont pu estimer qu’il pouvait obtenir la majorité absolue au second tour.
On aboutissait donc à un grand nombre de triangulaires, mais dans lesquelles la plupart des troisièmes candidats se sont désistés (comme le montre le graphe ci-dessous).
Il n’est donc resté des triangulaires pratiquement qu’avec le RN 3e.
Lorsque l’on observe les résultats finaux, on constate que la plupart des élus NFP étaient arrivés premiers au 1er tour, alors que plus de la moitié des élus Ensemble étaient deuxièmes, et ont donc largement bénéficié du retrait de la gauche. Pour les députés RN, c’est la totalité des élus qui étaient déjà arrivés premiers au 1er tour.
Concernant les reports de voix au second tour, on observe que la gauche s’est largement reportée sur des candidats de droite, à plus de 70 %. En revanche, les électeurs macronistes se sont bien plus souvent repliés vers l’abstention, voire le vote RN (environ 20 %). Il faut noter qu’environ 50 % ont néanmoins voté à gauche. En revanche, les électeurs LR, s’ils préfèrent Ensemble au RN, ont clairement fait barrage à la gauche, 35 % préférant le RN, contre 25 % à 30 % préférant la gauche.
Les effets de ces tendances s’observent dans les circonscriptions que le RN aurait pu gagner, c’est-à-dire là où le RN était en tête (297) et où un le second tour s’est présenté sous la forme d’un duel (247) :
- sur 103 duels où l’extrême-droite est arrivée en tête au 1ertour et la gauche 2e, 62 députés d’extrême-droite ont été élus contre 41 de gauche, soit 60 % de victoires ;
- sur 104 duels où l’extrême-droite est arrivée en tête au 1ertour et Ensemble 2e, 23 députés d’extrême-droite ont été élus contre 81 Ensemble, soit 22 % de victoires ;
- sur 40 duels où l’extrême-droite est arrivée en tête au 1ertour et LR 2e, 9 députés d’extrême droite ont été élus contre 31 LR, soit 23 % de victoires.
Ceci montre, sans grande surprise, que les électeurs de gauche ont bien plus fait barrage au RN que ceux de droite.
La sécession des retraités
L’analyse sociologique détaillée des votes montre de très fortes disparités selon l’âge. Le plus marquant concerne le NFP, dont le score varie de près de 50 % chez les 18-24 à moins de 20 % chez les plus de 70 ans.
À l’inverse, les libéraux macronistes passent de 9 % chez les jeunes à près de 32 % chez les plus de 70 ans. L’effet de l’âge est bien moins marqué sur le RN (qui a finalement réussi à séduire les retraités). Il est désormais clair que les retraités ne votent plus dans l’intérêt de la jeunesse, et donc du futur du pays.
Le RN est désormais le premier parti des retraités ; il n’est battu par Ensemble que chez les retraités cadres. L’effet de la CSP est peu important chez les retraités qui votent à gauche, Ensemble ou LR ; il joue surtout pour le vote d’extrême-droite. En d’autres termes, le vote des retraités est un vote principalement générationnel, et pas un simple effet de CSP ou de revenu.
Un Front Populaire pas si populaire
En ce qui concerne les professions des actifs, on voit que le vote RN augmente fortement quand la catégorie socioprofessionnelle (CSP) diminue ; il obtient ainsi près de 60 % des voix des ouvriers et 45 % de celles des employés. Mais, plus généralement, le Rassemblement national est désormais le premier parti dans toutes les catégories populaires, et pratiquement aussi pour les professions intermédiaires.
Au vu de son histoire, le fait que la gauche obtienne de moins en moins de voix quand la CSP diminue est très inquiétant. Il est clair qu’à force de trahisons et de fanatisme néolibéral, le Parti Socialiste a désespéré le prolétariat français.
On l’observe même au niveau géographique : une grande partie des régions populaires qui avaient soutenu le Front Populaire en 1936 sont désormais acquises au RN.
C’est en particulier le cas de la Cote d’Azur, de la Picardie et du Nord.
La progression de l’extrême-droite et de la gauche par rapport à 2022 est notable dans ses régions d’implantation.
Le niveau d’éducation étant fortement corrélé à la CSP, on observe donc le même mouvement quand on s’intéresse au vote en fonction du dernier diplôme obtenu. Plus on a suivi des études longues, plus on vote NFP et, dans une moindre mesure Ensemble. Ceci étant, ce qu’on observe n’est pas un phénomène « d’éducation », mais simplement une corrélation avec les revenus et la difficulté de vie, comme on va le voir.
L’analyse est un peu différente selon le vote par revenu. Étrangement, le niveau moyen de revenu joue beaucoup moins qu’auparavant sur les votes. Les moins aisés votent un peu plus NFP et RN. Mais, ce critère masque en réalité des situations diverses, comme on va le voir ci-après.
Le vote RN : des Français malheureux qui souffrent du néolibéralisme
L’étrange déconnexion entre le vote RN et les revenus disparaît cependant si on s’intéresse à la situation financière une fois que les charges (dépendantes de la taille de la famille ou du lieu de vie par exemple) sont déduites du revenu. La notion de revenu masquait en réalité de lourdes différences de modes de vie : les personnes qui ont des fins de mois difficiles votent RN à 46 %.
Dans ce contexte, le lieu de vie joue également : dans les agglomérations de moins de 10 000 habitants, le RN surperforme, tandis que celles de plus de 200 000 habitants sont les seules zones où le RN ne l’emporte pas – battu de peu par le NFP.
Ainsi, il faut se méfier des interprétations dégoulinantes de mépris social, que déversent les éditorialistes bourgeois qui se succèdent sur les plateaux de télévision. Les gens ne votent pas RN car ils sont « bêtes », ils votent RN car leur vie est difficile, et ce en grande partie à cause des politiques néolibérales promues à longueur d’année par les mêmes éditorialistes bourgeois.
Cela apparaît clairement quand on analyse le vote suivant le milieu social autodéclaré : le RN et NFP sont d’abord les partis des défavorisées, le premier de ceux à la CSP basse et le second à la CSP haute. Les plus aisés votent NFP et Ensemble.
Le critère qui segmente le mieux le vote Ensemble du vote RN est celui de la satisfaction à l’égard de sa propre vie – finalement le plus important de tous pour tout être humain. Les personnes non satisfaites de leur vie votent de façon écrasante pour le RN, à plus de 60 %. Le NFP ne recueille que 23 % des votes dans cette catégorie.
Les personnes très satisfaites de leur vie votent d’abord NFP à 32 %, puis Ensemble à 30 % ; il est cependant notable qu’elles votent encore à 15 % pour le RN, ce qui montre bien la forte implantation dont dispose désormais ce parti.
Le vote d’extrême-droite : un vote d’abord identitaire, mais aussi social
Tous ces éléments sociologiques permettent de mieux comprendre les déterminants des votes :
- Le vote RN est un vote certes guidé, pour près de 80 % des électeurs, par la peur de l’immigration, puis plus faiblement par la question de la sécurité. Mais viennent ensuite très rapidement les préoccupations sociales liées au pouvoir d’achat pour 70 % des électeurs, puis à la santé ;
- Le vote LR est un vote RN « allégé » : les déterminants sont proches, mais nettement moins prégnants, seulement 37 % pour l’immigration par exemple. C’est un niveau proche de celui du souci de la diminution de la dette publique. C’est assez ironique, car si la dette publique a tant augmenté, c’est en partie à cause des baisses d’impôts dont ont largement bénéficié ces électeurs, comme on l’a expliqué dans cet article sur les finances publiques de la France et celui sur le budget de l’État en France ;
- Le vote Ensemble est un vote principalement européiste, pro-guerre en Ukraine, moins anti-immigration, mais marqué par le sujet du pouvoir d’achat et par le souci de la santé (ce qui est logique vu l’âge des électeurs).
- Et le vote NFP est un vote pour les services publics (santé et éducation), pour le pouvoir d’achat et la protection de l’environnement, et contre les inégalités sociales.
Jeunes, âgés, riches, pauvres : quelles sont les cibles électorales des partis politiques français ?
L’étude sociologique que nous venons de présenter a montré comment votaient les différents groupes d’électeurs (les jeunes, les plus diplômés, les riches, etc.), mais ne permet pas de bien définir les électorats de chaque parti. Par exemple, savoir que 95 % des fabricants de sabots votent LR est intéressant, mais comme ces derniers ne pèsent rien chez LR, ça n’en fait pas une cible électorale intéressante pour ce parti.
Il faut donc analyser en détail, pour un parti donné, le poids de chaque groupe dans son électorat. C’est très important (et très rarement présenté au public), car c’est comme cela qu’on peut comprendre quel est l’électorat d’un parti et donc quels sont les groupes qu’il doit privilégier dans ses choix politiques.
Par exemple, si le premier parti des retraités est aujourd’hui le RN d’assez loin (31 % des retraités votent RN), en réalité, le RN étant fort partout, les retraités ne représentent que 27 % des électeurs du parti. En revanche, si seulement 29 % des retraités ont voté Ensemble, 45 % de tous les électeurs d’Ensemble sont des retraités. C’est donc une cible vitale pour le parti macroniste moribond.
C’est pour cela que le gouvernement a maintenu le pouvoir d’achat des retraités durant la crise inflationniste, et pas celui des travailleurs.
Autre exemple, 17 % de l’électorat NFP est composé d’actifs qui ne travaillent pas (étudiants, chômeurs ou malades).
Au niveau du genre et de l’âge, la forte mobilisation a rendu l’électorat Ensemble et RN plus masculin et NFP plus féminin. Le NFP a pour sa part un électorat vraiment très jeune et Ensemble très âgé.
Le RN ayant obtenu les voix du prolétariat, 60 % de ses électeurs n’ont pas fait d’études supérieures, alors qu’Ensemble a plus de 25 % de diplômés du supérieur.
Enfin, l’écart est aussi marqué au niveau des revenus : le tiers de l’électorat NFP et RN est pauvre ou modeste, contre 20 % de l’électorat Ensemble. 25 % de l’électorat macroniste est aisé, c’est le record au sein de la classe politique française.
Mais au vu des lois et votes des députés macronistes à l’Assemblée (en faveur des plus riches et des plus riches uniquement), on voit bien que le parti macroniste ne travaille que pour moins de 10 % de ses propres électeurs : les ultrariches.