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Mélenchon - L’honneur est sauf, la rébellion l’a sauvé

Lien publiée le 12 septembre 2024

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

L’honneur est sauf, la rébellion l’a sauvé - Melenchon.fr

L’honneur du peuple républicain dont le vote a été nié est sauf. Dans le monde entier, on pouvait voir la photo de la Bastille à Paris remplie de manifestants et des commentaires très sévères contre le « coup » de Macron. Cent cinquante évènements de cette nature eurent lieu dans le pays et partout, on se sentit en force. Oui, cette marche était celle de la dignité démocratique de notre peuple. 

Il faut être prêt pour de nouveaux rebondissements. Car à peine formé, le carnaval gouvernemental semble déjà aussi bancal que sa composition. Le Premier ministre est remplacé, mais ses ministres restent en mode démissionnaires, tout en étant députés. Le sieur Barnier lui-même avoue qu’il a un CDD qui peut être très bref. Et les macronistes sont tentés depuis la passation de pouvoir par le soutien sans participation. Pour que commence la séquence avec un gouvernement Barnier, il faut déjà qu’il arrive à se constituer, à survivre à la motion de censure et aux complots des macronistes dépités. Cela nécessite de notre côté du sérieux et du sens des responsabilités. Notre programme ou celui de Macron Le Pen ? La politique des besoins ou celle de l’offre ? Augmenter les recettes avec la contribution des fortunes ou bien couper dans les dépenses publiques ? C’est au problème posé qu’il faut répondre, non par des intrigues de palais, mais par des choix clairs et argumentés devant le pays. Espérons que le message passe de ce côté-là aussi. Ça n’en prend pas le chemin. La veille de la manif, la porte-parole de Faure n’hésitait pas à tirer dans le dos très gratuitement : « la manifestation de Jean-Luc Mélenchon est une aventure solitaire ». Personne n’en tint compte. La marche appelée par les organisations de jeunesse méprisées par Olivier Faure fut un succès qui fera date.

Comment comprendre les façons de faire du PS en plein combat avec Macron ? François Hollande s’est encore déchaîné sur France Inter. Il dévoile une de droitisation hélas trop connue  « Il faut aller chercher les sujets, y compris les plus difficiles. (….) Vous avez cité : sécurité, immigration, la question européenne, les sujets internationaux, il faut les chercher, affronter la réalité, y compris dans l’opposition, pour après justifier d’exercer le pouvoir. » Après quoi, le hasard fit que les auditeurs autorisés à s’exprimer à l’antenne reprirent tous les refrains des éditorialistes depuis la nomination de Barnier : « si la droite est revenue au pouvoir c’est la faute de la gauche ». Auditeur 1 : quel choix ? Laisser le PS en s’alliant aveuglément à la France Insoumise ? Assurément, un socialiste aurait été premier ministre si le couperet du NFP n’avait pas été brandi. Auditeur 2 : Monsieur Hollande, pourquoi ne pas peser enfin sur ce PS pour sortir de cette alliance mortifère avec la France Insoumise, Nous sommes nombreux de la famille PS à ne pas cautionner Olivier Faure, simple supplétif de la FI. Auditeur 3 : Pourquoi ne demandez-vous pas à François Hollande pourquoi le PS est inféodé à LFI ? Ils récoltent ce qu’ils ont semé. » 

La réponse de Hollande ? Une suite de poncifs. Il avait déjà déclaré que les socialistes n’auraient jamais censuré Cazeneuve et qu’il en avait prévenu Macron, en dépit de la décision contraire du NFP et de la candidature commune de Lucie Castets ? Il en rajouta donc. « Les socialistes doivent affirmer que si ce gouvernement devait tomber, il faudrait trouver une solution. » Sous-titre : après Barnier ce sera à nouveau Cazeneuve. Nous avons déjà dit à l’inverse : Lucie Castets est la candidate commune pour la durée de cette mandature. Et si incroyable que soit un tel vote par cinq voix d’écart, le dernier bureau national du PS a décidé par 38 voix contre 33 de rester à gauche et de soutenir la candidate du NFP : Lucie Castets. Vote ou pas, Hollande plaide sa ligne d’action : « l’opposition constructive ». En exigeant qu’elle commence par la querelle publique et la conflictualité comme méthode. Contre LFI.  En effet, il ne lui suffit pas d’être en désaccord avec la proposition des insoumis à propos de la destitution. Il faut, selon lui la dénoncer et même la combattre publiquement : « il faut dénoncer chaque fois que des déclarations se font de manière intempestive, il faut les dénoncer, ne pas participer à cette procédure totalement infondée et irréaliste de destituer le président de la République et enfin de ne pas attendre une élection présidentielle anticipée, essayer de faire vivre l’Assemblée telle qu’elle est pour faire avancer le progrès. Et de ce point de vue, avoir une opposition constructive ».

« L’opposition constructive » est une sornette suicidaire à l’heure où le FMI et la commission européenne demande une réduction du déficit et de la dette. Je me souviens d’avoir annoncé en campagne présidentielle que pour tenir l’objectif sur lequel Macron s’était engagé devant la commission européenne, il devrait augmenter la TVA ? M’étais-je trompé sur le chiffre de 85 milliards à trouver ? On verra ensuite quel genre d’augmentation « constructive » pour la TVA trouvera Hollande… Pourtant Léa Salamé renonce aussitôt à lui demander quel genre « d’opposition constructive » Hollande envisage contre le budget en préparation. Elle en vient tout de suite à la vraie question brûlante de l’actualité en cette rentrée : les municipales de 2026 ! Léa Salamé : Faudra-t-il, François Hollande, des candidats NFP aux prochaines échéances électorales, aux législatives, aux municipales ? (…) C’est en tout cas ce que pensent beaucoup à gauche ». Hollande s’y oppose frontalement. « Non ! Dans beaucoup de villes de France, il y aura des socialistes, sans doute avec des alliés communistes ou écologistes, qui ne prendront pas des candidats FI parce qu’ils ne sont pas d’accord sur le programme local. » Inutile de dire que sur le terrain, le message a été reçu cinq sur cinq. 

Et l’union pour les législatives ? « S’il doit y avoir des élections législatives anticipées dans un an, si c’est possible, et l’Union sera peut-être nécessaire, sauf s’il y a un changement de mode de scrutin ». Lui-même est élu sous l’étiquette sur laquelle il crache à présent ! LS : Vous vous représenterez sous l’étiquette NFP ? FH : « Je ne sais pas ce que je ferais ce moment-là ». « Mais là aussi avec un rééquilibrage des circonscriptions ». Vous avez bien lu : il faudrait donner encore plus de circonscriptions à « l’opposition constructive » qui dénigre ceux qui l’élisent mais veut « construire » avec la droite et la macronie. À ce niveau de duplicité et d’arrogance, je doute que les insoumis acceptent de payer encore pour un tel partenariat. Je ne le leur conseillerais pas. Cette situation doit cesser. Il ne faut pas recommencer le spectacle lamentable de la fin perlée de la NUPES. Aucune conquête nouvelle dans l’opinion n’est possible avec cette méthode. Pourtant, il s’agit bien de construire une majorité dans les urnes, non ? 

Les aventures de Mélenchon (2) Comme vous le savez, je découvre dans la presse des aventures dont je m’ébahis. Celles de Jean-Luc Mélenchon. Ce samedi, tandis que j’attendais le cortège de la manifestation du sept septembre, BFM avait envoyé un drone-micro, place de la Bastille. On vit aussitôt un duplex effarant : « J’ai rencontré ici des insoumis pour qui le problème, c’est Mélenchon ». Je croyais que c’était une manif contre Macron et Barnier. Grâce à BFM, je comprends que le problème posé, c’est Mélenchon. Bigre. Cela m’inquiéta. Ce danger « Mélenchon » si anxiogène est-il vraiment maîtrisé ? J’en doute car cette semaine-là le bulletin paroissial local « Lyon Mag », avec photo occupant toute la une, nous apprend que Mélenchon sera sous peu « le boss » de Lyon. J’ai trouvé que c’était la nouvelle la plus inquiétante depuis que l’on n’a plus d’information sur la bête du Gévaudan. Mélenchon est tout de même étrange jusque dans le choix de ses enthousiasmes ! En une seule phrase, en effet, au cours d’une conférence d’une heure et demie sur la « créolisation », Mélenchon se met à dos la Lozère bien-pensante. Merci à France 3 Occitanie d’avoir fait son courageux devoir d’alerte : « le trait d’humour de leader des insoumis vécu comme une nouvelle provocation. » Il déclare en effet que la Martinique traite ses intellectuels, comme Frantz Fanon, Aimé Césaire, Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau, mieux que la Lozère ! Quelle insolence !  Citons la réplique savoureuse du président de la communauté de commune « Cœur de Lozère » : « dénigrer 76 000 habitants de ce département ce n’est pas à son honneur, loin de là !» « Je veux lui rappeler, déclare fièrement ce président, qu’on a eu Jean Antoine Chaptal, Théophile Roussel, Marie Rose Brugeron »! Il conclut par un trait d’esprit percutant : « tout à l’inverse de ce cabotin… sans destin ». La France de Michel Barnier et de Carole Delga sait trouver les mots pour se faire respecter. Comment ne pas sympathiser aussi avec cet autre indigné du cru. Il s’est frayé un chemin jusque vers la lumière de la presse nationale pour déclarer avec panache : « il en a assez du centralisme méprisant des parisiens ». C’est à peine si je me permets d’objecter à ce brave homme que la Martinique n’est pas un arrondissement de Paris. Mais je me suis pourtant demandé pourquoi aucun de ces nobles cœurs ne s’est senti obligé de dire un mot de respect pour les intellectuels martiniquais que citait Mélenchon. Ce n’est certainement pas parce qu’ils sont noirs ! Ni parce que le président de « cœur de Lozère » méprise les 300 000 Martiniquais et les Caraïbes en général. Loin de là ! Peut-être est-ce parce qu’ils sont de gauche. Car pour moi c’est l’insoumission de chacun d’entre eux qui alimente et peut-être même explique leur surgissement littéraire. Du coup je m’attendais à ce que les grandes personnalités du « cœur de Lozère » citent des noms de camisards du cru. Ces résistants contre la violence royale et catholique dominant leur temps donnèrent par leur combat à la France l’invention de la liberté de conscience. Hélas : pas un mot. Tant pis ! J’abandonne Mélenchon à ses goûts étranges et laisse Fort de France l’impressionner davantage que Mende. J’irai bientôt à Mende.