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Sur François Bazin, Le parrain rouge. Pierre Lambert, les vies secrètes d’un révolutionnaire, Plon, 2023
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
A la lecture de l’ouvrage de François Bazin, Le parrain rouge. Pierre Lambert, les vies secrètes d’un révolutionnaire, les cheveux de notre camarade Vincent Présumey se sont dressés avec la découverte des faiblesses mais, pire encore, celle des intentions politiques masquées de cet ouvrage.
Ceci a conduit à la rédaction d’un texte de commentaires critiques d’une longueur de 36 pages dont nous donnons ci-dessous le sommaire et en guise d’apéritif le dernier chapitre, espérant susciter la curiosité des lecteurs.
Sommaire
- 1) Parrain ?
- 2) Lambert pas encore Lambert et la seconde guerre mondiale.
- 3) Question de méthode : l’histoire d’un courant trotskyste est toujours internationale.
- La crise fondatrice.
- Le franco-français par et dans l’international.
- Le fond du problème.
- Le cadre international : les débuts.
- De 1968 à la mère de toutes les purges.
- Pliouchtch et Soljenitsyne.
- « Entrisme » international tous azimuts ?!
- La réunification et le dépassement avortés de 1979-1981.
- Vers la « reproclamation ».
- 4) Le parcours lambertiste selon Bazin, et sa dimension réelle.
- La Maman.
- « La classe. »
- Le syndicat.
- Maman/Classe/Syndicat : et le Parti ?
- 1952-1958.
- 1958-1959.
- Sixties et anti-modernisme.
- 1968-1969.
- Les années 1970 et la question du PS.
- La régression : au plan national.
- La régression : au plan international.
- Dernières années avant le gel.
- 5) Deux mises au point.
- A propos de l’unique référence me concernant.
- A propos des « Mémoires inédits » de Pierre Broué.
- 6) Héritiers et épigones.
- 7) On ne peut faire l’impasse sur l’héritage.
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On ne peut faire l’impasse sur l’héritage.
Qu’un livre parlant de la vie de Lambert prenne fin à sa mort parait normal. Mais nous avons vu dans cet article ses impasses sur sa vie : tout l’aspect international, l’arrière-plan historique du trotskysme et du syndicalisme en France, et, impasse stratégique à relier au moment où paraît ce livre, silence sur la dimension principale du « courant » (guillemets nécessaires) Cambadélis.
En outre, une biographie politique doit, de toute façon, s’interroger, serait-ce en conclusion, sur l’héritage laissé. Et c’est là que se dessine une autre impasse, complétant l’impasse Cambadélis : l’impasse Mélenchon.
Non pas que le « cas » Mélenchon, celui des années 1970, ne soit pas mentionné. L’auteur en dit ce que l’on en sait déjà : qu’il ne s’agit pas d’un « sous-marin », mais d’un militant qui a commencé par l’OCI et en a été marqué.
Mais au-delà de ça, la question de l’héritage devrait revenir en force, puisque l’actuel POI (Parti Ouvrier Indépendant) est la garde prétorienne de Mélenchon aujourd’hui, sur une orientation qui aurait peut-être bien surpris voire révolté Lambert. On ne peut faire parler les morts, mais Lambert vivant a pris la défense des conseils ouvriers hongrois de 1956, du Printemps de Prague de 1968 et de Solidarnosc en 1981. Le POI dans LFI, outre un rôle croissant de police politique, veille sur la politique internationale : sacralisation de « Gaza » et soutien au « cessez-le-feu » immédiat à la Poutine en Ukraine.
L’autre rameau issu de ce qui restait de l’ancienne OCI, le POID (Parti Ouvrier Indépendant Démocratique) devenu PT (Parti des Travailleurs) de Daniel Gluckstein, a une orientation campiste identique au plan international. Une bonne partie du boulot stalinien est aujourd’hui fait par eux …
Le précédent livre de Mauduit et Sieffert, qui ne prétend pas être une biographie ni un livre d’histoire faisant le point sur le lambertisme, avait tout du moins soulevé le double lièvre de l’héritable « cambadélicieux » et de l’héritage « mélenchonien » concentré dans le mariage Mélenchon/POI, et, dans les deux cas, avait soulevé la question des méthodes antidémocratiques, que nous retrouvons, très progressivement mais parfois de manière affolante (« affaire Varga ») chez Lambert.
Le problème politique que pose le Lambert de Bazin, c’est qu’il ne brûle pas, et ne peut donc en aucun cas être un dernier mot. Car la question du lambertisme reste brûlante par ce qu’elle porte.
D’une part, et c’est cela qui motive l’auteur de ces lignes et ses camarades, elle porte le besoin d’une organisation internationale pour éviter le cataclysme global qui a commencé.
Et, d’autre part, elle porte, en France, la question de fonction politique simultanée de l’aile la plus droitière du PS et de l’aile la plus sectaire de LFI, dans une résonance symétrique entre les deux, qui renvoie ironiquement à une racine commune, et qui, avec des orientations apparemment inverses, veulent l’une et l’autre la peau de l’unité contre Macron, Barnier et Le Pen, et de l’unité pour la démocratie contre la V° République.
Vincent Présumey, le 26/10/2024.