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Un mois de grèves et de luttes : octobre 2024
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Chaque mois, nous vous proposerons une brève présentation des conflits qui se déroulent ou se sont déroulés dans la période en question, en France mais aussi à l’international. Nous savons parfaitement que la liste qui suit n’est que partielle. L’information sur les grèves et les luttes n’est pas la mieux partagée par les médias, il faut aller la chercher. Et pourtant, des grèves, il y en a.
Chaque mois, nous vous proposerons une brève présentation des conflits qui se déroulent ou se sont déroulés dans la période en question, en France mais aussi à l’international.
Nous savons parfaitement que la liste qui suit n’est que partielle. Eh oui ! L’information sur les grèves et les luttes n’est pas la mieux partagée par les médias, il faut aller la chercher. Et pourtant, des grèves, il y en a ! En France, et ailleurs dans le monde, y compris dans des pays que les médias mainstream nous présentent comme les modèles à suivre, États-Unis ou Allemagne, car les salarié·es y seraient dociles, pas comme les salarié·es français·es "réfractaires" !
Si vous avez des informations à nous transmettre à propos de votre grève ou d’une grève dont vous avez connaissance, n’hésitez pas à nous en faire part en nous écrivant à netournonspaslapage@gmail.com
Clôture rédactionnelle de cet article : dimanche 3 novembre 2024
QUELQUES FAITS NOTABLES A L'INTERNATIONAL
Des grèves massives aux États-Unis
La vague de grèves qui touche les États-Unis continue à s’étendre, semble-t-il. Au cœur de ce processus, la grève chez Boeing, commencée le 13 septembre, tient une place particulière.
Boeing, la grève, suite et pas fin…
La grève des quelque 33 000 machinistes de Boeing s’est poursuivie en ce mois d’octobre, plusieurs sites étant complètement à l’arrêt, dont les deux principales usines près de Seattle. Les grévistes exigent 40% d’augmentation salariale, et le retour de leur régime de retraites à prestations garanties, supprimé en 2008. On leur a d’abord proposé 25% d’augmentation ; puis, début octobre, 30% ; mais le 10/10, la direction de Boeing retirait cette offre, faite au syndicat IAM lors du 3e round de négociations, qu’elle suspendait, jugeant « déraisonnables » les exigences des grévistes, et espérant briser le mouvement. La grève a continué.
Le 11/10, la direction annonçait la suppression de 17 000 emplois (environ 10% de ses effectifs mondiaux) et retardait d’un an la sortie du premier 777X.
Le 19/10, la direction proposait une hausse de 35% sur 4 ans, sous une forme composite, mais sans retour de leur régime de pensions. Le syndicat semblait prêt à accepter. Les grévistes, non, à près des deux-tiers (en assemblée générale) et la grève s’est poursuivie après plus de 6 semaines. C’est la question des retraites qui coince : « no pensions, no planes ! ». Le 31 octobre, la direction, acculée par les grévistes, a encore proposé une augmentation salariale plus élevée, cette fois à 38%, mais sans retour à l’ancien régime de retraites... Décision des salarié.es lundi 4 novembre.
Ailleurs à l’étranger :
En Italie, grève historique le 18 octobre, chez Stellantis à Rome, contre le « désengagement » du constructeur ; quelque 20 000 salarié.es de la boite et des fournisseurs en manifestation. Le 13 octobre, les dockers ont fait une grève très suivie dans les ports italiens (Gênes, Livourne, Trieste et Naples) contre le projet scélérat de « loi sécurité » de Meloni.
Au Royaume-Uni, un vaste mouvement de grève est annoncé dans le métro londonien à partir du 4 novembre.
Dans les DOM :
Colère sociale maintenue en Martinique, malgré le couvre-feu, et exigence de mesures pour les salaires, les retraites et les prix.
Guadeloupe, grèves chez EDF PEI : Le mouvement social y dure depuis le 15 septembre, contre la non-application par la direction de l’accord signé au début 2023, après 2 mois de grève pour une mise en conformité des contrats et rémunérations avec le droit du travail. En octobre, le 17/10, la grève a conduit à des délestages qui ont privé 71 000 foyers d’électricité. Suite à des provocations de la direction, le 25/10, il y a eu 12 heures de black-out total dans toute l’île.
EN FRANCE
Journée Interpro du 1er octobre :
Programmée de longue date par une intersyndicale partielle (CGT, FSU, Solidaires, et des organisations de jeunesse) qui appelait « à manifester et à faire grève pour qu’enfin les urgences sociales, exprimées dans les mobilisations comme dans les urnes, soient entendues », elle mettait principalement en avant les salaires, les services publics et l’abrogation de la réforme des retraites.
La mobilisation a globalement été en demi-teinte, avec des grèves limitées, et les manifestations (quelque 190 dans le pays) assez peu fournies (170 000 en France et 20 000 à Paris selon la CGT, 95 00 et 11 000 selon l’Intérieur). Les bastions habituels ont peu bougé : trafic très peu perturbé chez les cheminots, grève peu suivie dans l’Éducation nationale.
Une chose est sûre : ce n’est pas avec des journées d’action comme celle-ci, couplée à une poursuite du dialogue avec Barnier, que le niveau de mobilisation des travailleurs/ses s’élèvera au niveau nécessaire. D’autant plus qu’aucune suite n’est prévue…
La longue lutte des MA France à Aulnay-sous-Bois (93) :
A partir du 16 avril, les salarié.es de l’équipementier automobile, à 80% sous-traitant de Stellantis (placée en liquidation judiciaire depuis mai) se sont mis en grève et ont occupé l’usine, pour empêcher les machines de partir, et lutter contre une direction qui veut délocaliser en Turquie. De nombreuses initiatives ont eu lieu pour développer le soutien. Mais mauvaise nouvelle : le 10 octobre, le tribunal administratif de Montreuil rejetait la demande d’annulation du plan de licenciements contre les 280 salarié.es.
Dans les transports :
Grève des remorqueurs au port de Saint-Nazaire. Pour obtenir une revalorisation salariale, officiers, capitaines et chefs mécaniciens du groupe espagnol Boluda ont en partie bloqué le port plusieurs jours à partir du 17 octobre, empêchant les gros vaisseaux d’amarrer. La grève a été brisée par les réquisitions ordonnées par la préfecture à partir du 23 octobre, avec l’aide des gendarmes.
SNCF : Le 15/10, la Sarthe était paralysée par une grève massive des contrôleurs et conducteurs de trains, à l’appel de la CGT cheminots, Sud Rail et de la CFDT, pour dénoncer les nouveaux horaires voulus par la direction SNCF pour l’année à venir. Des suites sont envisagées.
Santé :
A noter ce mois-ci, plusieurs grèves dans le secteur de la santé.
Grève, majoritaire dans 4 établissements parisiens, des psychiatres et psychologues au Bureau d’aide psychologique universitaire de Paris à partir du 7 octobre, contre le management de la direction du BAPU et la dégradation des conditions de travail.
Dans le secteur hospitalier aussi, plusieurs grèves se sont suivies : Au CHU de Bordeaux, à partir du 23/09, les infirmières et aides-soignantes du secteur protégé du service d’hématologie, à Haut-Lévêque, ont fait une grève de plusieurs semaines contre le manque de matériel, le sous-effectif et le mépris de leur direction. A partir du 12/10, l’hôpital Beaujon (Clichy, 92) s’est mis en grève illimitée contre la casse de l’hôpital public, et pour de meilleures conditions de travail. Fin octobre, la colère n’était pas redescendue, et les grévistes appelaient au soutien de la population devant l’hôpital. Fin septembre et pendant le mois d’octobre, c’est l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon qui s’est mobilisé, dans divers secteurs, mais à chaque fois contre la dégradation des conditions de travail. Le 30 octobre, ce sont les aides-soignantes et infirmières de médecine interne qui se mettaient en grève. Il se peut que les autres services leur emboîtent le pas.
Samu Social Paris : Le SAMU social Île de France était en grève le jeudi 17 octobre après l’appel à la grève du Samu Social 75 ! Les soutiens étaient appelés en renfort devant le siège du Samu Social dans le 13e arrondissement.
Ubisoft (éditeur de jeux) :
Après la grève en septembre contre les trois jours de bureau par semaine imposés par la direction (vus comme un plan de licenciement déguisé) et pour les salaires, plusieurs syndicats ont appelé à une grève de 3 jours, très suivie le 15 octobre. Des piquets de grève se sont mis en place devant les studios de Paris, Lyon, Montpellier, Annecy.
Sanofi :
Grève reconductible appelée à partir du 17/10 par la CFDT et la CGT, notamment à Lisieux et Compiègne, contre la vente à un fonds d’investissement US d’Opella, filiale santé grand public de Sanofi, qui commercialise le Doliprane. Les travailleurs/ses du site de Lisieux avaient fait une journée de grève avant cela. La grève a été massivement suivie, impactant largement la production. La grève a été suspendue et les piquets retirés le 21 octobre.
Automobile :
La branche automobile voit des milliers d’emplois menacés, chez les constructeurs, les sous-traitants et les équipementiers. La CGT compte plus de 180 plans sociaux. Plus de 1500 travailleurs/ses de la branche se sont rassemblé.es devant le Salon de l’Auto le 17 octobre.
Des grèves vont sans doute se développer dans ce secteur, comme l’ont fait les
salarié.es de Dumarey Powerglade à Strasbourg contre la suppression de 248 postes sur 584. Après une grève-manif à 500 en ville fin septembre, des suites sont sans doute à prévoir.
Près de là, annonce de fermeture aussi chez Novares (équipementier plastiques pour automobile) à Ostwald. 126 emplois sont menacés. La grève le 1er octobre a été très suivie.
L’usine de La Suze-sur-Sarthe (72) de Valeo est dans le collimateur de la direction qui joue la montre. Les salarié.es de l’usine ont manifesté le 23/10 puis ont démarré la grève le 28, pour des réponses précises et une prime immédiate.
ID Logistics :
Depuis mi-octobre, les salarié.es d’ID Logistics (Marseille) sont en grève contre un plan de licenciements déguisé (mutation à 135km ou licenciement pour faute grave). Les grévistes sont mobilisés, la direction sous pression, le soutien s’organise. La négociation a commencé.
Pompiers du Rhône :
A partir du 1er octobre, les pompiers du Rhône se sont mis en grève illimitée contre la suppression d’une prime, pour des hausses de salaires, des recrutements et de meilleures conditions de travail. Le 8, 300 pompiers manifestaient à Lyon, bloquant le périphérique et la gare Part-Dieu. La grève s’est installée dans la durée, fin octobre, elle persistait.
Éboueurs de Marseille :
Par suite d’une grève à la société Bronzo (160 salarié.es), filiale de Véolia, contre des conditions de travail alourdies et le manque de moyens, plus de 600 tonnes de déchets s’accumulaient sur les trottoirs, touchant les 3e et 14e arrondissements marseillais. La grève a duré 6 jours et s’est soldée par une négociation qui a débouché sur un accord de fin de grève avec des moyens humains et matériels additionnels, satisfaisant la CFDT du secteur.
Autres :
Grève à Interforum (groupe Editis, édition) à Tigery (91), à partir du 30 septembre, contre les humiliations, pour de meilleures conditions de travail et une hausse des salaires. Initialement prévue pour être illimitée, elle a été suspendue au bout d’une quelques de jours.
Le 3 octobre, grève éclair, spontanée mais totale en Corse contre la privatisation de la gestion des ports et aéroports, qui a mis à l’arrêt complet les 6 ports et 4 aéroports de l’île.
Une semaine de grève chez Seqens (industrie pharmaceutique) à Roussilon (84), au service de fabrication, à partir du lundi 7 octobre, pour revaloriser une un prime de poste (en 5x8), et contre la dégradation des conditions de travail et la mise en danger des salariés.
Le 11 octobre, grève au groupe Trapil (réseau de pipelines de produits pétroliers raffinés dont les actionnaires sont notamment Total, Esso et BP), pour une prime de gratification annuelle (sécurité) assurée à tous.tes, et une augmentation générale des salaires.
Grève à l’entreprise adaptée de l’Association des paralysés de France à partir du 8 octobre à Longvic (Côte d’Or) contre le licenciement de 300 personnes.
A Nantes, Saunier-Duval (chauffage) a connu une grève à 99% contre la suppression de 225 emplois, un tiers des effectifs, le 14/10.
Mi-octobre : grève de plus de 130 des 161 salarié.es de Logiplast/Teamtex (fabrication de sièges auto pour enfants (Charvieu-Chavagneux, Isère), contre la fermeture de l’usine.
Même département, même période : chez Photowatt (panneaux solaires) à Bourgoin-Jallieu, débrayage le 14 octobre contre un plan de licenciements déguisés. A suivre.
Isère encore : Vencorex-France (chimie) menace quelque 5000 emplois et annonce la quasi-fermeture du site de Pont-de-Claix), 450 emplois. Environ 300 salarié.es y ont décidé de la grève illimitée et du blocage de la plateforme chimique à partir du mercredi 23/10.
A Paris, 6 guides touristiques russes et ukrainiens de Bike Rental Paris se sont mis en grève le 23 octobre en grève pour réclamer des contrats de travail en bonne et due forme.