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Tribune de membres de EELV: Choisir entre le Nouveau Front Populaire et l’impasse opportuniste
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Choisir entre le Nouveau Front Populaire et l'impasse opportuniste | Le Club
Au moment où la dissolution accélère la crise politique, nous élu·es écologistes, responsables du parti EELV - Les Écologistes, nous voulons dire que nous nous opposons à toute tentative qui vise à diviser le NFP. Quel est l’esprit de responsabilité qui consiste à tourner le dos à notre électorat alors même que jamais la macronie n’a reconnu la légitimité du NFP à gouverner ?
À peine la censure du gouvernement Barnier acquise, et sa démission présentée au Président de la République, alors que macronistes et droite ont réaffirmé leurs positions, et que Macron s’est enfermé dans le déni, il s’est trouvé un ancien candidat écologiste à la présidentielle et une ancienne secrétaire nationale d’Europe Ecologie les Verts, aujourd’hui directrice d’Oxfam, pour appeler à un accord avec les forces politiques que le Nouveau Front Populaire (NFP) venait de censurer. Marine Tondelier elle-même, secrétaire nationale actuelle d’EELV-Les Écologiste proposait « que les membres du front républicain se parlent ».
Depuis, les rencontres à l'Élysée entre les partis qui appartiennent au périmètre dessiné et imposé par Macron se succèdent en vue d'après le palais : « d'échanger sur une méthode pour présenter un gouvernement d'intérêt général ».
Au moment où la dissolution accélère la crise politique lui donnant des allures de crise de régime et de fin de règne, ces propositions de combinaisons fragilisent le NFP et encouragent son démembrement. Elles ne sont d’ailleurs possibles et audibles que parce qu’elles épousent la volonté de dislocation du NFP de la part du Président de la République.
Alors que la coalition s’était présentée unie, avec à sa tête Lucie Castets, en juillet dernier, devant Macron pour affirmer d’une même voix que la logique démocratique devait conduire à la nomination à Matignon d’une personnalité issue du NFP, cette fois-ci, ce sont des voix distinctes et dissonantes qui se font entendre depuis les directions des partis.
Écologistes, nous voulons dire que nous nous opposons à toute tentative qui vise à diviser le NFP. Il y a plusieurs raisons fondamentales à cela.
Qui peut croire sérieusement que l’on pourrait gouverner avec des gens dont on a combattu toute la politique depuis au moins un quinquennat et demi ?
Quel est l’esprit de responsabilité qui consiste à tourner le dos à notre électorat alors même que jamais la macronie n’a reconnu la légitimité du NFP à gouverner ? Au contraire, Emmanuel Macron est décidé, tel un forcené, et malgré deux défaites électorales et une censure, à préserver l’orientation politique qu’il met en oeuvre depuis 2017.
Qui peut croire encore que nous rassembler lors des échéances électorales sans faire ensuite ce rassemblement passe pour autre chose que de l’opportunisme électoral et n’est pas source de déceptions et de colères ? Après la NUPES, après le NFP, c’est quoi la prochaine étape ?
Écologistes, nous nous sommes engagé·es dans un contrat de législature non seulement vis à vis de plusieurs partenaires politiques mais aussi vis à vis de l’électorat du Nouveau Front Populaire et des dizaines de milliers de militant·es qui partout en France ont fait campagne et assuré nos victoires.
Or, cette proposition de « combinazione » aléatoire et sans projet revient à briser le NFP et nous affaiblit dans l’opinion publique à un moment où la crédibilité de notre organisation politique est en jeu après des résultats médiocres à la présidentielle de 2022 (4,7%) et aux Européennes de 2024 (5,5%). Elle affaiblit aussi nos idées en renforçant celle largement fabriquée par les médias dominants et la macronie qu’il y aurait un bloc raisonnable soucieux de gouverner le pays qui irait des macronistes aux écologistes et des extrêmes agitées par des intérêts partisans rendues responsables de l'instabilité.
Nous savons au contraire que l’instabilité de notre société et du monde est une conséquence des effets du capitalisme néolibéral sur nos organisations humaines. Or cette proposition matérialise dans le champ politique la propagande qui depuis l'avènement de la société industrielle maintient le pouvoir bourgeois par la production et la reproduction de représentations qui associent les classes populaires au désordre. Elle confisque l'écologie au seul bénéfice des classes dominantes en prétendant que les solutions techno-capitalistes protégeraient nos sociétés du désastre climatique. Enfin, puisqu'en creux et à court terme, il s'agit aussi d'affaiblir un de nos partenaires, elles participent à créer les conditions pour que la volonté des forces néolibérales et réactionnaires d’exclure la France Insoumise de l’arc républicain se réalise. Au contraire, nous considérons que la France Insoumise représente pour nous un partenaire pour gouverner et affronter les échéances à venir.
Ces propositions reposent également sur le pari hasardeux que les mauvaises recettes du passé, celles qui sont responsables de notre situation, nous garantiraient contre la menace de l'extrême-droite. Les partis d'extrême-droite progressent partout en Europe, et même dans le monde. Ils gouvernent parfois ou sont en situation d'accéder au pouvoir. Le repli de l'Europe sur des nationalismes identitaires et autoritaires menace notre modèle de société démocratique et rend plus précaire encore le futur de dizaines de millions de gens dans notre pays.
Le danger est d'autant plus sérieux que l'accélération de la prédation capitaliste des ressources et des moyens de production, qui plus est dans un monde qui se réchauffe, nécessite des pouvoirs de coercition des populations de plus en plus forts. Déjà, partout, seul le recours à la répression et à la force permet de faire tenir l’ordre économique capitaliste.
La montée des extrêmes-droites en Europe accompagne la minoration du vieux continent et de ses nations au plan international. L’Europe est plus inféodée que jamais aux Etats-Unis. Or les équilibres géopolitiques changent du fait de l'émergence d'un Sud Global que la toute puissance occidentale héritée de cinq siècles de contrôle colonial n’impressionne plus. Les grandes puissances se positionnent pour préserver leur pouvoir et l'accès à leurs marchés et, l'Europe se marginalise.
Dans un tel contexte local et international la seule proposition qui vaille n'est pas d'aménager le système qui maintient les équilibres et les dépendances telles qu'elles sont mais d'en sortir si nous voulons préserver la vie démocratique de notre pays et ses conditions sociales. Dès lors, nous refusons les manœuvres qui visent à briser l’alliance qui a permis à la gauche de rompre avec le social-libéralisme qui, depuis les années 80, nous a menés dans une impasse et appelons à l’affirmation d’une écologie de transformation qui rompt clairement avec le système capitaliste qui détruit les conditions de la vie humaine sur Terre.
Par conséquent, nous nous opposons fermement à toute remise en cause du Nouveau Front Populaire de la part des Écologistes. Nous jugeons avec sévérité les offres de service renouvelées de la part de cadres actuels ou passés de EELV-Les Écologistes comme de la direction et de responsables de premier plan du PS à la Macronie. Elles doivent être combattue pour ce qu'elles sont : une tentative de division du NFP et de prise de pouvoir sur la gauche de rupture et l'écologie de transformation, par les héritier·es du hollandisme.
Le NFP a permis à la gauche et aux écologistes d’arriver en tête au soir du second tour des législatives, il a été un élément crucial dans la mobilisation contre l’extrême-droite, et l’existence d’un front républicain déserté par la droite et nombre de macronistes, c’est l’offre politique qui allie justice sociale et justice environnementale. Son unité et son animation sont nos priorités. Dans cette période, il est le seul outil collectif que nous ayons.
Signataires :
Edouard Dénouel, adjoint au Maire de Bagnolet chargé de l’environnement, de la question écologique et climatique et de l’éducation.
Alima Boumediene, ancienne Sénatrice et ancienne Députée Européenne
Sergio Coronado, conseiller fédéral et ancien Député
Bénédicte Monville, conseillère fédérale, secrétaire départementale pour la Seine-et-Marne et ancienne conseillère régionale de la Région IDF
Raphaël Negrini, conseiller fédéral
Krystèle Appourchaux, conseillère fédérale
Benjamin Joyeux, conseiller Régional AURA
Monique Vervondel-Gaulguet Monique, conseillère fédérale
François Benoit-Marquié, secrétaire du Groupe Local Les Ecologistes Orléans-Ouest Loiret, Membre du CPR de la Région Centre, Conseiller fédéral
Betsabée Haas, élue. Présidente du groupe Écologie et Solidarité Région CVDLoire
Jean-Baka Domelevo Entfellner, trésorier EElV Hors de France, Membre élu de l'Assemblée des Français·es de l'étranger
Ken Iwasaki Garcia, CPR Centre Val de Loire
Marie Chiocca, membre de la Cellule VSS
Jacques Boutault, maire adjoint de Paris Centre
Rachel Savin-Puget, militante écologiste et féministe et ancienne candidate aux Européennes
Bruno Cœur, maire de la commune de Bou et Conseiller délégué Orléans Métropole en charge de la biodiversité
Mohamed El Kardoudi, co-secretaire du Groupe Local Grand Paris Grand Est
Emmanuel Benoit-Marquié, porte Parole du Groupe Local du Tarn et membre du Bureau Exécutif Régional de Midi-Pyrénées