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"On ta trouver. Nique les arabe" "Tu pouries le pays"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
« On ta trouver. Nique les arabe » « Tu pouries le pays » - Melenchon.fr
Il était dix heures le matin et j’allais à l’Assemblée nationale comme invité du groupe des députés insoumis pour la dernière réunion de la session parlementaire. J’ai ouvert ma messagerie téléphonique entre Strasbourg Saint Denis et Invalides, ligne 8. J’y ai trouvé des mots amicaux de solidarité personnelle. De cette façon, j’ai appris l’agression et le saccage de ma maison dans le Loiret, 18 heures après qu’il ait été constaté et déjà bien diffusé dans les médias du matin.
Cette maison, c’est une longère au bord de la forêt. Je l’ai acquise, il y a 26 ans et je l’ai retapée à la petite cuillère. Une génération. J’en partage le jardin avec deux écureuils, un rouge gorge, une pie, et plusieurs chats de mes voisins. On y a reçu une biche et son faon qui ont lamentablement brouté mes jeunes plantations. Je constate que des lapins y tiennent régulièrement des conciles. Enfin une taupe (au moins) se sait vraiment chez elle. J’ai lâché la dispute avec elle tant elle est obstinée. C’est mon refuge ordinaire, dans les tempêtes ou bien les moments de repos familial. Combien sont passés là, parmi ceux que j’aime ! Les enfants d’hier y sont revenus en adultes. Mes absents y sont toujours. Sur ce banc là, j’ai eu mes dialogues avec François Delapierre. Ici j’ai planté ce laurier avec Bernard Pignerol. Et tous ceux d’entre vous mes amis, venus m’y retrouver tant de fois avec ou sans vos mômes que les bambous fascinent toujours. J’y ai vécu des moments ordinaires que la mémoire m’a rendus essentiels. Les lieux ne restent plus jamais muets après les événements qu’ils ont accueillis. Le bonheur peut parler en version minimaliste. Mais on l’entend toujours ensuite pendant longtemps.
Ici j’ai fini l’écriture de combien de mes livres ? Par exemple « Enquête de gauche » dont j’ai tiré une statue en papier mâché avec les feuilles gâchées. Ou bien « Qu’ils s’en aillent tous » premier exercice d’écriture dont la longueur de 180 000 signes avait été convenue pour ne pas coûter plus de 10 euros l’exemplaire. Alors combien de fois le soleil s’est-il levé sur combien de pages en travail, puisque je suis de la nuit plutôt que du matin.
Ainsi ma longère flottait hors du temps, faite d’animaux de passage, d’insectes, de plantes amies, de souvenirs et de projets. J’y suis toujours venu comme sur une île au bord du continent de ma vie agitée. Voici que le présent sordide lui a infligé son assaut.
Ce type d’agression est toujours vécu comme une profanation. À plus forte raison cette fois-ci où ce sont sur mes cloisons des slogans outrageants et orduriers. Cette fois où mes livres ont été bombés, mes tiroirs vidés au sol et tout ce qu’on peut imaginer de vilenies de la part de gens capables d’agresser des livres. Sur les murs, le « vive Marine » est trop grossier pour être vrai. Autrement plus indicatifs sont « Nique les arabe » (avec la faute), « on ta trouver » ou bien la croix gammée. Ils ressemblent au vocabulaire, aux tracts anonymes, aux messages téléphoniques des agressions que nous avons dû subir depuis un an. J’y retrouve le vocabulaire de ces racistes qui attaquent nos prises de position contre le génocide à Gaza. Oui, l’attaque est politique sinon pourquoi ces slogans ? Mais je ne sais à qui l’attribuer à coup sûr dans la constellation des groupuscules fascisants ou suprématistes qui pourchassent tant d’entre nous depuis des mois. Il pourrait s’agir de ces commandos qui ont agressé une dizaine de nos réunions publiques sans aucune conséquence judiciaire ou policière même quand l’identité des perturbateurs violents a été relevée. Mais sans doute sont-ils trop petits bourgeois pour écrire sur une cloison d’intérieur « suce ma bite ». Mais leurs passions politiques sont quand même encore plus vulgaires. Cela pourrait être plutôt quelques-uns de cette nuée sur le net. D’ailleurs, ils se sont immédiatement mis en action. Comme celui-ci pour publier par exemple des photos de « l’une (sic) des résidences secondaires de Mélenchon ». Pourtant son nom et son compte X avaient déjà été signalés pour cela déjà à qui de droit en juillet dernier. Sans aucune suite, comme d’habitude.
Je ne crois pas à une soudaine poussée de violence dans un environnement local qui m’accueille sans problème depuis tant d’années. Certes les clivages politiques ou électoraux y sont certes bien vifs mais sans qu’il n’en ait jamais résulté quelque violence que ce soit. Les gens du coin sont tranquilles, les voisins paisibles et bienveillants même quand des journalistes essaient de leur faire dire du mal de moi. Car cela aussi m’a été fait.
Le bilan est que depuis un an nous avons tous le sentiment de n’être protégés ni par la justice ni par la police. Tout finit dans les sables mouvants du néant ou des non-lieux dans neuf cas sur dix. Les téléphonistes harceleurs, les agressions physiques, les grapheurs souilleurs, tous impunis, les permanences parlementaires murées ou saccagées où la police ne relève pas les identités, où les procureurs ne poursuivent personne comme ils le feraient pourtant avec zèle pour de vulgaires gilets jaunes, ou des jeunes en manif. Les incendiaires jamais identifiés comme à Etampes. J’en passe et non des moindres. Comme ces tentatives d’assassinat que j’ai découvert dans la presse des mois après l’arrestation de leurs auteurs. Comme ce juge pour qui « ordure anti-sémite » répété contre moi sur le média « radio J » n’est pas compétent pour dire si c’est une injure publique. Ou bien cet autre, concluant : il n’est « pas certain de voir une intention de nuire » quand un perturbé, déjà exclu de la police diffuse sur les réseaux ses menaces contre moi dans la rue. Ni quand il répand ensuite l’adresse de la porte où j’entre. Et La vidéo de « papacito » où l’on fait mine d’assassiner des insoumis ? « Dans les limites de la satire » : donc non-lieu pour notre plainte collective ! Le harcèlement médiatique diabolisant dont je fais l’objet alimente encore avec détermination tout cela. Des esprits faibles, persuadés d’être de la race suprême (tous les racistes sont des suprématistes) souillent ensuite les livres et alors tout est dit à leur sujet. Ils saccagent ma maison et m’accusent sur mes murs : « tu pouries le pays ». Leur défense de la France ne s’étend pas aux usages de la langue nationale. Ils oublient que même les arabes prennent un « s » au pluriel ou que tu « pouries le pays » ne se conjugue pas comme un verbe du premier groupe et compte deux « r ».
Je finis ce post écrit pour épuiser ma peine et qu’elle me laisse dormir cette nuit. Mais comment ne pas voir les synchronies à l’œuvre ? Entre seize heures, où fut fait le constat du problème dans ma maison par le maire du village et le lendemain dix heures du matin personne ne parvient à me contacter ! Puis quelqu’un a pensé à appeler le siège du Mouvement pour me joindre ! Mais le même délai a été suffisant pour alerter Europe 1 puis JDD et lancer le tam-tam médiatique. C’est ainsi qu’on vit en politique en France. Dans cette nouvelle république bananière où le prince se moque des élections, son chambellan se moque de l’Assemblée, les autorités informées d’un délit se moquent de leur devoir à l’égard de la victime. Mais elles préviennent avant toute chose d’abord les médias à la botte des haines de la bonne société.
Je sais que cela finira mal car notre diabolisation est faite pour cela. Et l’expérience acquise avec les deux tentatives d’assassinat déjà condamnées en justice, m’ont montré de quelle pâte est faite cette sorte d’agresseurs. Hallucinés et idéologiquement farcis de clichés racistes et suprématistes, ce sont des marionnettes. Mais les fils qui les manipulent remontent jusqu’aux doigts de ceux d’où part l’ambiance qui les pousse au crime. Ceux que cette agression a laissés indifférents ou même amusés du malheur des autres, devraient comprendre qu’ils aident à déchainer des monstres débiles. Et chaque impunité fortifie leur arrogance.