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    Impérialisme et ravages écologiques

    éco

    Lien publiée le 17 janvier 2025

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://lanticapitaliste.org/arguments/imperialisme-et-ravages-ecologiques

    Donald Trump vient de s’illustrer dans la course aux ressources souterraines qui l’oppose à la Russie et à la Chine, en convoitant le Groenland. L’occasion de rappeler comment extractivisme, colonialisme et compensation s’articulent dans le capitalisme. Par la Commission nationale écologie.

    Colonisation et destructions des écosystèmes aux fondements du capitalisme

    Le capitalisme n’a pu s’imposer que grâce à un processus de plusieurs siècles incluant exploitation du travail humain, appropriation-destruction des terres et des écosystèmes, colonialisme et génocide des peuples autochtones. 

    La destruction des communs — champs ouverts et pâturages communs, forêts… —, débutée en Angleterre, s’étendra au reste de l’Europe et du monde avec un triple effet : l’apparition d’une masse de pauvres condamnés à vendre leur force de travail, l’amorce de la transformation des ressources naturelles en marchandises et… une accumulation d’argent entre les mains de la classe dominante.

    Nouveaux gisements de rentabilité

    Dès les origines, le capital se heurte aux limites, à l’épuisement des ressources et à la nécessité de trouver de nouveaux gisements de rentabilité.

    C’est le début de l’extractivisme génocidaire pour les métaux précieux, d’abord l’or aux Antilles, cause de l’anéantissement du peuple Taïno, et dans tout le continent sud-américain. « Ils convoitent l’or comme des porcs affamés »1. Puis l’argent, au prix du servage — la mita — et de la mort de millions d’êtres humains, de l’accaparement de l’eau, de la pollution au mercure. L’argent qui fut l’un des plus puissants moteurs de la première mondialisation.

    La canne à sucre fut la première monoculture tropicale destinée à l’exportation vers l’Europe. Le modèle de la plantation désigné par Malcolm Ferdinand comme « l’habiter colonial »est fondé sur trois actes principaux : la prise de la terre ; le défrichage-abattage des arbres, la destruction des sols, la perte de biodiversité, la pollution ; le génocide de peuples amérindiens, les violences faites aux femmes amérindiennes et noires, la traite et l’esclavisation de millions de Noirs. 

    Exploitation coloniale

    La révolution industrielle n’aurait pas été possible sans l’accumulation de capital due à l’exploitation coloniale de la force de travail et des autres ressources naturelles.

    La vapeur et le charbon, auxquels le capitalisme du 19e siècle lie son sort, impliquent un nouveau saut dans les destructions écologiques (pollution des eaux, des sols et de l’air dans les régions minières et les villes d’Europe, dégradation des terres due à la rupture du cycle des nutriments), du fait de l’urbanisation et de l’extension des monocultures d’exportation dans les pays coloniaux — hévéa, coton, café, thé… — au détriment des populations locales, de leurs économies, de leurs cultures vivrières... et de leurs forêts.

    • 1. Récit Nahuatl sur les cohortes sanglantes de Cortès, cité par Eduardo Galeano – Les veines ouvertes de l’Amérique latine.

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    L’extractivisme aujourd’hui

    L’extractivisme doit être compris comme un phénomène global de prédation (dont les proies sont à la fois des humainEs et des non-humainEs) pour prendre en compte le contexte de dissymétrie Nord/Sud et la dimension écologique de cette oppression.

    Activités pétrolières, minières, forestières, agricoles 

    Les pratiques extractives concernent les minéraux (cuivre, lithium...), les hydrocarbures, l’eau, le sable et le bois, et les matières premières issues de l’agriculture (aliments du bétail ou biocombustibles), les produits de la sylviculture et de la pêche. On inclut dans cette catégorie les projets d’infrastructures de grande envergure — ports, réseaux ferroviaires ou routiers, servant à faciliter l’accès aux projets extractifs et le transport des ressources naturelles. De nombreuses ressources « renouvelables », comme la forêt ou les réserves halieutiques, disparaissent parce que le niveau d’extraction dépasse largement leur taux de renouvellement naturel. 

    Ces activités pétrolières, minières, forestières, agricoles occasionnent une dégradation grave et irréversible du milieu naturel par l’utilisation de produits chimiques toxiques (cyanure, acide sulfurique, etc.) et agrotoxiques (pesticides et autres produits phytosanitaires). Les mines consomment beaucoup d’eau, elles produisent de grandes quantités de déchets toxiques. Les conséquences environnementales de l’extractivisme agricole ne sont pas moins graves : déforestation (au Brésil pour le soja, en Indonésie pour les biocarburants) et détournement de la vocation vivrière des sols. Elles engendrent dans les pays du Sud principalement de graves violences sociales jusqu’à la guerre, des atteintes aux droits collectifs et humains, une aggravation de la délinquance et de la violence, de la prostitution et du patriarcat.

    La fiction de la transition énergétique

    L’extractivisme — sous ses différentes formes — trouve dans la transition énergétique un récit qui lui convient et qui le légitime. Elle devient le paravent qui masque la poursuite de la croissance capitaliste à tout prix. 

    Pour fabriquer des batteries électriques, des éoliennes, du photovoltaïque — nécessaires à la « transition énergétique » — il faut du lithium, du cobalt, du cuivre, etc. L’industrie minière est ravie, la voilà propulsée en avant-garde de l’écologie. 

    Les politiques extractivistes sont au cœur des luttes environnementales, internationalistes, antiracistes et décoloniales, lieu naturel de composition des luttes (peuples autochtones, colonisés ou esclavisés, peuples sacrifiés au Nord et au sud). Ces luttes remettent en cause les logiques coloniales et néocoloniales de toutes les formes de prédation impérialiste. 

    La multiplication des projets extractivistes marque l’urgence d’une mobilisation internationale.

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    Compensation : fausse solution, vrai colonialisme

    La compensation écologique, qui existe depuis 1976 (!), fait croire qu’une dégradation infligée à la biosphère en un instant et un lieu donnés peut être contre­balancée par une action locale et simultanée ou délocalisée dans le temps et l’espace. 

    Loin de réparer un dégât, la compensation sert aux entreprises à poursuivre sur la voie du productivisme, cause de l’accélération de la crise écologique. 

    Fausse solution

    Les scientifiques ont mis au jour le tissu de relations, d’interdépendances, de conflictualités, de solidarités qui existe entre tous les êtres vivants (la biosphère) et la matière inerte telle que les glaciers, les nappes phréatiques, les roches... depuis des milliards d’années. Iels mettent en doute l’idée de compenser ce qui est endommagé voire détruit, qui revient à nier l’état dégradé et instable de la bio­sphère. Ainsi, alors qu’on sait que le transport aérien doit être fortement réduit, Anne Rigail, directrice générale d’Air France, a annoncé en 2020 que les 450 vols intérieurs ­quotidiens seraient « ­compensés » par la plantation d’arbres, tarte à la crème de la compensation. 

    Vrai néocolonialisme

    Les entreprises capitalistes « compensent » en Afrique, avec des plantations massives d’arbres à croissance rapide, tels les eucalyptus qui permettent à l’industrie forestière de prospérer. Ainsi, la savane, vue comme un territoire déforesté alors que depuis des millions d’années elle abrite une faune particulière, des populations (élevage, agriculture), est touchée. 

    Renoncement

    Les États capitalistes ont renoncé à amorcer tout changement alors qu’ils savent que la biosphère va continuer à être dégradée. Ils légifèrent et font croire que la compensation, avec son aspect « pollueur-payeur », permet de réparer les dégâts et de financer la transition énergétique.

    En fait, la « compensation » montre la collusion des États avec le monde des affaires. Pire, elle laisse aux capitalistes dirigeants la décision des politiques de transition, excluant les citoyenNEs des choix de société.