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    La grève d’ID Logistics et le rôle de la CGT

    Lien publiée le 17 janvier 2025

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://marxiste.org/la-greve-did-logistics-et-le-role-de-la-cgt

    ID Logistics est une entreprise française qui gère la chaîne logistique d’enseignes de la grande distribution. Sa forte croissance en 2024 promet de juteux profits à ses actionnaires. Cette vitalité a cependant un prix, payé, comme d’habitude, par les travailleurs. En septembre dernier, les 47 salariés de son entrepôt marseillais apprenaient leur licenciement pour « faute grave ». Suite au non-renouvellement d’un des contrats de sous-traitance avec Amazon, la direction du groupe compte les licencier sans verser le moindre centime. Elle s’appuie sur la « clause de mobilité » de ses contrats de travail, qui inclut la possibilité d’être muté à une échelle régionale. Tout refus équivaudrait à un abandon de poste : ils seraient privés d’indemnités de licenciement et de droits au chômage.

    Le 14 octobre dernier, les employés de l’entrepôt marseillais ont voté la grève reconductible. Selon Fayçal Chafai, secrétaire général CGT de ID Logistics PACA, il fallait diriger la lutte pour « des conditions décentes de départ pour les salariés ». Au bout d’un mois et 5 jours de grève, la direction du groupe n’a rien concédé et la grève a pris fin. La CGT laisse aujourd’hui au conseil des prud’hommes le soin de statuer si un refus de mutation constitue une faute grave. Dans les faits, cela revient à accepter le plan de licenciement. Dans le contexte actuel de licenciements en cascade, la direction confédérale de la CGT devrait proposer à l’ensemble du mouvement ouvrier un programme et une stratégie visant à lutter efficacement contre les licenciements – qu’ils soient indemnisés ou non.

    Un « modèle » pour le monde des affaires

    Eric Hémar, le PDG-fondateur et actionnaire majoritaire de l’entreprise ID Logistics, a récemment déclaré que « toutes les zones géographiques – 400 sites dans 18 pays – contribuent à cette bonne performance de l’entreprise [18,5 % de progression] ». Aux Etats-Unis, où 18 % des ventes sont réalisées, la croissance de l’activité atteint les 48,6 %. En Amérique latine, qui représente 8 % du chiffre d’affaires, la croissance atteint 31,7 %. Le PDG souligne aussi « un net rebond de l’activité en France », qui représente 26 % des ventes. Alors que les salariés sont durement exploités et menacés de licenciement, sa fortune personnelle s’élève à 1,3 milliard d’euros, avec une augmentation de 500 millions rien que pour l’année 2024. 

    La direction du groupe qualifie sa croissance de « record ». Dans les pages du Figaro, le 12 novembre dernier, on pouvait apprécier le point de vue de la bourgeoisie : « la croissance en France a atteint 6,1 % au 3e trimestre. C’est une bonne nouvelle, et la perte d’un contrat pour le compte d’Amazon, plutôt médiatisée, ne remet pas en cause la tendance […] Des contrats ont été lancés avec Galeries Lafayette, AB InBev, Carrefour, ou Intermarché. Mais c’est évidemment l’international qui était et reste “le cœur du réacteur” d’ID Logistics, qui transpose hors de France un modèle efficace. En août, vous avez pu prendre sur nos conseils de solides profits partiels sur ID Logistics à 450 euros. Il nous semble temps d’y revenir : renforcez. »

    Par ailleurs, les conditions de travail des salariés d’ID Logistics sont déplorables. La préparation des colis commence dès 3h30 du matin. Sur les sites, il n’y a pas de chauffage en hiver, pas de climatisation en été, des infiltrations d’eau un peu partout lorsqu’il pleut, et du matériel défectueux. Les tendinites suite au port de charges lourdes sont monnaie courante. Le contrat de travail précarise aussi les salariés en limitant leurs revenus aux alentours de 1200 euros par mois et les primes sont conditionnées à des objectifs de service souvent inatteignables. 

    Nationaliser ID Logistics, Amazon, Auchan...

    Par leur grève reconductible, les salariés de l’entrepôt marseillais ont montré leur détermination à lutter pour vivre décemment. Nous appelons à participer à leur caisse de solidarité qui est toujours ouverte. Cependant, il faut souligner qu’il est possible de préserver leurs emplois et d’obtenir des avancées sur leurs conditions de travail. Pour cela, la CGT devrait mener une vaste campagne visant à étendre la grève aux autres sites d’ID Logistics et à ses milliers de salariés en France, qui sont tout aussi exploités. Par ailleurs, les directions politiques et syndicales du mouvement ouvrier devraient expliquer la nécessité d’un large mouvement de grève reconductible dans un nombre croissant de secteurs de l’économie, sur la base d’un programme offensif. A l’annonce des premiers plans sociaux, l’aile gauche de la CGT, « unité CGT » expliquait : « il faut nationaliser les grands groupes industriels, des donneurs d’ordre aux sous-traitants ». En effet, avancer la nationalisation d’ID Logistic, Amazon, Auchan, Michelin, etc. – sous le contrôle démocratique des salariés – aurait un énorme impact sur la combativité de l’ensemble de la classe ouvrière. C’est aussi la seule façon réaliste de garantir les emplois et d’obtenir des améliorations notables sur les conditions de travail.