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Chypre: les salariés des banques manifestent pour leur retraite
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
A Francfort, à l'issue d'une réunion de la Banque centrale européenne (BCE), son président Mario Draghi s'est efforcé de tirer les leçons de la crise chypriote. Il a notamment estimé que la proposition initiale de taxer les dépôts, y compris des petits épargnants, dans les banques de l'île "n'était pas juste".
M. Draghi a également affirmé à plusieurs reprises que le modèle de résolution de crise utilisé à Chypre, en ponctionnant sur les comptes, n'est pas applicable à d'autres pays.
Sur l'île, les salariés des banques ont observé une grève de deux heures à l'appel de leur syndicat Etyk avant de manifester pour réclamer le maintien des emplois et des fonds de pension dans les deux plus grandes banques du pays, Bank of Cyprus et Laïki.
Plus d'un millier de salariés des banques ont défilé jusque devant le Parlement, malgré les assurances apportées la semaine dernière par le président Nicos Anastasiades que tout serait fait pour protéger les fonds de pension des deux banques en cours de restructuration.
"Pas touche à nos emplois, pas touche à nos fonds de pension", pouvait-on lire sur les banderoles déployées par les manifestants.
"Nous voulons des engagements écrits sur la protection de nos fonds de pension et de nos emplois", a déclaré George Georgiou, 35 ans, qui travaille dans la banque depuis 14 ans.
Le secteur bancaire emploie près de 13.000 personnes dans le pays, soit environ 1,5% de la population. A elle seule, Laïki compte 2.300 salariés sur l'île, et Bank of Cyprus 3.300.
Il n'y avait pas eu de mouvements sociaux jusque là à Chypre, en récession depuis deux ans.
Mais le plan de sauvetage est assorti de conditions draconiennes, prévoyant des réformes douloureuses dont une hausse des impôts, une baisse des effectifs de la fonction publique, des privatisations et une diminution soudaine et drastique du secteur bancaire, qui pèse très lourd dans l'économie de l'île.
La première banque du pays, Bank of Cyprus, est en cours de restructuration, et la deuxième, Laïki, en cours de liquidation. Les gros comptes de Bank of Cyprus doivent subir une ponction qui pourrait aller jusqu'à 60%, et ceux de la Laïki resteront gelés pendant des années, avant qu'un éventuel solde ne soit versé à leur titulaire une fois la banque dissolue.
Les comptes de moins de 100.000 euros de la Laïki ainsi que tous les prêts vont être transférés à la Bank of Cyprus où ils fonctionneront normalement.
Parmi les autres mesures d'austérité que Chypre doit encore mettre en oeuvre figure une hausse de l'impôt sur les sociétés de 10% à 12,5%, une hausse des impôts sur les intérêts à 30% et une hausse de la taxe foncière.
Le nouveau ministre chypriote des Finances Haris Georgiades a assuré mercredi que son pays appliquerait "entièrement" toutes les mesures prévues par le plan de sauvetage européen, assurant que le gouvernement ferait "tout ce qu'il faudra pour remettre en état nos finances publiques".
La Banque centrale de Chypre a prolongé les restrictions sur les mouvements de fonds mises en place il y a tout juste une semaine, pour la première fois dans la zone euro, afin d'empêcher une fuite des capitaux.
Les retraits restent limités à 300 euros par personne et par jour, tandis que les transactions commerciales sont libres jusqu'à 25.000 euros par compte et par jour, mais soumises à une autorisation de la Banque centrale au delà.
Les transferts vers l'étranger sont interdits, à quelques exceptions près. Aucune précision n'a été apportée quant à la durée de ces restrictions, mais la Banque centrale a indiqué dans un communiqué jeudi que "des réflexions sont en cours sur de nouveaux assouplissements qui pourraient entrer en vigueur sous peu".