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Palestine : deux États, un État : quelle solution réaliste ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://lanticapitaliste.org/arguments/palestine-deux-etats-un-etat-quelle-solution-realiste

Il ne s’agit donc bien entendu pas de décider à la place des PalestinienNEs, mais avant tout de répondre à celles et ceux qui font de la « solution à deux États » l’alpha et l’omega de leurs perspectives pour la région — jusqu’à diviser le mouvement de solidarité sur cette base.
Dossier réalisé par Édouard Soulier et Sulalat
Deux États, une « solution » ?
Sous couvert de « solution à deux États », Macron et la plupart des gouvernements occidentaux défendent en réalité le statu quo colonial : un pseudo-État palestinien morcelé, sans continuité territoriale ni souveraineté. Une impasse qui perpétue l’apartheid et nie le droit du peuple palestinien à l’autodétermination.
Il faut d’abord souligner que cette « solution » à deux États peut être comprise comme le prolongement des accords d’Oslo : signés en 1993, ils sont la référence qui a permis la prétendue création d’un État palestinien à l’issue de la première Intifada de 1987.
Les effets d’Oslo
Ces accords avaient alloué aux Palestiniens 22 % de la Palestine historique, mais sous la forme d’un État morcelé et fragmenté : Gaza, Jérusalem et la Cisjordanie. Cette même Cisjordanie est divisée en trois zones A, B et C. Les territoires en zone A (18 % de la superficie totale des territoires) sont essentiellement les grandes villes palestiniennes (sauf Hébron), où se concentre l’essentiel de la population, sous contrôle civil et militaire palestinien. La zone B, environ un quart du territoire, comprend les villages palestiniens et est sous contrôle civil palestinien et militaire israélien. Le reste, soit 60 % du territoire (zone C — la seule bande de terre non fragmentée), est entièrement sous contrôle israélien. Elle inclut les colonies israéliennes implantées en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qui se trouvent sous contrôle militaire israélien. Le même phénomène de grignotage se déroule à Jérusalem et à Hébron, deux lieux importants pour toutes les communautés. Il n’y a donc aucune continuité territoriale entre les territoires palestiniens. Le projet E1, proposé il y a quelques semaines, d’extension de la banlieue de Jérusalem, devrait encore davantage morceler la Cisjordanie en la coupant quasiment en deux entre le Nord et le Sud.
En pratique, le contrôle actuel de l’État palestinien se résume à presque 10 % de la Palestine historique par l’Autorité palestinienne : des villes et villages entourés de murailles de plusieurs mètres, un système routier d’apartheid qui contourne et entoure les zones « arabes ». Il doit être mis fin à la fragmentation et il faut donc trouver un moyen que les PalestinienNEs de Gaza puissent aller en Cisjordanie et, surtout, à Jérusalem. Permettre cette libre circulation est primordial pour permettre un État palestinien. Il faut aussi poser la question des PalestinienNEs de 1948 (« Arabes israéliens » selon le vocable raciste israélien) qui constituent 20 % de la population d’Israël et qui sont des sous-citoyenNEs dans un État d’apartheid.
Quelle viabilité pour un État palestinien ?
Depuis 1967 et le contrôle de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, près de 800 000 colons juifs se sont installés dans des « colonies illégales » au regard du droit international. Ces colonies mettent en danger les populations palestiniennes et organisent des pogroms : avant le 7 octobre, 2023 c’était déjà l’année la plus meurtrière en Cisjordanie pour les PalestinienNEs.
On voit immédiatement qu’une véritable solution à deux États consisterait à expulser ces 800 000 personnes, à démanteler le système de murs, de checkpoints et de routes, et à récupérer le contrôle de l’eau du Jourdain accaparée par Israël. De même, le sous-sol de Gaza contient du gaz extrait illégalement et vendu à prix d’or, par exemple à l’Égypte. Il faudrait rendre cette ressource au peuple palestinien.
Un État viable ne doit pas se voir imposer ses frontières : cela suppose la suppression des checkpoints vers la Jordanie et l’Égypte. Cela veut dire évidemment la fin du blocus de Gaza.
Enfin, il y a le retour des réfugiéEs : 500 000 dans des camps dans les pays voisins (Liban, Syrie, Jordanie) et plusieurs millions à travers le monde, qui constituent la diaspora palestinienne. Même s’il est certain que tous ne rentreront pas, il y a un problème territorial pour qu’un peuple puisse s’épanouir. Les accords d’Oslo n’étaient qu’une manière de gérer la population palestinienne, en la cantonnant dans de minuscules zones entourées de murailles. Ces accords ont bien soigneusement évité de parler du sort des réfugiéEs.
Comme on le voit, défendre honnêtement une solution à deux États impliquerait d’imposer une profonde transformation d’Israël.
Un discours hypocrite
Telle a été la stratégie de l’État colonial : empêcher tout État palestinien viable. Emmanuel Macron est donc un menteur lorsqu’il défend deux États dans les frontières de 1967. Il défend un « État en l’état » : non viable et sans avenir, car il a pour effet de repousser à l’infini une solution juste et durable.
Il y a la même hypocrisie de la part des organisations de gauche françaises qui répètent inlassablement le mythe de la solution à deux États, en feignant de se réfugier derrière le droit international. Personne n’envisage réellement de démanteler les colonies et de déplacer les colons juifs, laissant en réalité les PalestinienNEs avec la seule résolution de l’ONU qui ait jamais été appliquée : celle qui reconnaît l’État d’Israël. En pratique, en Europe occidentale, la défense des deux États est passée du slogan de défense des droits palestiniens à l’affirmation du soutien au maintien d’un État ethnoracial et suprémaciste, car celui-ci a confirmé avec le génocide — s’il y avait besoin de davantage de preuves — que c’était un État colonial, raciste et d’apartheid.
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Reconnaître les peuples, de la mer au Jourdain
Reconnaître la nature coloniale de la situation en Palestine a pour conséquence qu’il doit revenir aux PalestinienNEs de décider de leur avenir. D’ici, notre tâche est d’abord de soutenir les revendications élémentaires de tout peuple colonisé.
Établir des plans de paix en dehors des sociétés concernées est une habitude coloniale : dans le contexte des discussions sur le « conflit israélo-palestinien », le débat classique repose sur l’alternative d’une solution « à un État ou deux États ». Souvent, ces débats ont lieu sur les plateaux télé sans jamais donner la parole aux PalestinienNEs — une tradition notamment en France.
Centralité des voix palestiniennes
La voix des PalestinienNEs doit donc être centrale dans cette discussion. Et pour qu’elle ait lieu et pour développer un projet d’émancipation, il faut mettre fin à la colonisation, à l’apartheid et au génocide. Il faut également permettre aux réfugiéEs de pouvoir revenir. Ce sont des préalables à tout questionnement politique sur les institutions. Contrairement à la reconnaissance du statu quo, cela correspond à la justice et aux revendications élémentaires de tout peuple colonisé.
Ensuite, il revient aux PalestinienNEs de décider de leur destin, et non aux chancelleries occidentales, surtout pas à un État génocidaire, ethno-racial et suprémaciste. Nous devons donc défendre un projet d’émancipation pour toustes, et non l’existence d’un État raciste et colonial. Il faut donc d’abord reconnaître que les personnes qui vivent et grandissent en Palestine sont Palestiniennes, qu’elles soient juives, chrétiennes ou musulmanes. Il s’agit d’un projet national palestinien pour toustes dans toute la Palestine historique.
Il n’y a déjà qu’un seul État
Il semble donc raisonnable de revendiquer un seul État palestinien démocratique qui ne mette aucune religion en avant. En pratique, l’État d’Israël est déjà un seul État : les seules revendications, c’est qu’il soit une réelle démocratie pour tous les gens qui y vivent, en acceptant le droit au retour de celles et ceux qui en ont été chassés, ainsi que de leurs enfants et petits-enfants. Une personne, une voix. Celles et ceux qui accepteront d’arrêter d’être des colons pourront rester, et celles et ceux qui ne le voudront plus seront libres de partir.
Les travaux sur cette question, qui ont rassemblé PalestinienNEs et IsraélienNEs, mettent en avant la possibilité soit d’un modèle binational, dans lequel existerait une relative autonomie des communautés avec des institutions communes, au sein d’un même État, soit celui du modèle de l’État démocratique avec une citoyenneté unique. Quelles que soient les variantes entre ces deux modèles, cela implique nécessairement la fin du sionisme, en tant que recherche d’autodétermination exclusive par un projet d’épuration ethnique.
S’il doit y avoir une seule recommandation pour nous ici, en tant que révolutionnaires, c’est celle-ci : un peuple palestinien de la mer au Jourdain.




