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Angleterre : abjecte vengeance de classe contre les révoltés

Royaume-Uni

Lien publiée le 16 août 2011

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://lereveil.ch/contrib/la-vengeance-est-un-plat-qui-est-a

Petit commentaire autour de l’appareil répressif post-émeutes, c’est-à-dire la "vengeance de classe" mise en place par David Cameron

Une fois que les les gens à capuches sont revenus à leurs refuges, que les incendies se sont éteints et que la menace s’est estompée, la police a repris pleine possession des villes anglaises. Pendants des journées entières, les seize milles hommes armés envoyés par le gouvernement ont fait entendre leur monologue assourdissant, avec des colonnes de blindés se lançant à sirènes hurlantes sur les routes désertes et des patrouilles dans chaque quartier.

Cameron avait annoncé qu’il n’y aurait pas de pitié, et la pitié - obéissante - a decidé de s’enfouir sous terre, alors que les tribunaux restaient ouverts toute la nuit pour juger les 2300 arrêtés pendant les émeutes. Les jugements ont été lourds. "Exemplaires", selon la définition des journaux. Pour le vol de deux bouteilles d’eau, d’une valeur de trois livres, Nicholas Robinson, 23 ans, a été condamné à six mois de prison. Pour le vol de deux vestes, Eoin Flanagan, 18 ans de Manchester, a été condamné à huit mois d’enfermement. Pour avoir dit à un policier : "Si t’avais pas l’uniforme sur toi, je te défoncerais la gueule", Ricky Gemmel, 18 ans, a été condamné à six semaines de prison. Et ainsi de suite, au moins pour les plus chanceux. Pour tous les autres, de bonne grâce, les juges ont retenu opportunément les peines les plus sévères et ils les ont renvoyé au jugement des ‘crown courts’, les tribunaux royaux qui ont le pouvoir d’infliger des sentences à outrance.

Entretemps les policiers se sont organisés en équipes et ils sont allés, maison par maison, arrêter les centaines de suspects encore en liberté. Avec eux, comme des chiens d’arrêt avec leurs chasseurs, se déplaçait un attroupement de journalistes. Le quotidien The Telegraph, par exemple, a transmis avec fierté sur son site la vidéo de l’arrestation de Shereka Leigh, mère célibataire de 22 ans de Tottenham, coupable du vol d’une paire de chaussures. La vidéo montre les agents defoncer la porte, entrer dans la maison en hurlant, marcher sur les jouets de son fils de 4 ans et ramener dehors la jeune fille menottée.

Mais les agents ne doivent pas faire tout le boulot. Des fois, les parents leurs donnent aussi un coup de main. Avec un dévouement qui aurait fait pleurer Staline, après avoir reconnu sa fille de dix-huit ans, Chelsea, dans des vidéos transmises à la télévision, l’héroïque Madame Adrienne Ives n’a eu aucune hésitation à appeler la police locale. Les journaux n’ont pas pu s’empêcher de chanter les louanges de cette extraordinaire mère-courage. Dommage qu’à l’époque de Saturne, il n’y avait pas de journaux, ils auraient pu faire briller comme il faut ceux qui dévorent leurs fils.

" Nous vous retrouverons", avaient dit, il y a quelques jours, des agents sur leurs pages Facebook, "et on vous fera sentir tout le poids de la loi". Et cela s’est passé. On espère bien que ce poids n’est pas écrasant au point d’étouffer, comme c’est arrivé à Jimmy Mubega, ce quadragénaire angolais mort par asphyxie pendant qu’il était "mis en sécurité" par les agents qui étaient chargés de le déporter depuis l’aéroport de Heathrow.

Mais le poids de la loi, c’est connu, tombe souvent comme de la grêle du ciel, et il arrive qu’elle détruise en entier la vie de certaines personnes. D’ailleurs, les fautes des pères tombent sur les fils et donc, par propriété transitive, celle des enfants doivent tomber sur leurs parents. Avec une détermination salomonique, David Cameron a déclaré que les familles des arrêtés qui profitent des rentes étatiques pour les plus démunis perdront tout. Plus de logement social, plus d’allocation chômage, plus de ‘house in benefit’, plus de welfare. Interviewé à la BBC, le secrétaire d’état pour les communautés locales, M. Eric Picklesa, a réaffirmé ce concept. Les émeutiers et leurs familles seront délogées, et les circonscriptions de Wandsworth, Westminster, Greenwich, Hammersmith, Nottingham et Salford ont déjà rendu exécutoires les expulsions.

Mais on craint que même ces dispositions au gout médiéval ne seront pas suffisantes. Le problème est bien plus profond, disent certains, et il s’est infiltré sous la peau des sujets britanniques. David Starkey, célèbre commentateur de la BBC, l’a expliqué très clairement en direct à la télévision : le problème, en ce pays, est que les blancs sont devenus nègres, ils ont perdu le sens de la dignité occidentale, sont devenus des sauvages. Le multiculturalisme, dit Starkey, a changé la couleur de notre peau et notre ADN.

Heureusement, le gouvernement n’est pas seul à affronter ce défis bio-génétique. Comme ça arrive assez souvent en Angleterre, l’aide est soudainement arrivée d’en haut. Et par "en haut", bien entendu, nous parlons des États-Unis, la mère-patrie dont la Grande-Bretagne est l’une des colonies fidèles. Inspiré par l’exemple américain, David Cameron a convoqué le super-flic Bill Bratton, inventeur du régime de la "tolérance zéro" qui a rendu obèses autant de prisons d’outre-atlantique. Le crime de la rue, a déclaré Cameron, sera raclé de l’île, comme si c’était un mélanome sur la peau candide d’Albion.

Peut-être que le premier ministre n’a pas choisi le bon homme pour ces nettoyages. Plutôt qu’à Bill Bratton, Cameron aurait dû s’adresser à Conrad Murray, le célèbre médecin de Michael Jackson, aujourd’hui sous enquête pour l’assassinat du chanteur. Enlever le noir de la peau est une question difficile et il y a peu de gens au monde qui sont capables de le faire. Des bains de mercure, des infiltrations de cortisone et des applications d’hydroquinone sont le seuls soins possibles. Avec quelques injections de médicaments anti-douleur, pour rendre l’ensemble plus supportable. Seulement de cette façon la candide Angleterre pourra gratter sa négritude superficielle. Au risque d’en mourir, si cela devait être nécessaire. D’ailleurs, suite aux magnificences du mariage royal, il n’y a que l’enterrement d’une nation toute entière qui pourrait offrir au monde un événement le plus spectaculaire pour la prochaine décennie.

Federico Campagna, 14 Aout 2011, London

Original en italien paru sur infoaut.org et traduit en français par LeReveil.ch