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Egypte: état d'urgence, des centaines de pro-Morsi massacrés par l'armée
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Cet assaut, qui a reçu une salve de condamnations internationales, a provoqué des violences à travers toute l'Egypte, les Frères musulmans, dont est issu M. Morsi, ayant appelé à manifester pour "mettre fin au massacre".
Dans le centre, où vit une importante minorité copte, trois églises ont été attaquées, les militants accusant les pro-Morsi de mener "une guerre de représailles" contre les chrétiens.
Au Caire, sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahda, où campaient depuis plus d'un mois des milliers d'islamistes venus avec femmes et enfants, les bulldozers des forces de l'ordre qui avaient promis une opération "graduelle" et des "sommations", ont pris les manifestants par surprise à l'aube.
Dans l'après-midi, un journaliste de l'AFP a compté 124 cadavres --dont plusieurs manifestement tués par balles-- dans la morgue de fortune de l'un des deux rassemblements pro-Morsi, celui de la place Rabaa al-Adawiya au Caire.
Et ce nombre pourrait augmenter, car aucun bilan n'était disponible dans l'immédiat après la dispersion de la place Nahda, que l'Intérieur dit désormais contrôler "totalement". Des correspondants de l'AFP y ont vu quatre cadavres, certains calcinés.
Au cours de la dispersion des manifestants qui avaient promis de rester dans leur village de tentes jusqu'au retour au pouvoir du premier président démocratiquement élu, un caméraman de la chaîne britannique Sky News a été tué par balle.
Les Frères musulmans ont de leur côté annoncé que la fille de 17 ans d'un de leurs principaux leaders, Mohammed al-Beltagui, avait également été tuée par balle.
Au total, les Frères parlent de 2.200 morts et plus de 10.000 blessés, tandis que les autorités disent avoir recensé 95 décès à travers le pays, dont au moins sept membres des forces de sécurité au Caire, et affirment que les manifestants ont ouvert le feu sur la police. Un responsable de la sécurité a affirmé à l'AFP que 543 personnes avaient été arrêtées.
L'imam d'Al-Azhar, plus haute autorité de l'islam sunnite, s'est désolidarisé de l'opération en expliquant à la télévision n'avoir pas eu connaissance des méthodes que les forces de l'ordre comptaient employer, après avoir pourtant apporté sa caution lors du coup de force des militaires contre M. Morsi le 3 juillet.
Outre l'état d'urgence décrété dans le pays à partir de 14H00 GMT, le gouvernement a annoncé que le trafic ferroviaire en direction et depuis Le Caire était interrompu pour prévenir de nouveaux rassemblements.
En représailles à la dispersion, des islamistes bloquaient des axes du Caire en incendiant des pneus pour tenter de paralyser le pays. Des heurts avaient lieu dans différents quartiers du Caire et ont fait plusieurs morts dans d'autres villes du pays.
A Alexandrie, la deuxième ville du pays dans le nord, des échanges de tirs nourris à l'arme automatique avaient lieu, a constaté un journaliste de l'AFP.
Dans les provinces d'el-Menia et de Sohag (centre), des pro-Morsi ont incendié des églises de la communauté copte, dont le patriarche avait lui aussi soutenu la décision de l'armée de destituer M. Morsi, toujours retenu au secret.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a "condamné dans les termes les plus fermes les violences".
Ankara, qui s'était opposé à la destitution de M. Morsi, a appelé la communauté internationale à faire cesser le "massacre", un terme également utilisé par l'Iran. Londres a "condamné l'utilisation de la force" et la Suède a fait porter la "principale responsabilité" des violences aux autorités.
Le Qatar, principal soutien des Frères musulmans, a dénoncé "la méthode utilisée contre des manifestants pacifiques", tandis que Paris et Berlin lançaient des appels au calme dans le pays où les violences entre pro et anti-Morsi et entre pro-Morsi et forces de l'ordre avaient auparavant fait plus de 250 morts depuis fin juin, essentiellement des manifestants islamistes.
Le gouvernement et la presse quasi-unanime accusaient les Frères musulmans d'être des "terroristes" ayant stocké des armes automatiques sur les deux places et se servant des femmes et des enfants comme "boucliers humains".
Les nouvelles autorités, s'appuyant sur une grande partie de la population qui reprochait à M. Morsi d'avoir cherché à accaparer le pouvoir sans rien faire pour l'économie en crise, entendent lancer une période de transition devant mener à des élections début 2014.