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Egypte : le massacre de l'armée évalué entre 370 et 2200 morts
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Aucun incident majeur n'avait été signalé jeudi à l'aube dans le pays, où le calme était revenu en fin de soirée moins d'une heure après l'entrée en vigueur d'un couvre-feu, selon des responsables de sécurité joints par l'AFP.
Ce calme pourrait toutefois n'être que temporaire, la tension restant à son comble dans le pays où les islamistes ont appelé à de nouvelles manifestations tandis que les forces de l'ordre prévenaient qu'elles n'accepteraient aucun nouveau sit-in, après avoir pris le contrôle des deux places du Caire où des pro-Morsi campaient depuis un mois et demi.
A l'issue d'une journée de heurts meurtriers, les autorités avaient décrété l'état d'urgence et un couvre-feu dans la moitié des provinces, dont celles du Caire et d'Alexandrie (nord).
Les autorités égyptiennes ont indiqué jeudi matin qu'au moins 370 personnes, en grande majorité des civils, avaient péri la veille à travers le pays, selon un nouveau bilan officiel.
Le ministère de la Santé a fait état de 327 civils tués à travers le pays -dont 134 dans la dispersion des deux sit-in pro-Morsi au Caire-, tandis que le ministère de l'Intérieur a fait état de la mort de 43 policiers.
Les Frères musulmans ont de leur côté annoncé que la fille de 17 ans d'un de leurs principaux dirigeants, Mohammed al-Beltagui, avait également été tuée par balle. Au total, les Frères parlent de 2.200 morts et plus de 10.000 blessés.
Alors que le prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei a démissionné de son poste de vice-président, refusant "d'assumer les conséquences de décisions avec lesquelles il n'était pas d'accord", le Premier ministre nommé par l'armée Hazem Beblawi a, lui, salué la police pour "sa très grande retenue".
La communauté internationale, qui avait tenté une médiation pour éviter une issue dramatique au bras de fer entre pro-Morsi et nouveau pouvoir, a condamné l'usage de la violence pour disperser les deux rassemblements de milliers d'islamistes venus avec femmes et enfants réclamer le retour au pouvoir du premier président élu démocratiquement du pays.
M. Beblawi est apparu à la télévision pour assurer qu'"aucun État qui se respecte n'aurait toléré" ces sit-in qui duraient depuis un mois et demi, s'engageant dans le même temps à poursuivre la mise en ?uvre du processus qui doit conduire à des élections début 2014.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé jeudi un "très grave massacre" des forces de l'ordre égyptiennes, critiquant l'"hypocrisie" de la communauté internationale et appelant le Conseil de sécurité de l'ONU à se réunir "rapidement".
A Washington, le secrétaire d?État américain John Kerry a exhorté à organiser ces scrutins, condamnant un bain de sang "lamentable". La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton qui, la première, avait tenté une médiation au Caire, a réclamé la levée de l'état d'urgence "dès que possible".
Sur la place Rabaa, un journaliste de l'AFP a compté 124 cadavres -dont plusieurs atteints par balles- dans une morgue de fortune. En outre, un caméraman de la chaîne britannique Sky News y a été tué par balle.
"Les instructions étaient de n'utiliser que les gaz lacrymogènes, pas d'armes à feu", a assuré le ministre de l'Intérieur. "Mais quand les forces de sécurité sont arrivées, elles ont été surprises par des tirs nourris".
Condamnations internationales
Après la dispersion, des heurts avaient eu lieu dans différents quartiers du Caire et fait plusieurs morts dans d'autres villes du pays.
A Alexandrie, deuxième ville du pays, un journaliste de l'AFP a fait état d'échanges de tirs nourris à l'arme automatique.
En outre, au moins quatre églises ont été attaquées, les militants accusant les pro-Morsi de mener "une guerre de représailles" contre les coptes, dont le patriarche avait lui aussi soutenu la décision de l'armée de destituer M. Morsi, toujours retenu au secret.
Face aux violences meurtrières, M. ElBaradei, qui avait apporté sa caution morale à la destitution de M. Morsi le 3 juillet par les militaires, a démissionné, mettant au jour les profondes divisions au sein des autorités de transition installées par la toute-puissante armée.
Il avait à plusieurs reprises plaidé pour une solution politique à la crise, répétant que les Frères musulmans devaient participer à la transition. Dans la matinée, une autre figure morale s'était désolidarisée de l'opération meurtrière des forces de l'ordre: l'imam d'Al-Azhar, plus haute autorité de l'islam sunnite, qui avait expliqué n'avoir pas eu connaissance des méthodes que les forces de l'ordre comptaient employer.
Paris a appelé à "l'arrêt immédiat de la répression" et saisi l'ONU "pour qu'en urgence une position internationale soit prise en ce sens". Son secrétaire général Ban Ki-moon a, lui, "condamné dans les termes les plus fermes les violences".
Ankara, qui s'était opposé à la destitution de M. Morsi, l'Iran et le Hamas palestinien ont dénoncé un "massacre".
L'Equateur a annoncé qu'il rappelait son ambassadeur au Caire pour consultations suite aux violences, qui ont également été "déplorées" par le Mexique. Le Qatar, principal soutien des Frères musulmans, a dénoncé "la méthode utilisée contre des manifestants pacifiques", tandis que Berlin lançait un appel au calme dans le pays où les violences entre pro et anti-Morsi et entre pro-Morsi et forces de l'ordre avaient auparavant fait plus de 250 morts depuis fin juin, essentiellement des manifestants islamistes.